Benoit Buquet avait intitulé cette deuxième conférence aux
amis du musée :
« Après guerre, années pop et contestation 39/75 ».
Cassandre (voir http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/04/affiches-en-france-1-toulouse-lautrec.html#1
) inventeur « du beau, du bon, Dubonnet » n’est plus aussi flamboyant
après guerre qu’avant. Vichy a interdit toute publicité concernant l’alcool.
Willemot qui inventa
la spirale en écorce d’orange d’Orangina, mit en scène « travail »
« famille » et « patrie », puis à la libération rend
hommage à la France
combattante. Sa collaboration dans les années 60 avec les chaussures Bally est
empreinte d’élégance ; le trait qui entoure les corps enduits de Bergasol
assure une lecture franche du dessin et surligne la protection promise par le
produit.
Des artistes comme Matisse se trouvent réactivés par les
affichistes qui verront leur inventivité attaquée par le marketing.
Savignac, « né à l'âge de quarante et un ans, des
pis de la vache Monsavon. » cherche à divertir. Il crée des
mythologies au moyen de gags visuels efficaces : la vache du pot au feu
Maggi se met en deux pour humer la bonne odeur de son autre moitié en train de
mijoter. Un zèbre a mis ses souliers pour vanter Cinzano et « vite un
Aspro !» car le trafic automobile traverse nos tympans. Il reçoit des
commandes de toute l’Europe : fromages italiens, journaux hollandais,
cigarettes allemandes…
Hervé Morvan,
dans la même veine, met un homme à l’abri dans une bouteille de Gévéor et ses
slips se confondent avec les coques de « Petit bateau ».
Georges Mathieu, s’exprime
dans le registre de l’abstraction lyrique, dans une campagne pour Air France où
son « tourisme de l’œil » fait escale.
La signalétique des jeux Olympiques de Grenoble est l’œuvre
de Raymond Excoffon un graphiste,
typographe, influencé par l’op art, qui laissa aussi la fourrure chaleureuse
d’un écureuil épargnant humaniser les surfaces lisses offertes par les trente
glorieuses.
Bien que La
France ait été rétive à l’austérité du Bauhaus, le suisse Jean Widmer mettant la lettre au centre
de ses travaux, va marquer nos paysages avec la signalétique des autoroutes,
ou celle de Beaubourg. Il venait de la
direction artistique du « Jardin des modes », où il fit primer des
compositions rigoureuses.
Roman Cieslewicz émigra
vers la France,
depuis la Pologne,
son pays d’origine, qui influença nos
artistes par ses affiches de théâtre ou de cirque. Le portrait pop art d’un Guevara
christique est à l’origine de toute une iconographie. Les lettres encadrées de
guillemets « Che si » prenant la place des yeux, s’affirment
avec force.
De l’atelier au sous sol des Beaux-arts en mai 68, sortiront :
« La chienlit, c’est lui », « Quand les
parents votent les enfants trinquent », « La beauté est dans la
rue », elle lançait des pavés si légers, « Sois jeune et tais
toi », « La police vous parle tous les soirs à 20h », un
CRS derrière son bouclier
siglé« SS » lève sa matraque, la jeunesse à la tête bandée
s’inquiète pour son avenir...
En 72, le Front des Artistes Plasticiens manifeste contre
une « expo fric », une « expo flic » à Beaubourg en
reprenant le style sérigraphique qui fit florès quelques mois avant ; il
conteste l’absence de certains ou la présence d’autres « vendus au
capital » : une affaire d’artistes.
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