Le titre était vendeur, le sous titre fin : «
Fins de la littérature » et les intitulés de chapitre
prometteurs : « Le chant du cygne », « Les jeux sont
faits », « Gagner la sortie » pour qui verrait arriver l’hospice
sous de paisibles auspices.
J’avais apprécié le professeur au collège de France
mais ces formats courts m’avaient mieux convenu que ces 380
pages que j’ai trouvées répétitives, alourdies d’intégrité universitaire où
tout est référencé et vraiment pointu.
« Friedrich
Gundolf( pseudonyme de Friedrich Gundelfinger) ami de Curtius et de
Kantorowicz, le plus proche disciple de Stephan George et le meilleur critique
littéraire du premier XX° siècle en Allemagne, dont le Goethe de 1916 reste un
ouvrage de référence, insistait, dans un compte-rendu d’une traduction et d’un
recueil d’aphorismes d’Emerson en 1908, sur la communion mystique entre les
individus prônée par Emerson et exaltée dans le George-Kreis, la petite secte
des disciples de Stephan George. »
Je préfère aux commentaires sur les commentateurs, une
citation de Baudelaire :
« Je vis un
pauvre saltimbanque, voûté, caduc, décrépit, une ruine d’homme, adossé contre
un des poteaux de sa cahute […] il ne riait pas, il ne gesticulait pas, il ne
criait pas ; il ne chantait aucune chanson, ni gaie, ni lamentable, il
n’implorait pas. Il était muet et immobile. Il avait renoncé, il avait abdiqué.
Sa destinée était faite. »
Voire un rappel des quatre âges pythagoriciens :
« le sang, l’air
et le printemps étaient liés à l’enfance ; la bile jaune, le feu et l’été
allaient avec l’adolescence ; la mélancolie, ou bile noire, la terre et
l’automne caractérisaient la maturité ; enfin, le flegme, l’eau et l’hiver
appartenaient à la vieillesse… »
Des reproductions de tableaux sont regroupées au centre du
livre avec Rembrandt où « la mort habite la vie ». Gide,
Poussin, Proust accompagnent ces méditations sur la fin voulant croire au
pouvoir infini du cercle dans le domaine des arts.
« … refusant l’alternative de la
mélancolie et de l’espérance, je me suis rabattu sur un libelle fataliste,
emprunté à Châteaubriant, à l’avertissement de « La vie de Rancé »,
œuvre ultime qui accompagna cette recherche comme un livre d’heures. Modèle de
style tardif ou de sublime sénile… »
Dans le genre crépusculaire, « Après la
littérature » de Finkielkrault est plus stimulant.