samedi 4 juin 2016

Schnock n° 18. Philippe Noiret.

Depuis un moment je n’avais pas fait quelques dévotions au trimestriel destiné aux 27/ 87 ans et avais raté les numéros consacrés à Cavanna, Dutronc, Sardou…
Le plus récent  met la croupe de Mireille Darc en évidence.
Celui là, « mes petits chats», célèbre « le gentleman débonnaire du cinéma français à l’élégance et au phrasé légendaires ». Philippe Noiret.
Quand c’est Tavernier qui s’y colle, c’est du bon.
Lorsque Laurent Chalumeau rédige à propos de Delpech : « le constat amiable » après  que «  l’interprète de « Pour un flirt » et « Quand j’étais chanteur » ait « quitté le building en ce début 2016 », c’est pétillant.
Un joli salut  « sans faire de diabète nécrologique ».
Au moment où les séries occupent les écrans, s’impose un retour vers le commissaire Valentin et ses adjoints Pujol et Terrasson qui constituaient les « Brigades du Tigre » dont les 36 épisodes occupèrent 6 saisons entre 73 et 82.
Je ne connaissais pas plus  les 263 livres de la collection policière « La brigade mondaine » dont j’avais aperçu les couvertures aguichantes qui ne furent sans doute pas pour rien dans leur succès d’édition. La description de la trame immuable et des contraintes familière au lecteur est intéressante. Philippe Muray  en fut un des rédacteurs.
Avec l’ancien secrétaire de Carlos nous entrons dans les coulisses du show biz d’autant plus qu’il fut également le chauffeur de Claude François.
Le rappel des années de plomb où Pierre Clémenti fut emprisonné à Rome apportent  une note de gravité dans le déroulé enjoué du passé qui est la marque de fabrique de Schnock courant tout au long des 175 pages.
Ce style rend attractive « l’épopée pulpeuse d’Orangina » et amusante la petite nouvelle composée autour du couteau électrique SEB :
« On met sa serviette. On retire les coudes de sa table. »

vendredi 3 juin 2016

Tas d’urgences.

