Quand on cause de politique - nous venons de vivre de riches
heures, et ce n’est pas fini - on croit s’abstraire parfois de nos passions
ordinaires, bien que tout fut, comme nous le proclamions jadis, politique.
Ainsi « juger à la tête du client »: un prof face
à sa classe, un député ... coup de foudre ou feeling initial à réviser.
Dans le tourniquet à images, la télévision, en allant
au-delà des mots, peut agir comme un détecteur de vérité : La Pen en a
fait l’expérience lors d’un débat décisif où son masque tomba.
Lors de meetings en vrai, la présence, sans aller forcément
jusqu’au « charisme » peut emporter les foules. Des débats « in
vivo » sont également de bons révélateurs.
J’avais vu à Grenoble une Delphine Batho authentique et donc
charmante, sans avoir à jouer de son sourire, alors que j’avais surtout retenu
les insuffisances de la charmeuse Filippetti.
Comme beaucoup, je ne crois plus trop aux programmes,
évitant ainsi de mesurer les trahisons, bien que je m’applique à penser que
l’intensité de la vie politique doit beaucoup à la réduction de cette distance
entre les paroles et les actes.
Pour l’instant, notre président est reconnu, au plan mondial,
comme le meilleur anti Trump et il a retourné l’ambiance négative concernant
l’UE, voire les étrangers en général.
Les deux derniers porte paroles du ministère de l’éducation
nationale - avant oubli : Hamon et Vallaud Belkacem - auraient bien fait
de garder un peu de la bienveillance qu’ils contribuèrent à déverser sans
réserve à l’intention de leurs ingrats électeurs, pour leur ancien voisin de
conseil des ministres.
La représentation parlementaire qui accompagne E. Macron est
désormais plus colorée, plus féminine, plus jeune; entraînante.
La petite de 24 ans qui vient de pousser à la retraite un
cumulard du côté du lac d’Aix les Bains a réussi à convaincre pas seulement
ceux qui, comme moi, vont vers le crépuscule, avides de fraîcheur, aimant
croire à l’énergie, à la bonne volonté de ceux qui prennent des responsabilités.
Les mélanronchoneurs eux n’ont-ils pas compris combien le pays a besoin de
paix, de gentillesse : celle de Villani teintée d’humour renvoyant à ses
bavouillages le prétentieux agressif : « j’ai
vu le matheux, je vais lui expliquer… » ?
Dans la vie sociale, entre semblables, le respect est la moindre
des choses et il en va de même avec la confiance en ses élus, comme avec son
compagnon, ses maîtres, son assureur, son libraire, moins usant que la méfiance
constante, le toujours « jamais content », vitupérant sans cesse.
Me retrouvant Macronien, après un passage Royal, de Ché en
Che, souvent en deuxième (gauche) Mairiste et Rocardien, Cédétiste puis
furtivement Passif : j’ai goûté bien des nuances d’un rosé qui toujours me
semblait frais et enivrant.
Finalement j’ai été essentiellement bon public, confiant
envers ce que me proposaient les journaux que j’ai avidement épluchés :
Roudoudou, Vaillant, Spirou, Miroir sprint, Match, Pilote, Actuel, Libé, le
Nouvel Obs, Grenoble ville ouverte, le Point du Jour, Zoom, Le Monde, Télérama,
Le Canard, sans m’interdire Le Dauphiné Libéré, Le Point, Marianne…
Le procès permanent adressé aux médias me laisse donc de ce
marbre antique qui rêvait à des unes décisives, tant que je puis aller de
Médiapart en Gorafi, sans les confondre, passer par Arrêt sur image sans y
rester bloqué et m’autoriser France Football et tous les timbres postes postés
sur Facebook.
Entre un théâtre qui crame à Saint Etienne et le collège de
la Villeneuve dont les fumées ne se sont pas dissipées, la moindre des choses
serait de s’interroger. Mais à l’aune de l’échantillon des réseaux sociaux que
je connais, ils sont plus chauds sur le Street Art ou les ordonnances
dramatisées que sur les pompiers caillassés. Et prodigues en argent de la
collectivité : certains reconstruiraient d’emblée un établissement au même
endroit, alors que la diversité, pas sûr que ce soit encore revendiqué,
inviterait plutôt à une scolarisation hors les murs enserrés dans ces barres à
« barrettes » - on ne dit plus « beurettes ».
Pour la route, dans
Télérama, Mario Vargas Llosa:
« Nous serions pires que ce que nous sommes sans les bons
livres que nous avons lus ; nous serions plus conformistes, moins inquiets,
moins insoumis, et l'esprit critique, moteur du progrès, n'existerait même pas.
Tout comme écrire, lire, c'est protester contre les insuffisances de la
vie »
Quand ils ont entendu la formule : « un groupe des
Insoumis, discipliné » par l’inénarrable Conducateur, quelques estampillés
FI, ont peut être esquissé un sourire, indulgent.
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Le dessin du haut est du "Canard" et celui de dessous de "La revue dessinée" qui est légendé:
Et voilà il fallait que ça arrive...Ils viennent de se rappeler que l'un est de gauche et que l'autre est de "gauche".
Sigh. Je te laisse avec tes lunettes roses, Guy. Je te comprends mais...
RépondreSupprimerEn ce moment je lis un livre éblouissant de Christopher Lasch, "Les femmes et la vie ordinaire". Comme c'est souvent le cas, c'est par la lecture des livres d'histoire... des idées que je me rends compte à quel point nous bâtissons notre quotidien sur un tissu de poncifs, de partis pris n'ayant pas grand fondement par rapport à la diversité de la vie de nos ancêtres, même proches.
J'ai déjà parlé ici de la société de spectacle, où la politique devient un cirque de représentations pour un public qui veut... du spectacle, sanglant, mais sans sang (cachez-moi ce sang que je ne saurais voir). Je n'y reviendrai pas, donc.
Ça doit être parce que je manque d'humour, d'ironie, de légèreté que je regarde ton dessin là, en reconnaissant les poncifs sur les hommes ET les femmes.... quitte à dynamiter les stéréotypes, pourquoi pas dynamiter ces stéréotypes aussi, pour ne pas être trop loin de la réalité actuelle ?