vendredi 10 décembre 2021

Zadig. N°12

Quand j’ai reçu ma belle revue trimestrielle titrée «  Quand l’écologie (nous) gagne » je me suis dit : « encore ! » tant le sujet est omniprésent et que les écologistes m’indisposent, d’autant plus que Cécile Duflot la plus brute de décoffrage de chez les verts s’y exprimait.
Mais l’approche comme toujours riche et variée de la publication dirigée par Eric Fottorino 
m’a fait surmonter mes à priori défavorables.
C’est qu’en dehors de la jamais contente Marie Desplechin, les témoignages sont positifs tels
- cet élu de Puy-Saint-André dans les Hautes Alpes, village qui produit plus d’électricité qu’il n’en consomme: « On ne peut pas mobiliser la population sur la perspective de la catastrophe, il faut un horizon. »
- la municipalité de Tours qui développe le vélo et l’implantation de potagers,
- la ville de Strasbourg qui redécouvre ses voies navigables pour les livraisons,
- une filière qui se met en place pour transformer les couches des bébés en compost,
- ceux qui se battent contre la prolifération des sargasses, aux abords des Caraïbes,
- une militante qui agit dans le champ économique pour des investissements plus vertueux,
- une juriste et un écrivain qui veulent doter le fleuve Loire d’un statut juridique de personne morale. «  Je n’ai peut être jamais vu une personne morale déjeuner, en revanche je l’ai souvent vu payer l’addition »
- les bûcherons d’Abrakadabois qui prennent soin de la forêt de l’ancienne ZAD de Notre Dame des Landes,
- des familles qui prennent en charge leur propre merde pour fertiliser leur jardin,
- les entrepreneurs de la Bio vallée à côté de Crest où la Drôme a retrouvé son eau claire.
J’en arrive à approuver Cécile Duflot :  
« J’ai fait la paix avec cette idée de contrainte : l’être humain en a besoin et il est d’ailleurs inventif lorsqu’il y est confronté. » 
Les  cartes de le Bras sont toujours aussi instructives en replaçant les faits dans une perspective historique : la forêt occupe aujourd’hui en France une surface deux fois plus importante que sous la Révolution. D’autres infographies sont éclairantes et parfois surprenantes «  l’empreinte carbone moyenne d’un français a diminué entre 2010 (11,5t) et 2019 (9,9t).
Le reporter spécialiste de l’immersion dans un milieu, passe ses jours chez un paysan Bio. 
Et le témoignage d’Hélène Frachon concernant le Médiator n’est pas éloigné du thème de l’écologie,
pas plus que l’article concernant « les multinationales si peu imposées ».  
La conversation avec Simone Schwarz-Bart réunissant l’histoire d’un juif et d’une antillaise est intéressante.
Le style des écrivains dans ces 190 pages aiguise l’appétit, nous repose des éructations des réseaux sociaux et nous donne l’impression d’aller plus précisément au cœur du monde :
- entre la Slovénie et Paris avec Brina Svit,
- dans le Cantal avec Marie Hélène Lafon,
- en observant une lumineuse famille recomposée avec Luc Chomarat,
- ou à Descartes le village d’enfance de Laurent Mauvignier,
- quand la littérature révèle les ambitions qui mène de la province et Paris par David Djaïz.
Il y a des photos, aussi les dessins de Mathieu Sapin et une affaire policière non élucidée. 

1 commentaire:

  1. Merci. C'est encourageant.
    Ça fait des années que je me suis... réveillée aux enjeux de l'écologie, qui est en rapport avec..la maison. Comme l'économie, le mot "écologie" contient le fameux "oikos" grec qui est peut-être moins maison que domaine, après tout. Mais moi, j'aime l'idée de maison. De foyer, même.
    Encore que dans le mot "écologie" il y a le "logos", et je m'en méfie beaucoup maintenant, vu que "logos" nous a donné "théologie", et plein d'autres mots qui ont eu tendance à nous... encercler, en fermant bien des portes dans nos têtes. Des fois il est bon que les portes soient fermées, j'en conviens, mais il y a manière, et manière de fermer les portes.
    J'ai entendu déjà que nous sommes plus vertueux que les médias ont tendance à nous asséner avec leur propagande permanente maintenant. Cela ne me surprend pas. Quand on discute avec les gens, sur le terrain, et on entend ce qu'ils essaient de faire, on se dit qu'avec tant d'aspirant vertueux plein de bonne volonté... d'où vient tout le MAL qu'on nous assène du matin au soir ?
    Mais je sais aussi qu'on ne sait pas ce qu'on le fait au moment de le faire, et qu'il faut faire gaffe en s'imaginant... vertueux trop facilement.
    Je suis hostile à l'extension du tout électrique dans nos têtes et dans nos vies, ne serait-ce qu'à cause de l'image organisatrice de "l'électron libre" qui est... une énorme contrainte de société maintenant, déguisée allègrement en "choix" ou en "liberté".
    Bravo pour toute publication qui va sur le terrain et rentre dans le détail en donnant la parole aux gens. C'est... salutaire.

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