vendredi 18 novembre 2016

Petit manuel de survie à l’intention d’un socialiste dans un dîner avec des gens de gauche. Bruno Gaccio.

Jadis, je ne manquais pas  « Les Guignols de l’info » dont le furtif amant de Ségolène Royal, était une des meilleures plumes, puis j’ai vu Gaccio le stéphanois, en chroniqueur pompeux, imbu de lui-même et donc méfiant avec ce petit livre au long titre.
Mais là je n’ai pas été déçu : un festin.
Enfin de la politique pour ceux qui comme moi en sont à éviter les sujets politiques à table, alors que ce fut ma vie.
Il ne s’agit pas bien sûr d’un traité savant , mais il ne  prend pas le lecteur pour un simplet.
Il va au-delà du pamphlet  rigolo : une critique charpentée, sensible et féroce qui n’épargne pas Hollande d’avant le lamentable « «Un président ne devrait pas dire ça», ni les gens de gauche dans une galerie de portraits plus vraie que nature.
Il inventorie des moyens de masquer les débats, entre l’invective dandy et le raisonnement absurde : « Sarkosiser le dîner », « Faire peur », « L’Allemagne ne veut pas », « Dire qu’on connaît un grec », « Oser le point Godwin »… pour citer quelques têtes de chapitres vivement troussés qui tiennent en 125 pages.
Pour l’énigmatique  paragraphe intitulé « Queue du rat », il part d’une réflexion de personnes connaissant bien Mitterrand :
«  Même si la queue du rat lui sort de la bouche, il nie l’avoir avalé, c’est là sa force. »  
Pas de nostalgie donc, mais des bons mots : le PS serait « la droite complexée ».
Et il fait partager son goût pour l’économie avec des graphiques parlants provenant du « Collectif Roosevelt » où l’auteur milite désormais.
Il était aux dernières nouvelles en première ligne dans « Nouvelle Donne » parti inventif, moins péremptoire que le Parti de Gauche, mais le groupuscule a éclaté, ils ont viré Larroutourou leur fondateur : misère des alternatives.
En annexe une hilarante batterie de tests pour récupérer  des points sur son permis socialiste :
«  Vous revenez de l’île de Jersey où vous avez constaté qu’un immeuble de 3 étages abritait 10 000 sièges sociaux de société, vous pensez que…
 Réponse 1 : …  la crise du logement est un problème pour les insulaires.
 Réponse 2 : … c’est pas possible quand même sur trois étages si, parce que sinon le concierge il doit avoir beaucoup de travail rien que pour distribuer la courrier quand même déjà, non ? En même temps pour ses étrennes, ça doit être avantageux. Vous êtes sûrs de vos chiffres ?
Réponse 3 : … la lutte contre les paradis fiscaux est indispensable si on veut remettre la finance à sa place, il faut s’y mettre vraiment.
Réponse 4 : … personne n’est content de payer des impôts… donne dix briques à un ouvrier tu vas voir qu’il va devenir un excellent exilé fiscal… »
Ce n’est pas toujours aussi facile et je me suis fait flasher plusieurs fois.
…………
Cette semaine un extrait d’un dessin de Joep Bertrams pour Courrier international :

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