Nous prenons la direction de Hua Lu, ancienne capitale du Viet Nam au X° siècle. La route se transforme en autoroute en sortant d’Hanoï. A la vue des cimetières dans une province plutôt catholique, Manh, notre guide nous explique les funérailles, le lavage du corps, et l'enveloppe d’argent ou l' aide apportée par les proches, à charge de revanche : c’est une dette contractée en vue de circonstances similaires ou pour un mariage. Le défunt est enterré une première fois pour une période de quatre ans. Puis il est exhumé, un spécialiste se charge de laver les os, puis de les placer dans un plus petit cercueil en terre recouvert d’un tissu. Ensuite le mort prendra place dans ce cimetière ou un autre et méritera une pierre tombale définitive.
A Hua Lu nous quittons l’abri climatisé de la voiture où il y a toujours trois bouteilles d’eau à notre disposition. Souvent elles sont offertes dans les chambres d’hôtel car l’eau du robinet n’est pas consommable.
Nous visitons deux temples royaux dont l’un est l’objet de travaux en vue de l’anniversaire du millénaire d’Hanoï.
L’un est dédié au roi Dinh Tien Huang.
Manh tente de nous raconter l’histoire de ce roi Dinh qui avait trois fils, il légua son empire au deuxième fils au lieu du premier mais le gardien de son palais les trucida tous les deux car il avait rêvé qu’il en serait le successeur. L’état étant fragilisé, la Chine devint menaçante. Un général Vietnamien prit la situation en main, épousa la veuve, protégea le petit troisième fils de 6 ans, eut une fille et 11 garçons d’autres femmes. Histoires de palais, de meurtres, de pouvoir. La chaleur est écrasante, heureusement de la verdure, des arbres et des bassins donnent une impression de fraîcheur. L’autre temple de Lé Dai Hanh ressemble au premier. Les personnages représentés changent naturellement : il s’agit du roi Dai (l’ex général), son épouse (la veuve) et le fils ainé.
Après le repas de midi, Manh nous attend à l’extérieur avec quatre bicyclettes, munies d’un petit panier à l’avant.Ainsi nous abordons la baie d’Along terrestre dans des conditions très agréables, nous profitons pleinement des paysages où se découpent des montagnes en pain de sucre.
Avant d’embarquer, nous tirons jusqu’à la pagode Bich Dong : la pagode de jade. Nous franchissons le petit pont de pierre et découvrons trois petites constructions étagées édifiées à moitié dans des grottes où tambourinent des gouttes d’eau, où couinent des chauves-souris. Le décor servit pour le film « Indochine ». Nous accédons à la plus haute batisse où trônent trois bouddhas « du grand véhicule », celui de gauche est celui du passé, au centre celui du présent, et à droite celui de l’avenir.
A vélo nous parcourons la toute petite distance qui nous sépare de l’embarcadère. Nous montons à deux par barque, en compagnie d’une rameuse et d’une autre femme qui aide à la navigation à l’aide d’une perche. Nous glissons lentement au bruit des rames sur le canal endigué, nous détournant un moment vers les champs de lotus. Les feuilles de cette plante symbolique dans tout l’extrême Orient que nous cueillent nos accompagnatrices se transforment en chapeaux protecteurs fort efficaces. Les parfums les plus délicats et les racines dans la boue. Nous approchons des grottes de Tam Loc. Pour les traverser il faut pratiquement se coucher dans la barque pour éviter de s’assommer, le guidage s’effectue à la lampe entre les stalactites et les morceaux de roches. Passage rafraichissant sous les gouttes d’eau et un peu oppressant, mais comme nulle part ailleurs. Toutes les barques patientent à la sortie, regroupées et serrées dans un brouhaha de conversations de français et de vietnamiens dont on ne sait qui en ressort le plus bavard. Il faut reprendre le même chemin pour le retour, en file indienne, les lampes se repèrent sur la roche et sur l’eau.
Il ne faut pas longtemps à nos dames rameuses pour récupérer des sacs posés sur une murette au bord et nous proposer des nappes et napperons brodés.
Nous sommes dans la carte postale en regardant les paysans sur la digue et sur l’eau, des barques d’enfants, un oncle Ho…
Nous remontons sur la terre ferme, où nous attendent des photographies de nous prises sur terre et sur l’eau « pour le souvenir », nous finissons par les acheter à 50 000 D les cinq.
Notre chauffeur et Manh nous conduisent à l’hôtel à Ninh Binh le « Thuy Anh Hôtel » tout neuf. Nous profitons de la fin d’après midi avant la douche et la lessive et déambulons dans les environs. Tout d’abord nous sommes surpris de grand nombre de compositions florales piquées sur de plaques de polystyrène plutôt destinées à des cérémonies funèbres. Pas loin nous bifurquons dans un marché. Les gens parcourent les allées en motocyclettes sans se donner la peine de descendre pour faire leurs emplettes. L’odeur des pots d’échappement se mêle à celle des viandes et des poissons. Joli marché, et premiers étals de viande canine, aucun doute sur l’origine des cuissots découpés, la tête de son propriétaire est là pour le prouver. Au restau de l’hôtel, repas plantureux et savoureux. Et cerise sur le gâteau : une mangue préparée avant le sommeil.
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