lundi 17 mai 2021

Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. J.P. Jeunet.

Le film aux 24 millions d’entrées ne s’est aucunement déprécié au bout de 20 ans : le charme est intact, les trouvailles toujours aussi délicieuses. Hors du temps.
Nous retrouvons un Montmartre éternel, Paris colorisé, accordéon, bistrots et épicerie, foire du Trône, pavillons de banlieue, nains de jardins, concierge, photomatons et collections diverses, solitudes, petitesses et gentillesses, poésie, esprit d’enfance et vision d’une humanité drôle et fantaisiste vivement croquée.
Un peintre passe son temps à reproduire un Renoir et invite à profiter de la vie. 
« La chance, c’est comme le Tour de France : on l’attend longtemps et ça passe vite. »
On s’amuse derrière un Dussolier en voix off à reconnaître les acteurs charmants qui révèlent la magie depuis des situations qui ne restent pas longtemps banales : le « fabuleux » du titre est parfaitement illustré.
Nous passons de scènes cocasses à l’émotion et partageons intimement des petits plaisirs qui ne sont pas toujours aussi avouables que celui de casser la croûte sucrée d’une crème brulée, tout en prenant du recul autour des écrans en abyme.
Le parcours d’une espiègle qui fait le bien autour d’elle réussit l’exploit de ne jamais être mièvre et nous fait du bien à nous aussi. 
« Si Amélie préfère vivre dans le rêve et rester une jeune fille introvertie, c'est son droit. Car rater sa vie est un droit inaliénable. »

2 commentaires:

  1. Je vais le revoir prochainement. Et "The Sound of Music", que je refuse de traduire avec le titre puant et déloyal qui lui a été donné en version française. (Titre qui révèle magistralement l'énorme ambivalence que cultive la société française envers la culture de mon pays d'origine...) Il faudra savoir de quel film je parle. Point. Heureusement qu'on a les DVD, n'est-ce pas ?
    Et je vais m'offrir le luxe de regarder "Mary Poppins" un soir (délicieusement frais et poétique, à mille lieux du livre de Travers, avec une gouvernante vieille fille pisse vinaigre à qui il manque la douceur de Julie Andrews, même si la mystérieuse poésie est là), et plonger dans "L'ancien régime et la révolution" le suivant.

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  2. Vu hier soir. Nous avons bien ri ensemble, (mais oui, je ne ris pas dans "The Sound of Music", mais c'est bon aussi), et la poésie de ce film me coupe le souffle.
    J'adore en particulier les scènes où Amélie, en vraie petite sadique, et pas complexée de l'être, débranche la télé du voisin lors du match de foot, et surtout, ses vengeances sophistiquées envers l'épicier du coin. Un coup de génie pour les pantoufles. Vraiment, un coup de génie.
    Je trouve que la France a besoin d'une armée d'Amélie Poulain en ce moment...et pas de films sur Amélie Poulain. Je ne comprends toujours pas pourquoi tant de gens se contentent de voir faire les gens au cinéma ce qu'ils pourraient VIVRE dans leurs vies. En prenant des risques.
    L'homme avec les os en verre est habillé en Vincent Van Gogh, j'ai vu...Cet acteur ne m'était pas inconnu, mais je n'arrive pas à le situer.
    Un bémol pour faire le bien autour de soi: ça peut être extrêmement délicat, et comme les petites pierres d'Amélie, le ricochet ne peut pas être prévu à l'avance.

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