Quand les temps changeants se mettent à chanter, les airs sont rebattus et les copié /collé dépourvus de commentaires propres font florès.
Mots et images, chiffres, viennent des machines ; nous devenons machinaux.
Les répercussions de tels usages sur les apprentissages, dont il n’est plus guère question d’ailleurs, amorcent des mutations anthropologiques.
La formule : «  à quoi bon apprendre, c’est sur Internet » avait pu faire sourire dans son ingénuité, elle est devenue la ligne de fuite des petits marquis du défunt ministère de l’instruction publique.
Ainsi chacun sera à sa tablette chaque jour, après tellement d'écrans solitaires, la nuit.
Les animateurs n’auront plus qu’à se préoccuper de la dimension collective, réparatrice, après la réussite à leur examen de tous les jeunes - ne pas dire « élèves » - même ceux qui n’en voulaient pas.
Les réseaux de papa et maman pourvoiront aux carrières à venir pour certains, alors que les abusés à Bac +3 ne voudront nettoyer ni nos vieux, ni nos rues. Le « mérite » ayant été depuis longtemps passé par les fenêtres, avec « transmission » qui fut reconnaissance, « travail » qui était appropriation en vue d’un enrichissement personnel, avec « République » et « laïcité » raptés par leurs ennemis.
Et ce n’est pas parce que l’autre voleur de valeurs avait cité Jaurès que Micro doit donner comme perspective aux jeunes de devenir milliardaire.
Les hommes politiques travaillent avec tellement d’obstination à leur perte de légitimité que quelque soit le texte présenté ce sera : « non ! ».
Un signe de plus de déprime dans une France dont les nuages noirs qui la surplombent allumés par quelques anars en cagoule sont de la même amère essence que d’autres héritiers aux chemises très sombres.
En salopant les distributeurs de billets, ils pensent faire s’écrouler le capitalisme : ce qui me semble une illusion peu éloignée des sensations procurées par quelque jeu virtuel.
La CGT court planter ses drapeaux parmi un mouvement qui la dépasse en faisant jouer les secteurs les plus protégés où elle est encore présente : SNCF, RATP, dockers, livre… EDF qui a bradé ses savoir-faire à des sous traitants maltraités.
Avec des rapports ambigus aux casseurs. La radicalité est un aveu d’impuissance comme les rodomontades de Vals. Faut-il ajouter qu’il suffit à quelques indignés de voir les mots « loi » et « travail » sur un projet pour qu’ils soient révulsés ?
De culture cédétiste du temps de Piaget, je ne sais de quel côté me situer. Depuis cette réforme du collège qui procède des services qui ont servi tous les ministres, où ceux-ci ne sont que des porte paroles, je ne peux dire à ceux qui sont concernés par les réformes du code du travail d’y consentir, alors que dans le domaine que je connais, les orientations en cours me font bondir.
Je n’ai pas lu le livre « Dans la disruption », mais je partage et m’inquiète à la suite de l’auteur  Bernard Stiegler, dans une interview au journal « Le Monde » qui use de ce mot que je viens de découvrir :
« La disruption est un phénomène d’accélération de l’innovation qui est à la base de la stratégie développée dans la Silicon Valley : il s’agit d’aller plus vite que les sociétés pour leur imposer des modèles qui détruisent les structures sociales et rendent la puissance publique impuissante. C’est une stratégie de tétanisation de l’adversaire. »
En reprenant aussi l’acronyme GAFA qui désigne Google, Apple, Facebook et Amazon, il accuse le trait en pensant que :
« la stratégie des GAFA, ne peut qu’étendre leur écosystème et intensifier la colonisation de l’Europe : faire exploser les transports, l’immobilier, l’éducation, toutes les filières, via de nouveaux modèles type Uber. Or cette pratique disruptive détruit les équilibres sociaux, ce que Theodor W. Adorno anticipait en parlant dès 1944 de « nouvelle forme de barbarie » à propos des industries culturelles. »
Après quelques nuits de printemps à dormir debout, il faudrait ouvrir les yeux et se mettre au travail : il y a des tas d’urgence. Santé : le déficit de généralistes devient préoccupant, fiscalité, écologie, éducation : depuis que tout le monde est prof, plus personne ne veut le devenir ... Liberté, égalité, fraternité. 
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Le dessin ci-dessous est du "Canard" de cette semaine:

jeudi 2 juin 2016

Cristina Iglesias.

La basque née en 1959, sous Franco, a été la compagne de Juan Munoz déjà exposé au musée de Grenoble
L’artiste reconnue, du Guggenheim de Bilbao en biennale de Venise, présente au musée de la place Lavalette jusqu’au 31 juillet, claustras et fontaines grâce à Guy Tossato qui avait reconnu très tôt son talent alors qu’il administrait le Carré d’art à Nîmes.
« Œuvre ambiguë, où le paradoxe se mêle au faux-semblant, elle constitue une exploration fascinante d’un univers parallèle, où le réel ne se départit pas du fantasme, où la vérité est double, claire et obscure, douce et cruelle. »
Telle est l’appréciation reportée de site en site internet : la barre est haute.
Notre guide Etienne Brunet va être bien utile pour étendre l’intérêt de ces installations et rappeler leurs tenants et aboutissants : aux sources de l’art en quelque sorte avec ses dérivations.
L’aquarium à l’entrée, entouré de photographies en noir et blanc retravaillées au pastel, joue sur les échelles et rappelle des panneaux ajourés que la créatrice a immergés dans le Pacifique au large des côtes mexicaines.
L’eau peut évoquer l’Alhambra, voire le château d’eau de la place Grenette, le lion et le dragon Isère et Drac, monumentaux au pied de la montée Chalemont…
Dans une autre salle, les lumières accentuent les « espaces feuilletés », les ombres pénètrent derrière les grilles métalliques devant un mur en résine à l’allure liquide, tel un théâtre aux motifs végétaux.
Plus loin une cabane suspendue,  toute de fils métalliques tressés en lanières, se réfère à un livre de Clarke : « Les fontaines du paradis ». Les lettres qui sont formées se lisent de droite à gauche : mélange des cultures.
Au fil des eaux, nous arrivons à un puits où le socle faisant partie de l’œuvre met en valeur un lacis de branchages et de racines aux couleurs de bronze découvert et recouvert par une mini marée aléatoire. La nature confrontée aux structures.

