« À l’époque où nous sommes, ce qu’un vivant peut penser, seul un mort peut le dire. »
En appréciant la charge explosive intacte de la pièce écrite dans les années 30, on peut comprendre que la censure ait duré jusqu’en 1987.
La farce est ravageuse. Celui qui menace de se suicider depuis qu’un saucisson a été confondu avec un révolver, a trouvé enfin un sens à sa vie. Il apparaît aux yeux des autres au moment où il veut disparaître.
Désormais : « à n’importe quelle réunion, camarades, à n’importe laquelle, je peux tirer la langue au président ».
Une flopée de personnages, tous excessifs comme il convient, verraient bien ce suicide annoncé servir leur cause, ainsi en est-il avec toutes les récupérations qui martyrisent tant de désespérés.
Le titre de comédie n’est vraiment pas usurpé, et un rythme endiablé est tenu pendant 2h 20.
Le dispositif scénique sans être envahissant rappelle le constructivisme russe, il est au service d’un déroulement limpide de l’intrigue où les acteurs excellents communiquent leur plaisir de jouer.
Le burlesque est attaché au tragique : il est question de dignité et rien moins que de la mort et du sens de la vie. Pièce éminemment politique sans lourdeur où le commissaire politique annonce la fin des hommes et la disparition des dames.
Ne subsisterait qu’« une masse immense de masses. »
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