vendredi 26 mars 2021

Les jeunes fatiguent.

Hérissés du poil, fines bouches, grandes âmes, s’indignent facilement, mais leur niveau d’exigence baisse très nettement à l’égard de toute parole émise par quelque juvénile figure. 
Ces jeunes pousses connaissent des hauts et des bas mais ne sont pas oubliées:  
le seuil de non-consentement sexuel s’élève, en même temps resurgit le débat à propos de l’abaissement de la majorité électorale. C'est qu'entre poussins et vétérans, les appellations fluctuent : un journaliste parle d’adolescence pour une fillette de 12 ans mais pourrait comme d’autres confrères en rajouter quant à l’infantilisation des étudiants. « L’autonomie » maître mot en maternelle n’est plus usitée pour ceux qui suivent - comment disait-on - des études supérieures.
Je ne pense pas contredire mon article de la semaine dernière
en affirmant que le respect que l’on doit aux plus fragiles passe par des paroles sans détours.  Exercer un esprit critique ne dispense pas d’une lecture dépassionnée des situations quand une nouvelle pensée unique se dope à l’argent magique sans ignorer, au-delà des générations X ou Y, les conditions difficiles d’existence de certains.
Nous ne rendons pas service aux victimes, en versant l’obole d’une larme de crocodile. Pour trier dans les indignations afin de saisir les urgences, rappellerait-on aux intermittents du spectacle qu’ils sont de plus en plus nombreux à bénéficier d’un statut des plus favorables ?
Ce ne sont peut être pas les mêmes qui ont de la vigueur pour secouer le cocotier de l’urgence climatique et les mobilisés contre l’interdiction des teufs, du genre à promouvoir un apéro à l’Estacade, ou des rassemblements sur les quais de l'Isère; ils nous pompent l’air.
Le terme « activiste » aurait des racines communes avec le mot « action » et ne peut se confondre avec allocutions ni demande d’allocations.
Concernant une organisation de jeunesse ayant atteint son seuil d’obsolescence, je reviens sur un de mes mantras consistant à compléter: « on a le ou la … qu’on mérite » par président, conjoint… Ainsi « on a l’UNEF qu’on mérite ». Leurs représentants se révèlent incultes jusque dans l’orthographe de leurs communiqués, violents : après l’incendie de Notre Dame : « On s'en balek objectivement c'est votre délire de petits blancs » d’une responsable dans la ligne de positions récentes qui ont choqué même le PS dont c’était la pouponnière.
Et autour de ces affaires, sous le titre : « Qui fait le jeu de qui ? » refusé par le journal « Le Monde » et publié par « Le point », difficile de mieux dire que JF Khan:
« Depuis des années, systématiquement, que fait-on ? On livre à l’extrême droite toutes les valeurs fondatrices du combat démocratique et républicain pour peu qu’elle ait, cette extrême droite, tactiquement, mis, ne fût-ce qu’un petit doigt dessus : la nation, la laïcité, la sécurité, la République. […]
Qui fait le jeu de qui ? L’aspiration universelle à la sécurité, les déchirures sociales provoquées par la dynamique des flux migratoires, l’angoisse d’une perte d’identité, autant de réalités concrètes qu’il fallait non pas occulter, exorciser, mais affronter pour leur apporter des réponses démocratiques et progressistes. Au lieu de quoi, toute une fraction de la gauche et de l’extrême gauche intello-médiatique a jeté l’interdit, l’anathème sur toutes les velléités d’affronter frontalement ces questions et, ce faisant, en a livré l’exclusivité au Front national à ses alliés et à ses acolytes.
Qui fait le jeu de qui ?Ce qui singularisait l’extrême droite et le néofascisme, c’était l’intolérance, l’appel à la censure, à l’interdiction, la pratique de l’exclusion, la violence excommunicatrice, le rejet de la libre expression… Et voilà que ces pratiques sont récupérées par plusieurs affluences d’un radicalisme prétendument de gauche sans susciter la levée de boucliers qui s’imposerait. Pire : ce qui caractérisait le mal devient l’une des formes acceptables de la manifestation du bien ! » 
Ok roquet boomer!


1 commentaire:

  1. Je suis pas mal d'accord avec ce que tu écris, là.
    Que les élites... de gauche ? ait abandonné la question brulante de la souveraineté, de la nation, à ce qui est qualifié d'extrême droite.
    Mais je vais raconter une petite histoire, là. Quand j'avais quatre ans et des poussières, après avoir quitté en famille San Diego, et la côte ouest, avec le zoo le plus.. progressiste du monde, un vaste jardin clos (quand même...) avec des animaux pas du tout à l'étroit, j'ai accompagné mes parents dans un zoo de la côte est, avec les animaux dans de petites cases en béton, derrière des grillages. Mes parents étaient médusés et mystifiés de m'entendre dire obstinément que ce n'était pas un zoo.
    Une histoire édifiante : à partir de quel seuil estime-t-on que ce qui est du côté droit des deux points dans le dictionnaire n'EST PAS IDENTIQUE à ? en sachant que du côté gauche des deux points on trouve des formules qui mettent des plombes à changer (le mot "science", par exemple, avec nous depuis les années 1000 et des poussières), alors que le côté droit, il a tendance à être aussi mouvant que des sables du côté de la Bretagne, ou dans le lit de la Loire.
    Pour dire qu'il est difficile de savoir qui est qui dans le contexte actuel. On peut être tenté d'être loyal envers... le côté gauche du dictionnaire, en faisant l'impasse sur ce qui est arrivé ENTRE TEMPS au côté droit.
    Faut-il être loyal envers et contre tout/tous ? Où est... la limite ?
    Pour les intermittents, je connais des situations où le fait d'accepter ne serait-ce qu'un petit boulot fait perdre des allocations, donc, favorise la précarité. Comment se fait-ce que nous faisons perdurer une situation qui décourage activement les gens de chercher du travail en les pénalisant d'en trouver.. un peu ? Pourquoi cet engouement pour le tout ou rien ?
    Pourquoi les réformes ne sont pas proposées pour sortir de cette perversion ? Pourquoi on pousse le bouchon au point de non retour, pour favoriser une cassure ou TOUT LE MONDE risque de se casser la figure ?
    Enfin, pour la gauche, ça fait... trop longtemps qu'elle est au pouvoir maintenant, dans les esprits. Et comme ça arrive, quand "on" est tranquille dans le pouvoir (sur les esprits..) depuis si longtemps, ça fait perdre la tête, en encourageant la velléité d'avoir encore plus de pouvoir... sur les esprits.
    En passant, je suis favorable à toute tentative de convivialité dans le contexte actuel, où nous sommes poussés à nous regarder en chien de faïence ou comme ennemi potentiel dans cette "guerre" contre... le virus...
    Quel que soit l'âge de la convivialité. Dommage que ça soit cantonné aux jeunes...

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