http://blog-de-guy.blogspot.com/2019/05/souvenirs-de-voyage-musee-de-grenoble.html,
à l’image du personnage de Borremans farfouillant « Aussi doux que cela », j’ai suivi une visite guidée avec un prof qui
conseille ses pairs et prend des précautions pour prévenir que certaines œuvres
peuvent choquer. Il a toujours fallu prendre le sexe avec des pincettes, alors
comme il est question aussi de la mort,
après avoir éloigné les enfants des écrans et des peintures des martyrs
du XVII°, il convient désormais de prévoir un avocat pour accompagner les
groupes.
Deux « Fu dogs » d’Edward Lipski,
clope au bec, accueillent le visiteur à l’entrée des 17 salles jusqu’au 28
juillet 2019. On voit de tels lions à la porte des restaurants et des palais
mais ceux là présentés ici annoncent quelques superpositions à venir, des remises
en cause de cloisonnements, une grande diversité des formes d’expression et une
variété d’artistes.
Nous commençons justement par l’idée de collection, celui du
désir de posséder et son impossible assouvissement. Comme si la profusion des
propositions ne suffisait pas, il est stimulant d’aller plus loin avec les
artistes qui nous interpellent tels Feldmann sublimant ailleurs le quotidien « Birgit,
doing her make-up » après nous avoir bien plu ici, rien qu’avec un
rectangle de lumière.
Pour laisser le plaisir de la découverte ne sera présenté
qu’un artiste par salle (presque).
Pour les bâtisseurs de l’imaginaire, ACM : « Architecture ».
Concernant les conceptuels, l’humour, l’ironie, l’absurde
sont au rendez-vous ; Alain Bizos est tout indiqué avec «
Toute œuvre d'art est interdite dans cet espace ».
Alors qu’après guerre, Doisneau pouvait saisir la légèreté
de l’enfance et des amours, l’activisme viennois mettait les corps à l’épreuve
jusqu’aux limites de l’insupportable. Urs Lüthi en arrive à être plus subtil dans
l’angoisse que ses provocants congénères : « Dis-moi qui a volé ton sourire ».
Du côté des belges, parfaitement dans le thème de la
diversité, de l’étrangeté, de la quête, « Gorgo » de Peter Buggenhout est composé de sang et du crin
comme certaines statuettes africaines. http://blog-de-guy.blogspot.com/2009/01/boli.html
La phrase écrite au néon par Alberola « Nous sommes devenus
riches parce que nous sommes devenus pauvres » donne à réfléchir
parmi des évocations de la violente Afrique du Sud.
« Street Beached » de Gilbert & George voisine avec
« Is
More Than This More Than This » de John Isaacs qu’il est
impressionnant de voir en vrai. Cash et kitch, so british.
Des documents scientifiques à propos de la folie jouxtent
des photographies, des dessins, comme
dans « Angst »
d’Arnulf
Rainer où les coups de couleur blessent plus qu’ils n’enjolivent.
Et
si les battements du cœur de Boltanski rythment une partie de la visite, les
représentations de corps mutants, vulnérables sont dérangeantes comme « you’re
Mine # 001 » de Mari Katayama.
Les passages de formes humaines aux végétaux sont finement
évoqués par Rachel
Kneebone « Salmacis ».
La nature peut aider : une « feuille de magnolia »,
quelques traits de fusain sur carton sont splendides quand c’est Raetz
qui les trace
et les « Crottes de lapins » sont bien vues quand Herman de Vries les aligne.
Certains artistes
contemporains sont devenus des classiques. Lucio Fontana aux fameux coups de cutter dans
la toile est un « spatialiste ». De nombreux créateurs jouant sur le
hasard évoluent souvent en dehors des mouvements, mais au pays des étiquettes, l’art
brut a une place particulière dont j’aime un synonyme : « l’art des
singuliers » à « la beauté insensée ». « Janus » de Méani.
Dans la dernière salle, remplie de crucifix et de photos de
cimetière, est exposée une parcelle d’un travail titanesque, celui de toute une vie
de Roman
Opalka.
Depuis 1965, il peint une suite de
chiffres sur des toiles de 196 sur 135 centimètres
« à la main, au pinceau, en blanc,
sur un fond recevant depuis 1972 chaque fois environ 1 % de blanc
supplémentaire. Arrivera donc le moment où je peindrai en blanc sur blanc.
Depuis 2008, je peins en blanc sur fond blanc, c’est ce que j’appelle le
"blanc mérité". »
G Orozco qui ne figure pas dans l’exposition
avait fait disposer par les voisins du Moma des oranges sur leurs fenêtres,
histoire aussi d’aller « au-delà »
des murs, comme on aurait pu dire qu’Opalka « tuait le temps ». Les
lettres de Stéphan
Tridet « Une histoire vraie »
sont installées dehors.
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