Amateur de paradoxes, je ne vais pas rechigner à reconnaître
l’absurdité d’entamer une critique de l’abus d’écrans par écran interposé. La fugacité de leur clignotement et ma courte vue ne
permettent pas de prendre le temps de s’appesantir pour aller au delà de l’image de foules regardant le creux de leur main.
De petites observations peuvent cependant émerger à propos des mutations
progressives de nos configurations mentales.
- Lors d’un match de ligue 2, vu en vrai, je n’ai
pas été emballé par le spectacle, trop gavé de séquences répétitives des fulgurances
de Ronaldinho ou Messi qui permettent de
patienter dans les salles d’attente. Le réel est décevant. La vélocité de
Mbappé demeure aussi lointaine qu’un destin de princesse promis à tout enfant.
- Je persiste à expliquer en vain à ma petite
fille que le requin en baudruche au plafond du magasin est inoffensif, mais
combien de vessies ai-je pris pour des lanternes? Tellement de feuilles de
papier, de pigments et de pixels m’ont rongé les sangs.
- Pédagogiquement
parlant, la virtuosité des artistes sur Instagram décourage-t-elle les spectateurs ou
fait-elle naître des vocations ?
Le développement des innovations technologiques (IA) est
tellement fulgurant que la lenteur à se réformer de nos démocraties,
accompagnant nos aveuglements, n’en est que plus flagrante.
Les querelles virtuelles ne restent pas forcément dans le
fictif, elles plantent leur tente au coin des rues et des amphis. Des
informations traumatisantes parfois gonflées à l’infox désinhibent les
violences qui croissent de leurs croisements.
Les débats se déportent spécialement quand il s’agit de
l’Europe : poule woke et coq nationaliste crachotent ou s’égosillent, les
ergots plantés dans le fumier, ignorant toutes les décisions qui ont permis de
traverser de sérieuses crises (Covid) et d’en affronter d’autres tant bien que
mal (Ukraine).
Parmi les expressions qui me ravissent le « Tout à
l’égo » a une place de choix. Et s’il en est de la traditionnelle querelle
de générations, le boomeur, bavard par définition, ne peut fermer sa gueule,
quand les abords de nos villes sont tatoués de signatures débordant des
entrepôts désaffectés et des arrières cours ferroviaires, pour constituer de
nouvelles arches à nos portes, sous nos ponts.
La gravité se leste de légèreté. Des faits anodins prennent
une importance démesurée depuis un exemple déjà mentionné, quand avait été vu
comme un Weinstein des bacs à sable, un garçonnet qui avait soulevé la jupe
d’une fillette au bas d’un toboggan. Cette fois un élève privé de voyage
scolaire apparaissant sur le fil de nos infos aurait dû voir son cas réglé sur
place et qu’on n’en parle plus.
Il y avait de quoi s’esclaffer quand les médias qui avaient
campé devant la porte d’une caravane pendant des heures s’indignaient que la
vie privée d’un chanteur soit trop exposée.
« C'est du vent
le cinéma, de l'illusion, des bulles, du bidon. » Jean Gabin
.…….
J’interromps mes publications pendant 3 semaines … je vais m'étourdir de films au festival de Cannes où désormais
Truffaut serait mis impitoyablement à l’index par quelques indulgentes avec
tant de malfaisants, lorsqu’il disait :
« Le cinéma
c’est l’art de faire faire de joies choses à de jolies femmes ».