Le dessin assez maladroit rend plus proche l’histoire de
familles italiennes venues à Grenoble et Fontaine depuis Corato - qui ne le
sait sur les quais de l’Isère - mais aussi de Sommatino en Sicile.
L’auteure qui exposait d’ailleurs à la bib Barnave à Saint
Egrève autour d’un album plus récent consacré à l’immigration maghrébine :
« De l’autre côté », s’appuie sur des témoignages remontant aux ancêtres
se crevant à récolter le soufre ou à travailler pour des propriétaires terriens
qui payaient d’une poignée de graines de fèves ou de pois chiche, d’où
l’expression :
«
Giacomino ! Pigliate les grani nella bourse » « Prends l’argent
dans le porte monnaie ».
Des histoires violentes de crimes, de femmes battues, de
mariages contraints, de conditions de travail atroces et puis celle d’une
émancipation, de personnes dignes, fortes.
Commencé par le recueil de paroles lors de rencontres
d’amicales qui cultivent les traditions, « Laciatemi
cantare con la chitarre in mano, laciatemi cantare sono un italiano »
c’est aussi le récit d’une intégration qui ne s’est pas
passée sans douleurs.
Le racisme « anti-macars » était fort dans la
ville qui comptait 101 Italiens en 1911 et 12 000 en 1931 (sans compter les 3 000
naturalisés). 15% de la population.
« Les siciliens
disaient des coratins qu’ils étaient des « m’as-tu vu » fauchés et
pour les coratins, on était des bandits qui jouaient du couteau. »
Dans le quartier Berriat-Saint Bruno se trouvaient des bistrots où
jouer à la « scopa » ( le balai) près des tanneries, des gants Perrin, Raymond Bouton,
Lustucru, Valisère… avec leurs cortèges ouvriers lors de grandes grèves et les
écoles, les patronages, avec du mépris parfois et des encouragements. Ces
témoignages honnêtes dont est mise en évidence la fragilité et la diversité,
renforcent, chez le dauphinois natif des terres froides, l’idée que cette
histoire là est aussi la nôtre. Grazie di cuore.
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