Le jeu d’ombres avec des nattes végétales rappelle les souks arabes sous le soleil et fait référence cette fois au livre « Vathek » de Bedford qui raconte comment un sultan abandonnant sa religion s’interrogea sur sa place dans l’univers.
En passant de salles en salles, notre guide intarissable, évoque aussi bien l’atelier de Brancusi installé dans son intégralité au centre Pompidou car chaque élément s’inscrivait dans l’ensemble, que Palladio qui inventa à l’époque de la Renaissance la notion d’ « espace accéléré », jusqu’à notre contemporain Georges Rousse et ses anamorphoses, expériences de la sculpture passant par la photographie.
Après « La chambre végétale » à la fois étrange et familière, O Keeffe est de retour
accompagnée d’une citation de Huysmans :
« Après les fleurs factices singeant les véritables fleurs, il voulait des fleurs naturelles imitant les fleurs fausses »
« La Porte de l’Enfer » de Rodin et ses effets de collage, de moulage, sait revenir dans nos références pour nous rassurer, si quelques mystères naissant de ces parois monumentales aux miroirs trompeurs nous avaient impressionnés. La foire de l’Esplanade fournit sans doute des émotions plus ébouriffantes.
Un autre puits rectangulaire garni de drapés en aluminium évoque la fontaine de Trévi de l’époque baroque. L’extension pédagogique vient avec le rappel des travaux du suisse Markus Raetz sur les jeux entre réalité et irréalité quand le « non » tourne au « oui ».
Dix huit panneaux en grès rappellent les moucharabiehs mais il conviendrait de dire «  jalousies » pour ces « fenêtres empêchées » qui se réfèrent à José de Acosta missionnaire jésuite en Amérique latine, un des pères de l’anthropologie.
Ils occupent 300 m 2 en face d’une dernière sérigraphie sur métal où un bazar à Beyrouth est vivement dessiné, laissant deviner son dessein, comme l’inévitable Duchamp qui intitula un de ses tableaux « Le Roi et la Reine entourés de nus vites » pour insister sur les conditions de l’exécution.
Le pavillon de cristal en fin de parcours ne peut fournir un refuge ; la nature, pas aussi aimable que Pénone la voyait est boueuse sous un strict caillebottis.
« La Pentecôte » du Gréco prêté par le musée du Prado s’aperçoit depuis le patio, ce serait dommage de ne pas approcher cette œuvre bien expliquée, dont la modernité saute aux yeux.
L’an prochain au musée :
Les années parisiennes de Kandinsky à la Toussaint puis Fantin Latour.

mercredi 1 juin 2016

Les rêveurs lunaires. Cédric Villani Baudoin.

