de la salade composée jusqu’à la tarte au citron, nous
remontons à la nuit des temps pour mieux connaître
minéraux, végétaux et animaux présents sur nos tables.
Le pistachier du
jardin des plantes tient une place centrale dans ce livre pour gourmands.
Guy Savoy a assuré la mise en bouche, la préface.
Difficile de ne pas dire je me suis « régalé », ce
livre est « délicieux », tant le plaisir de la lecture rejoint le
plaisir de manger et d’apprendre dans ces 268 pages instructives et « craquantes »
de l’écrivain, biophysicien et naturaliste.
Au début je me demandais si c’était du « lard ou du
cochon », tant les anecdotes me paraissaient farfelues et puis
vérification faite: Frank Buckland, fils de l’excentrique britannique William Buckland, personnage récurrent
de ce voyage culinaire dans le temps et l’espace a bien existé. Cet humaniste
est époustouflant.
Et sont palpitantes les aventures du savant français nommé Poivre
qui avait commencé une carrière de prêtre mais ne pouvant plus bénir après
qu’un boulet de canon l’ait privé de son avant bras droit, arrive à acclimater
en « Île de France » muscade et clous de girofle, exclusivités jusque
là des hollandais.
Nous remontons à l’origine des mots : muscade a quelque
chose à voir avec le musc et nous apprenons que parmi les saveurs, il convient
d’ajouter l’umami (sauce soja).
Je n’ai rien compris aux molécules chirales, par contre la
smoltification est exaltante : le métabolisme du saumon est bouleversé
quand il passe de la mer à l’eau douce où il doit uriner constamment, alors
qu’en mer il doit boire sans cesse pour rester hydraté.
Histoire, vocabulaire, biologie : la tomate n’est plus chez
nous « la plante de sorcières » depuis qu’elle est venue du Sud avec les
premiers chanteurs de Marseillaise.
La poésie et l’humour rencontrent l’érudition la plus
pointue, ainsi les yeux de la pomme de terre sont disposés harmonieusement pour
« optimiser l’agencement de ses
futures feuilles ».
La diversité des processus qui ont amené la prospérité de
certaines plantes est merveilleuse : la figue dévore la guêpe qu’elle
vient de féconder. Mais le poulet jadis objet de vénération est devenu une
monoculture.
Un plaidoyer pour la biodiversité, tout en finesse et humour,
court tout au long du livre, valorisant entre autres les combats menés depuis
longtemps pour « la réglementation
de la pêche commerciale, la dépollution ».