vendredi 17 septembre 2021

Zadig N° 11.

J’aime ce trimestriel pour la variété de ses points de vues qui courent sur 200 pages, même quand je ne suis pas d’accord avec Marie Despléchin dans la persistance de sa lutte après l’abandon du projet Europa City de Gonesse.
Ainsi dans un numéro essentiellement consacré à la banlieue, un entretien avec Hélène Carrère d’Encausse secrétaire perpétuel de l’académie française trouve parfaitement sa place : 
«  J’ai été élevée dans l’idée inverse du communautarisme : qu’on ne doit pas s’enfermer avec les siens, mais se fondre dans la France »
avant qu’une chanson d’Alonzo soit  expliquée par Bertrand Dicale : 
« RS4, pas de plaque
Ma gadji c’est une Bagdad
Kalash sous le clic clac…
J’ai bu quatre packs
La belle vie le’ zin » 
Cela deviendrait presque insolite de lire des auteurs exprimant leur amour de la France: 
« c’est le meilleur pays pour être malade » Susie Morgenstern 
L’intérêt des articles est rehaussé par une qualité d’écriture d’écrivains renommés. 
Daeninckx dénonce le clientélisme à Aubervilliers mais se requinque à Fontenay-sous-bois où il a déménagé. 
Leïla Slimani apporte des arguments pour se déconnecter des réseaux : 
« une personne qui passe sa journée devant son écran est-elle plus « connectée » que quelqu’un qui cultive son jardin ? » 
D’anciens ministres continuent leur lutte, Corine Lepage pour la biodiversité, 
Jean Louis Borloo prône la création d’une cour d’équité territoriale. 
Les cartes commentées par Le Bras mettent en évidence des réalités surprenantes : 
«  la proportion d’ouvriers s’accroit d’autant plus que l’on s’éloigne des grandes villes. »
«  L’image négative de la banlieue est très ancienne » comme un historique le rappelle. 
Une  ancienne prof dans le 93 change d’établissement,  mais elle ne met pas en cause les gamins, 
Azouz Bégag évoque : 
«  la niaque de ceux qui n’ont rien à perdre ».
D’un jardin entre les immeubles à Saint Denis 
à des écoles Simplon dans les quartiers en difficulté qui proposent des formations aux métiers du codage informatique,
les claviers solidaires de l’association Emaüs Connect,
des associations de Sénégalais qui financent des réalisations dans leur villages,
un village d’innovation éducative dans les quartiers Nord de Marseille
et l’industrie textile se remettant en marche du côté de Roubaix 
donnent des motifs d’espoir. 
Jaenada raconte plaisamment une rencontre avec des lecteurs à Saint Omer lieu de son dernier roman, 
et Kaouther Adimi dans sa nouvelle « Le pêcheur de langouste » nous emmène loin, quoique...
Près de la centrale de Bugey, sur les photos le village de Saint Vulbas est paisible.
Si je n’ai pas apprécié les articles à sensation de Régis Jauffret, dont il est difficile de distinguer le vrai du faux, la réalité étant suffisamment surprenante, 
la BD de Mathieu Sapin nous remet dans de bonnes dispositions. 
David Djaïz faisant l’historique de l’amour dans la société française est passionnant, alors que Laurent Theis nous remémore Madame de Staël dont son ennemi Napoléon avait concédé: « elle restera ».
« Les jouissance de l’esprit sont faites pour calmer les orages du cœur »
 Arthur Frayer-Laleix est toujours aussi régalant et éclairant, cette fois il a passé sa semaine chez un pharmacien, après les pompiers du numéro précédent.

1 commentaire:

  1. Cela a l'air intéressant.
    Je vois que le mot "banlieue" est polysémique, en termes de valeur, car je trouve qu'il fait bon habiter notre petite banlieue à taille humaine.
    Depuis longtemps, la ville a une réputation de sophistication : dans sa population, les distractions qui sont proposées. La grande ville a pu faire rêver les provinciaux par le passé. Mais... la grande ville, et surtout sa densité de population, a dominé la politique de ce pays, et pas que. A l'époque de la Révolution Française, par exemple, Paris avait considérablement grossi, et était grandement composé d'ouvriers vivant des industries déjà implantées dans la capitale, ce qui permettait la constitution de grandes foules de personnes pas forcément contentes. Il me semble que l'organisation industrielle du travail laisse l'Homme sur sa faim spirituelle, tout en permettant la réplication d'un grand nombre d'objets identiques pour le plus grand nombre. Mais.. je me répète, là...
    Merci pour ce modeste dépaysement agréable. A moins que ce soit.. un repaysement ?

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