Une façon légère d’aborder la rencontre
de deux cultures : la marocaine et la française,
de deux univers : l’enfance et les adultes se cotoyant dans le microcosme d’un internat,
à la fin des années 60 au Lycée Lyautey à Casablanca.
La décolonisation n’est pas vraiment achevée, les ambigüités n’en sont que plus porteuses de questionnements, sans acrimonie.
Du bled à la ville, des découvertes, des malentendus, les mots jouent pendant 300 pages.
Un autre siècle où la littérature pouvait enchanter le réel, où les vacheries, les incompréhensions ne mutilaient pas, mais permettaient de grandir.
Un humour bienveillant, donc daté, parfois un peu bavard, mais au charme certain peut rappeler le Petit Nicolas.
Mehdi le petit boursier consulte un album où sont représentées les chaussures de Van Gogh dans une famille qui l’accueille en fin de semaine :
« - Dis moi, Mehdi, ça fait bien dix minutes que tu regardes ces vieux godillots en rêvassant.
A quoi penses-tu ?
L’enfant chuchota :
- Je pense à mon père.
Mme Berger se méprit sur le sens de ses paroles.
Elle caressa le front de Mehdi en murmurant, d’une voix pleine de pitié :
- Il en portait de semblables ?
Mehdi sentit une bouffée de honte et de colère monter en lui.
- Non mon père ne portait jamais de chaussures pareilles ! [...]
- Il n’y a pas de honte, tu sais, reprit la mère de Denis. Je t’assure, j’admire ton père, de si humble extraction, d’avoir réussi à mettre son fils au lycée français. Au moins tu n’auras jamais à porter de godillots aussi pourris.
Elle prit la voix la un peu précieuse qu’elle utilisait lorsqu’elle voulait annoncer à Denis(son fils) qu’il y avait un mot ou une expression à apprendre dans la phrase qui venait.
- C’est ce qu’on appelle l’ascension sociale. Répète Denis. »
Les épisodes cocasses ne manquent pas : ainsi à l’occasion d’un mariage à la campagne qui dégénère, le jeune garçon place des vers de Corneille pour décrire le chaos.
Le récit optimiste, est donc vieillot : Mehdi réussira sa scolarité et comprendra mieux ses origines.
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