jeudi 14 janvier 2021

Le Louvre Lens.

Nous n’avons pas de difficulté à nous garer devant le Louvre Lens ouvert en 2012.
Nous patientons  au soleil dans le jardin à moitié sauvage qui sépare le musée du stade Bollaert, en attendant l’ouverture.
Il n’y a pas de queue comme au Louvre parisien, nous sommes dans les premiers visiteurs à entrer et passons rapidement la sécurité.
La galerie  du temps aérée, sobre et agréable s’étend sur 3000 m2  d’un seul tenant. 
Les passages à sens unique imposés par la Covid contrarient de temps en temps la chronologie suivie de l’Antiquité au XIX° siècle, c’est pourquoi nous commençons le circuit par l’Antiquité et le conclurons par l’Antiquité.
Cette lointaine période est largement illustrée à travers les statues, sculptures ou objets, où se côtoient toutes les  grandes civilisations.
Comment rester de marbre devant cette statue grecque d’Aphrodite, magnifique, dont le noble matériau poli et les  formes idéales invitent à la caresse ?
Le voyage dans le temps nous transporte aussi en Egypte avec ses sarcophages à double fond en bois peint,  en Perse, en  Irak.
 En Inde, nous retiendrons un superbe paravent en moucharabieh taillé dans du grès, quant à la  Turquie, ses poignards aux manches précieux en verre par exemple, ses coffres en marqueterie de nacre et d’ivoire, les tableaux muraux en faïence, témoignent de la richesse des commanditaires et d’une  grande maitrise des artisans.
Succédant à l’Antiquité, apparaissent ensuite des œuvres du moyen-âge. Je me souviens surtout d’une statue de Saint François très réaliste.
Les peintures sont moins nombreuses mais de grands noms sont présents : Botticelli, Murillo, Rubens, David….
Nous prenons notre pause repas à la cafétéria encore vide vers 11h 45 avant de nous élancer dans l’exposition temporaire.Guy s’essaye au « briquet » à l’origine petit pain en forme de brique qui accompagnait dans la musette du mineur le « boutrelot », café allongé l’eau. La recette proposée ici intègre du poulet contenu dans une aumônière en feuilles de brick. Puis il tente un gâteau à la mure en cône comme un terril, je préfère une salade aux fruits secs pas terrible et un café.
Un autre terril à base de confettis noirs dans le hall annonce l’exposition « Soleils noirs ».
Quelles significations, quelles expressions, quels ressentis attribue-t-on au noir?
Des salles à thèmes abordent toutes les déclinaisons dérivées de cette couleur du charbon « dans le noir, la nature noire, vision du noir, ombres et lumières, le mal noir, croire au noir, le noir rédempteur, les codes du noir, la vie en noir (luxe et mode), misère noire, noirs industriels, le noir pour le noir et outre-noirs »
En vrac, j’ai noté :
- des eaux noires  inquiétantes, 
- un couple peint avec des ombres démesurées
- un portrait de Beethoven titré «  sonate au clair de lune »
- des extraits de films : « L’aurore », « La nuit du chasseur », « Rebecca »
- des portraits en buste ou en pied de notables d’antan, habillés en noir, teinture difficile à obtenir, et exprimant le luxe réservé aux riches
- de robes de couturiers :Yamamoto, Lanvin
- une agglutination de mouches et d’insectes noirs créée par Hirst
Et aussi la légende de ces amants des Dolomites séparés par un lac ; ils se retrouvaient grâce à une lampe tenue par la jeune femme mais un soir de tempête, son amoureux ne put se guider à la lumière et se noya, entrainant le suicide de la belle désespérée.
Soulages.

 

mercredi 13 janvier 2021

Saint Etienne.

Première étape d’un voyage entrepris pendant l’été 2020 qui nous mène de la banlieue grenobloise vers les Hauts de France, « la France d’en haut » comme dit la rédactrice de ces carnets de route.
Le temps est limpide après la pluie et l’orage d’hier et nous roulons sans encombre jusqu’à Vienne. Mais à la hauteur de Chasse sur Rhône nous sommes pris dans un embouteillage occasionné par un grave accident sur la voie opposée du pont : un camion est renversé sous lequel est encastrée une voiture. Un hélico attend sur la route et la circulation se trouve bloquée derrière le carambolage sur des kilomètres.
Nous atteignons Saint Etienne vers 11h, nous dirigeant en premier vers l’office du tourisme près duquel il n’est pas question de se garer. Guy reste donc en double file pendant que je me renseigne sur le musée d’art contemporain, le musée de Geoffroy Guichard et celui du design. J’obtiens une carte et un fascicule avec parcours proposé d’environ 1h 30 pour visiter l’essentiel du centre-ville.
Nous commençons par le MAMC, musée d’art  moderne et contemporain, presque vide.
http://blog-de-guy.blogspot.com/2012/06/au-musee-dart-moderne-de-saint-etienne.html
Il n'est pas situé bien loin du mythique stade G. Guichard, le « Chaudron », inaccessible à la visite pour cause de Covid, par contre le musée est rouvert au public.
On peut suivre et revivre « l’épopée des Verts » des origines à aujourd’hui,  voir des articles, des vidéos, des vitrines avec les maillots successifs de l’équipe, des photos des joueurs tout au long des années, la description du centre de formation, des trophées, des quizz et pour finir, un jeu de tir au but face à un gardien virtuel : Eh oui ! Je trompe le goal et mets quelques ballons dans le mille ! Séquence nostalgie.
Il nous reste le temps  d’aborder le musée du design sur la route du centre.
Nous tournons en rond guidé pourtant par le GPS mais sans le trouver car … il n’existe pas.
Par contre, nous sommes bien dans la Cité du design installée dans Manufrance, l’ancienne manufacture des armes, en pleine rénovation qui conserve l’architecture industrielle et la belle grille d’entrée de l’ancien fleuron de la ville.
L’école du design, des associations et de nouvelles entreprises, pour l’instant fermées, vont tenter de faire revivre le lieu.
Il est l’heure de nous rendre à notre Airbnb  et découvrir la « villa de ville » avec jardin, choisie sur internet. C’est un petit (très petit) studio, à 20 minutes à pied du centre-ville. 
Une fois reposés, nous partons parcourir le circuit  décrit dans le livret offert par l’Office du Tourisme (ODT). Bien conçu, il nous mène à travers un quartier aux allures de Bab El Oued   puis face à la « Grand’église » proche de la maison de François 1er en rénovation.  Il se poursuit vers des places et des rues piétonnes, des maisons art déco, des passages abrités bordés de commerces (passage sainte Catherine, celui de l’Europe est fermé), l’église Notre Dame près d’une maison du XIII° siècle reconvertie en bar.
Après une bonne marche, nous dînons copieusement au Piccadily Circus  en optant soit pour  une salade lyonnaise (lardons, croutons, œuf poché, salade verte, maïs et betterave) soit pour un burger dont le pain a été remplacé par des criques de pommes de terre. La rue dans laquelle nous nous restaurons s’anime peu à peu et devient très fréquentée. Sur le chemin du retour, nous prêtons  le téléphone à un jeune homme imprévoyant qui promène son chien, en panne de batterie et fermé dehors.

mardi 12 janvier 2021

L’arabe du futur 3. 4. Riad Sattouf.

La façon de dessiner d’un des plus fameux auteurs de bandes dessinées de ces dernières années se prête davantage à la comédie qu’à la tragédie
 encore que sa ligne claire et une narration limpide permettent d’aborder des situations plus sérieuses, voire pénibles.
En tous cas, la candeur du regard de l’enfant permet à travers des anecdotes particulières de rendre compte d’une époque où régnait Goldorak, de lieux divers dans la campagne syrienne ou bretonne, de comprendre la société d’ Hafez el-Assad et la distance qui s’agrandit entre le père et la mère, bien que la tolérance dans le couple ait été de mise.
Le numéro 4 est plus sombre, le père se cherche et perd sa femme, les situations politiques s’enveniment avec la situation en Irak, alors que les cruautés de l’enfance se font plus vives, les racismes s’expriment tous azimuts, mais le narrateur grandit avec une innocence qui le préserve de la rudesse de la vie et lui fait profiter de l’amour qui l’entoure malgré quelques maladresses.
Traduit en finnois mais pas en arabe, ces albums fournis sont un témoignage drôle et émouvant de la vie de notre monde et de celui dont on entend parler, où ne manquent même pas les odeurs, exhausteurs de mémoire.Bien que ne prisant pas spécialement les séries qui sont devenues hégémoniques en bien des domaines, je me réjouis d’avoir à retrouver ces personnages sympathiques dans d’autres albums.

lundi 11 janvier 2021

New York et Los Angeles au cinéma

Pour se laver des dernières péripéties qui ont sali une fois de plus l’Amérique, deux regards sans concession sur deux cités, loin d’être angéliques, nous sommes chez les truands.
L.A. Confidential. Curtis Hanson.
Je n’avais pas prémédité de voir ce film de 97, mais passant devant l’écran domestique, j’ai vite été happé par ce polar tiré d’un roman de James Ellroy, dans un Los Angeles des années 1950  efficacement reconstitué. Si je m’attache moins aux acteurs qu’aux réalisateurs, ce casting prestigieux où je connaissais Kim Basinger, Kevin Spacey, Danny DeVito, par leurs personnalités affirmées, permet de saisir tout de suite les intrigues dont les sursauts pétaradants mettent en évidence la profondeur des maux de la société américaine.
Main streets. Martin Scorcese. 1973.
Dans Little Italy, Harvey Keitel  tout mignon à l’époque et De Niro incontrôlable jouent parfaitement les gangsters en devenir parmi rues sombres et bars glauques.
Ce film impressionniste à la bande son séduisante, tient sa cohérence dans l' énergie de ses plans plutôt qu’avec un scénario traçant une histoire avec un début et une fin.
Les mecs se la jouent et leurs dettes pour de la frime se paieront avec du sang sur les costards. Subsistent, quelques restes de religiosité, des lambeaux d’amitié pour des magouilles minables, une femme malheureuse.

dimanche 10 janvier 2021

Chansons 2020.

Apposer le nombre 2020 pour le rappel de cinq articles consacrés à la chanson au cours de l’année écoulée accuse l’âge du rédacteur et ses rigidités :
- Angèle est bien seule comme nouvelle.  
mais que peuvent les nouveaux devant ces quelques anciens ? 
« Longtemps, longtemps,longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues »
- Trenet 
- Béart  
- Gréco  
Avec de surcroit: le concert de l’année, au Summum : Souchon

samedi 9 janvier 2021

Essais 2020.

J’avais intitulé ma récapitulation de l’année précédente : « livres politiques » comme si des romans n’étaient pas politiques.
Pour cette année 2020, quelques balises, pour examiner religions et sciences, et revenir sur le temps long  tout en préservant une paillette d’optimisme.
- « D’un siècle l’autre ». Regis Debray : ma référence à moi.  
 - « Génération offensée ». Caroline Fourest : Aux sombres zéros de l’amer. 
- « Le goût du vrai ». Etienne Klein. La vérité si je mens.  
- « Les territoires conquis  de l’islamisme». Bernard Rougier. Et si en plus y a personne  
- « Tout ne va pas si mal ». Alternatives économiques. Don’t Worry Be Happy

 

vendredi 8 janvier 2021

Le Postillon. N°58. Hiver 2020/21.

Le bimestriel cultive ses aversions, mais gagnerait en crédibilité en laissant un peu de place à des contradicteurs, aux nuances, lors de certains articles à sens unique, volontiers donneurs de leçons  
Contre le télé travail, les centres commerciaux, le transport par câble, les trottinettes électriques, Linky, Spartoo, la vérification de la bonne utilisation des deniers publics pour les allocataires du RSA, le stade des Alpes… 
il n’y a bien que le vélo et les jardins ouvriers, surtout quand des logements sont prévus à leur emplacement à avoir grâce à leurs yeux. 
Par ailleurs leur indulgence va plutôt vers les tireurs de feux d’artifices qu’envers ceux qui sont visés par les mortiers.
Alors quand ils titrent « Perdre sa vie à la sauver » sur le modèle du slogan de soixante ans d’âge «  perdre sa vie à la gagner »: la parole est donnée essentiellement aux « opprimés » du masque et à ceux qui estiment que sont oubliés diabétiques et cancéreux, qui passeraient me semble-t-il encore plus au second rang si des précautions prises contre la pandémie se relâchaient.
Lors de leur randonnée en vélo dans le Trièves, deux filles reporters ne sont pas toujours bien reçues en ces temps de confinement, mais elles témoignent d’un état d’esprit différent de celui qu’elles attendaient avant cette expérience. 
Un concierge et une vieille dame se taquinant volontiers mais indispensables l’un à l’autre, composent un portrait chaleureux.
Cette heureuse façon de rendre compte est souvent réussie parmi ces 20 pages où j’apprécie aussi parfois leur humour prophétique à propos des prochaines élections présidentielles : 
« Après avoir gagné les primaires avec 98% des voix, Piolle se trouve en tête de tous les sondages devant Cyril Hanouna. Le maire de Grenoble est alors surpris en train de commander sur Amazon un Big Mac avec son téléphone Huawei compatible 5 G. Il déclarera plus tard pour se défendre : « C’est parce que Youporn n’était pas accessible. »
De même, le vocabulaire employé propre à la pandémie convient bien pour fustiger l’implantation d’un nouveau centre commercial à Saint martin d’Hères ou l’agrandissement de Grand Place. 
« La directrice du CHUGA (Consumérisme : une Hérésie ! Urgence de Gérer les Addictions)  déclare : «  si rien n’est fait, le taux d’incidence sur le territoire s’approchera de 120 boutiques pour 400 000habitants ! » » 
Ainsi sera évoqué incidemment comme dans chaque numéro le CHUGA officiel (Centre Hospitalier Universitaire de Grenoble-Alpes).