Je n’avais pas lu jusqu’au bout la quatrième de couverture
qui annonçait qu’il serait question d’avortement, avant que je le comprenne et
me dise : « encore ! » tellement le sujet occupe
l’actualité dans le monde entier.
« Fallait que ça
tombe sur moi ! Le 0,6% de chance, c'est moi !!! Je sais même pas qui est le
père !!! Ouais, ouais, je sais : faut se protéger !!! Mais merde ! J'ai un
stérilet, quoi !!! »
Et puis cette approche intime, sincère, poétique, drôle, nerveuse,
par une femme à laquelle s’ajoute la rencontre avec le médecin Martin Wickler
m’a convaincu de la nécessité de continuer de parler de ce sujet.
Et de modérer ma sévérité pour le dernier livre du médecin
vedette dont le premier « La maladie de Sachs » m’avait pourtant bien plu.
Les paroles d’une chanson d’Anne Sylvestre » intitulée
« Non, tu n’as pas de nom » donnent le ton entre violence et
douceur :
« Depuis si
longtemps l je t’aime
Mais je te veux sans
problème
Aujourd’hui je te refuse
Qui sont-ils ceux qui
m’accusent. »
Les témoignages incarnés, avec une représentation graphique
de la douleur très parlante,
se situent dans un contexte où est rappelée
l’intervention de Simone Veil devant l’assemblée nationale il y a 50 ans :
« Croyez bien que
c'est avec un profond sentiment d'humilité devant la difficulté du problème,
comme devant l'ampleur des résonances qu'il suscite au plus intime de chacun
des Français et des Françaises, et en pleine conscience de la gravité des
responsabilités que nous allons assumer ensemble. »
Et c’est ce que font comprendre ces 160 pages :
« … aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il
suffit d'écouter les femmes. C'est toujours un drame et cela restera toujours
un drame. »
Le médecin a appris auprès d’une infirmière et cet avis
vaut au-delà des soins hospitaliers :
« Tu es là pour
accueillir ça sans porter de jugements, tu vois ? Je sais que c’est pas facile
mais notre boulot c’est pas de les sauver… ou d’leur faire la leçon. »
Quand les mots des amies peuvent parfois tomber à côté, la
simplicité peut se révéler d’une grande profondeur:
« Avorter, c’est un choix de maman »
Qui pourra avoir la modestie de ce papa ?
« C'est une
décision trop importante pour que tu t'encombres de nos opinions...
On sera là quoi que tu
décides. »