Je ne pensais pas que la rencontre entre le trait charbonneux  d’un maître du dessin et la verve du titulaire de la médaille Fields soit aussi fructueuse : eh bien c’est une réussite, sur des sujets ardus pas tous résolus à l’issue des 190 pages, mais révélant des personnalités inconnues passionnantes.
Nous pouvons essayer de suivre, pendant la seconde guerre mondiale, les recherches de Werner Heisenberg autour de l’atome et nous comprenons ses doutes avec le principe d'incertitude au cœur des relations entre scientifiques et pouvoirs politiques.
 « Un scientifique, ça fonctionne un peu comme une artiste, ou un poète. L’imagination, c’est l’outil indispensable pour créer l’impossible. »
D’autres trajectoires sont décrites : celle d’un des pères de l’informatique qui  a décrypté le code Allemand Enigma, Alan Turing.
Leo Szilard, qui a eu l’intuition de la réaction en chaîne et installa le principe de précaution, pouvait rire de la prophétie d’un autre savant  parlant de l’énergie nucléaire: «C’est une énergie minuscule.Quiconque croit pouvoir l’exploiter est un rêveur lunaire »d’où le titre.
Ces génies étaient modestes, fantaisistes, cherchant au-delà de leur discipline, souvent en conflit avec l’administration, avec des capacités impressionnantes pour anticiper.
Hugh Dowding, le militaire qui contribua à la victoire de la bataille d’Angleterre était tout aussi autonome :
« La rigueur est mère de liberté. »
D’où découlaient quelques principes féconds :
« - Voir les choses sans fard
- Ne pas sous-estimer l’adversaire
- Rien de bon ne se construit sur la peur
- Prendre vite des décisions difficiles
- Ne pas croire aux idées reçues
- Faire confiance et le montrer »
Une documentation riche, partagée agréablement met en lumière le rôle déterminant des chercheurs, révèle des aspects méconnus et réactive des questions fondamentales à l’heure où la notion de progrès n’est plus évidente, quand des politiques à courte vue risquent de favoriser l’émergence de forces obscurantistes qui avaient alors été repoussées.
Avec à l’intérieur une histoire juive :
Ce sont deux enfants juifs, Leo et Ede. Ils se disputent, c’est violent. Ils demandent à voir le rabbin pour régler leur différend. Le rabbin est en train de dîner avec sa femme, mais il accepte de les recevoir.
- Je veux bien entendre ce qui vous oppose. Commençons par toi, Leo.
- Rabbin, nous avons construit cette bombe atomique dans notre jardin. Elle sera bien utile pour intimider nos ennemis. Mais elle peut aussi faire de gros dégâts, et nous ne parvenons pas à nous mettre d’accord sur son utilisation. Rabbin, c’est nous qui avons construit cette bombe, nous en avons donc la responsabilité, et en outre, nous connaissons son fonctionnement mieux que personne. Il est donc logique que nous puissions nous-mêmes décider de son usage.
Le rabbin :- Tu as raison, bien sûr. Que voulais-tu dire, Ede ?
- Rabbin, si nous avons construit cette bombe, c’est avant tout pour l’amour de la curiosité et non pour être utile. Nous ne sommes pas plus doués que les autres membres de la famille pour les affaires sociales, peut-être moins ; son pouvoir affecte tout le monde, et c’est donc au chef de famille de décider ce que l’on en fera ; nous n’avons pas voix au chapitre.
Le rabbin : – C’est clair, tu as raison.
La femme du rabbin :
 - Mais ils défendent des points de vue contraires, tu ne peux pas dire au premier qu’il a raison et au second qu’il a raison !
Le rabbin marque une pause... Il réfléchit, tout le monde attend son verdict... Et il répond à sa femme.
– Toi aussi, tu as raison.

mardi 31 mai 2016

La bible selon le chat. Geluck.

« Au commencement, il y avait les ténèbres… Et Dieu n’ayant pas encore créé la lampe torche, il éprouva quelques difficultés à trouver l’interrupteur… »
Je ne me lasse pas des parodies de la bible surtout quand le Très Haut désigne le dessinateur belge pour porter la bonne parole avec un commandement de plus :
« Tu riras de tout, car, vu qu'on va tous crever un jour, seul l'humour te permettra d'avoir un peu de recul sur les vicissitudes de l'existence »
Et Dieu sait que le livre le plus lu offre quelques occasions de sourire quand il est revisité :
 « Que celui qui ne s’est jamais trompé me jette la première pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église ».
Au quatrième jour, l’Eternel peut enfin manger un bar de ligne très frais car créé le jour même. Descendu de son nuage, Notre Père ne dédaigne pas les carafons de Côtes du Rhône voire en abuse, quitte à commettre quelques bêtises,  mais ça on savait.
« Là-dessus, Dieu ne Bouddah pas son plaisir et s'en Allah car il n'y Yaveh plus rien à ajouter. »
Comme  avec toute Création, il y a du bon et du moins bon, mais il convient de pardonner au Créateur. Habitués à ses gags sur une page, nous pouvons trouver le scénario parfois un peu laborieux, alors que la loufoquerie est souvent au rendez-vous avec des trouvailles savoureuses telle l’identité de la femme du Divin qu’il serait indélicat de dévoiler bien qu’elle se présente on ne peut plus sans voile.


lundi 30 mai 2016

Café Society. Woody Allen.

