Nous partons pour la visite de deux mausolées. Nous commençons par celui de l’empereur Tu Duc. Il s’agit plus d’un palais que d’un grand tombeau. L’empereur poète le dessina lui-même avec une recherche d’harmonie. Un certain romantisme émane du canal qui serpente, envahi par les lotus et alimenté par la rivière des parfums. La montagne n’est pas bien loin, pour l’équilibre de la nature. C’est le palais de « la modestie » nom donné par le bien peu modeste Tu Duc suite à une insurrection du peuple due au travail forcené pour construire l'édifice entrainant beaucoup de morts. Cour d’honneur avec cheval, éléphant et soldats, appartements pour le roi, pour le harem, présence d’un théâtre, pavillon du repos au bord de l’eau avec embarcadère. Nous longeons le canal pour atteindre le tombeau, élevé dans la pinède pour que le défunt puisse entendre le bruit du vent dans les arbres. A l’arrière du bâtiment est dressé un autel dédié aux concubines stériles afin que leurs âmes n’errent pas, puisque privées de descendance. L’autobiographie de l’empereur est gravée sur une stèle devant son tombeau. Craignant vengeance et pillages, il ne reposerait pas dans son tombeau, mais dans un endroit tenu secret. Le personnel chargé de l’y conduire venait du Nord et sur le chemin du retour, le bateau coula.
Le deuxième mausolée celui de l’empereur Minh Mang se situe un peu plus loin à 11km de Hué. Pour y accéder nous empruntons une allée équipée de barbelés d’un côté afin d’empêcher les enfants de mendier. D’autres mausolées sont ruinés mais l’un d’eux subsiste en béton sur les hauteurs comme les cimetières situés sur les collines pour échapper aux inondations.
La route qui mène au col des nuages est tellement pentue que des étals proposent des cales en bois. Nous sommes presque seuls, car les véhicules préfèrent emprunter la voie avec tunnel. Nous avons une jolie vue sur la péninsule de Lang Co, village de pêcheurs de coquillages qui une fois broyés fourniront de la chaux et sur une longue langue de sable clair face à la mer de Chine. Ce col constituait un passage stratégique à toutes les époques ; des vestiges de fortins chinois et des bunkers français et américains en témoignent. C’est la frontière entre le Nord et le Sud. A Danang, après un restaurant au prix inhabituellement élevé, nous visitons le musée Champa, placé dans une jolie maison coloniale construite par l’école française d’extrême orient au début du siècle. La civilisation cham aujourd’hui disparue adopta la religion hindouiste et son panthéon encombré de dieux. Le musée abrite des sculptures trouvées sur le site de Mison en particulier, s’échelonnant du 7° au 14° siècle. Quelques photos d’époque prises sur le terrain des fouilles montrent les conditions de découverte parmi une végétation luxuriante. Nous tournons autour des yonis /lingams symboles sexués féminins et masculins, les Shiva, les nandus, Hanuman, Garuda, les Râma Sita et Râvana, les musiciens et danseuses en bas reliefs et grès. Puis c’est la route vers Hoi An. Des camps militaires américains, il ne reste qu’un grand terrain plat avec la plage où les GI se délassaient, quelques abris à hélicoptères sont conservés pour la mémoire de ce lieu stratégique. Le bord de mer se transforme aujourd’hui, avec des complexes touristiques immenses et pas moins de six golfs prévus. La plage n’appartient plus au peuple, les vivants et les morts sont expropriés avec transferts des cimetières.
Qui a gagné la guerre ?
Les monuments aux morts et cimetières militaires pour les soldats du Nord jalonnent les routes.
Nous pénétrons dans Hoi An sous la pluie. Le « Hô An hôtel », superbe maison dans le style colonial, nous éblouit avec un jardin au centre des bâtiments en U. Des petits pots de riz en herbe sont disposés sur les tables. Nous sommes accueillis avec un verre de citronnade, des petits gâteaux au soja et des nougatines. Fleurs d’ibiscus et pétales de roses décorent les chambres petites mais luxueuses et raffinées. « Lonely Planet » annonce l’établissement comme prix moyen, que penser des prix plus élevés ?
Sans guide nous partons découvrir la ville. L’habitat ressemble à celui de la Chine et ses maisons avec des boutiques en bas et un étage moins important servant d’entrepôt ou d’appartement. La température est délicieuse après la pluie. Nous suivons vaguement le plan donné par l’hôtel, traversons un marché, protégé par des bâches. La rue suit la rivière et mène jusqu’à l’adorable pont japonais couvert. Il est intact, c’est le lieu privilégié pour les photos. Nous nous promenons un moment avant de terminer au restau « Thanh Phong » où nous nous régalons de white rose (ravioli enroulé dans une feuille de riz frite) et de spécialités locales. Ambiance de soir d’été, de vacances sucrées, avec les lanternes colorées, les gamins qui vendent des sifflets en forme d’animaux, un jeu de loto avec musique sous un banian. Douce nuit.
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