Des descriptions de photographies d’une délicatesse et d’une
précision exquises sont insérées entre deux lettres échangées dont la
courtoisie m’a d’abord séduit et l’évolution dans la forme et le fond,
passionné.
« La
photographie a emprisonné dans sa chimie la trace de l’éclat trop vif de la
lumière d’été qui tombe à la verticale et semble inonder toutes les surfaces
claires qu’elle touche, robe, table, casquette du petit garçon. »
Plus que le dévoilement de secrets de famille, les
variations des correspondants passant du découragement à la passion, de
l’indulgence à la colère sont si bien menées que trop de divulgations éventeraient
la subtilité de ces 300 pages.
« Vous me
demandez qui va se souvenir de nous. Je vous dirais volontiers que c’est
d’abord à nous de nous en soucier. De recréer un présent qui nous appartiendra,
et que ne nous disputeront pas les morts. »
Les fantômes se révèlent bien vivants, mais les regards
croisés permis par l’écriture, amènent à l’apaisement, à mieux vivre.
« Je me dis que
ce matin ensoleillé, à Saint-Malo, la tendresse de notre premier café partagé,
dans la lumière rase de février qui faisait onduler la mer comme cristal et
feuille d'or, c'est à eux que nous le devons. Oui, c'étaient eux sur la photo,
qui nous parlaient, nous appelaient...Je les contemple jusqu'au vertige et je
crois les entendre nous dire qu'il faut vivre maintenant, saisir la chance
qu'ils ont laissé échapper. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire