Si ce n’était un ami qui m’avait recommandé le livre, je crois que je me serais lassé avant  d’arriver à la 210ième page.
 Un jeune homme a laissé femme et enfant dans le nord de l’Espagne, il remonte le fil de ses souvenirs derrière sa pancarte  lorsqu’il mendie à genoux  dans le sud en bord de mer:
 « Mes frères, je n’ai pas de travail
 mère, femme et enfant sont restés au village
 Le besoin me met à genoux devant vous
 Pour demander l’aumône,
 merci » 
Le mendiant pose un regard désespéré sur la société depuis les mines de 
charbon, un passage dans une secte catholique, une approche des milieux 
de la nuit, la rue...
Parfois quand je fatigue à la lecture, j’accélère ; avec cet auteur je n’y suis pas parvenu car je perdais le fil d’une histoire chargée, lourde, grave, comme un ostinato déchirant.
« Le délabrement devient plus angoissant, plus cruel. Chats sauvages, chiens perdus, rats et pigeons crevés. Des étalages vides attendent les marchands du petit matin. Puanteurs d’urine, eaux putrides. Sur un banc, visages émaciés, cheveux gras et bras maigres, un couple adolescent sombre dans le sommeil. Le jeune homme les observe du coin de l’œil. Une fois encore, il a le sentiment qu’ils seront morts demain… »
La trace que laissent des œuvres n’est pas forcément indexée sur le plaisir de la rencontre; il se pourrait que je garde  souvenir de ce destin qui est tragique même après Franco; le malheur est posté au coin de la rue.
....
Depuis  le site "rue 89", Marie Françoise m'a envoyé ce dessin de Na:
 


 
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