L’écrivain en vogue a rassemblé les pages de son journal
écrit entre 2014 et 2017 sous un titre marquant une certaine incertitude, alors
qu’il est costaud, le bougre, dans une introduction prometteuse :
« Un journal
intime est une entreprise de lutte contre le désordre. Sans lui, comment
contenir les hoquets de l'existence ? Toute vie est une
convulsion : une semaine se passe au soleil, une autre dans l'ombre,
un mois dans la paix, un autre sur la crête. »
Au cours de ces 200 pages qui se lisent facilement, je suis
passé par des sentiments divers : j’ai préféré ses découvertes littéraires ou ces descriptions de
paysages
« L’isba s’élève
au bord de l’eau. La nuit, la clarté de la lune allaite le lac »
à ses aphorismes parmi lesquels il convient de faire le tri:
« maquiller de
grands mots ses petites pensées ».
J’allais affirmer qu’il n’a pas l’humour toujours léger, et
pourtant j’ai apprécié cette blague soviétique:
« Un pessimiste
dit : « ça ne peut pas être pire », l’optimiste lui
répond : « Mais si ! »
Quand on estime que des écrits ou des films ont pris un coup
de vieux, on vise à affirmer notre
adhésion à la mode actuelle tout en fustigeant nos mémoires courtes, c'est qu'en ces années là, Kurdes et chrétiens d’Orient n’étaient pas
oubliés, alors que la terreur islamiste venait jusque sous nos fenêtres.
L’auteur qui aime fustiger la modernité
illustre son propos avec quelques sourates violentes. Elles viennent appuyer
Claude Lévi-Strauss affirmant qu'il n'y a pas d'Islam modéré.
La puissance de son écriture s’éparpille dans ce genre bloc
notes écrit en fin de journée, aux allures variées. Il s’amuse à inventer des
devises à trois termes et aime ranimer des mots oubliés : "belliqueux" et
"mahométans":
« Lire un livre
unique, appliquer la lettre, brûler tout le reste. »
La sienne :
« Fuir dans la
montagne, dormir dans les bois, lire peut-être ? »