Pour être dans la répétition ton sur ton, j’exploiterais volontiers l’image des charmes ambrés du whisky qui s’écoule abondamment dans ce film pour me rappeler qu’en vérité c’est du thé qui remplit les carafes.
Fallait-il que les productions précédentes soient si fades pour que cette cuvée paraisse comme la meilleure du siècle aux yeux de la critique ?
La petite musique est là, légère, so jazzy, la voix off aux tons surannés de la vieille littérature tellement nostalgique, délicate, distanciée, allègre et drôle.
De surcroit pas dupe et un brin skizo en accord avec les folies douces qui sont toujours de mise dans ses films, je dirai ma double appréciation du plaisir de venir à un rendez vous annuel si photogénique, tout en m’agaçant de la ferveur si peu critique envers une nouvelle proposition qui revient sur des thèmes sans risques.
Les années 30 : les gangsters dans le béton sont si amusants, les décors si somptueux, Hollywoody si glamour, New York tellement village avec ses kitchs couchers de soleil… Le double du réalisateur est si incertain entre deux sublimes nanas…
Charmantes et charmants, ils nous distraient des brutalités présentes mais ne peuvent prétendre à être un dérivatif beaucoup plus honorable que Zlatan des Emirats ou Roland de chez Garos.

dimanche 29 mai 2016

Ça ira (1) Fin de Louis. Joël Pommerat.

J’aggrave mon cas, quand après 4h 15 de spectacle, je proclame que j’en aurais volontiers redemandé, et m’incruste donc dans la catégorie des snobs hors d’âge.
Il y a pourtant largement de quoi se nourrir dans cette pièce couverte de récompenses aux Molières.
Ce fut tellement stimulant, qu’en ces temps obscurs, cet intelligent éclairage peut fasciner les foules.
Nous parcourons, non pas une galerie mainte fois empruntée couverte de figures à l’origine de notre République, mais affrontons des problématiques d’une actualité brulante !
Louis XVI est le seul personnage nommé, et si Bailly ou Necker sont identifiables, il s’agit  plutôt de la mise en scène, de courants conservateurs, modérés, radicaux, en effervescence, vivement incarnés par des acteurs remarquables.
Les évènements sont documentés sans se perdre dans l’anecdote, depuis la convocation des états généraux jusqu’avant la fuite à Varennes.
J’en ai appris. L’économie était ignorée dans nos écoles de jadis, cela ajouté à mon tempérament, mon  enseignement s’en est ressenti. Si j‘avais placé la révolution française dans la continuité des encyclopédistes, j’ai bien peu insisté sur l’état déplorable des finances qui a justifié le recours à la convocation des états généraux, et sur les pénuries de blé qui ont pu déterminer les foules dans le processus révolutionnaire.
Alors que « Nuit Debout » venait de décamper des abords de la MC2, l’interrogation que leurs incorrects participants ont portée à l’incandescence, concernant les formes de la démocratie, a été abordée depuis les travées de spectateurs jusqu’au plateau avec force et nuances.
Le rêve d’une VI° république est sous-jacent en ce mai 2016, dans ces débats précédant la naissance de la première de nos républiques.
Les rapprochements avec notre époque ne sont jamais superflus, même si Louis fait penser à Albert de Monaco et que les rites monarchiques présentés enrichis de selfies, soient bons pour le 20h.
Des dépêches arrivent au milieu de réflexions qui ont l’intention de s’inscrire pour les siècles à venir ; nous en sommes là entre deux tweets avec bien peu de vision au delà de la prochaine échéance électorale.
Nous partageons les tensions entre les partisans d’une démocratie directe des comités de quartier et les députés qui viennent d’accéder à la démocratie représentative portant tous les espoirs de responsabilité mais aussi les fragilités des hommes. Nous suivons cette dynamique et ses aléas, les passions et les retournements, les opportunismes et le souci de l’intérêt général.
L’auteur est subtil dans sa pédagogie, jamais donneur de leçon.
Cette virtuose superposition d’époques nous réconcilie avec les dispositifs où les acteurs sont dans la salle, et revigore nos passions politiques assommées, en les nourrissant d’Histoire et de générosité.
Une nuit féconde, telle que celle du 4 août, peut-elle se rejouer, un jour ?