Quand les temps changeants se mettent à chanter, les airs
sont rebattus et les copié /collé dépourvus de commentaires propres font
florès.
Mots et images, chiffres, viennent des machines ; nous
devenons machinaux.
Les répercussions de tels usages sur les apprentissages, dont
il n’est plus guère question d’ailleurs, amorcent des mutations
anthropologiques.
La formule : «
à quoi bon apprendre, c’est sur Internet » avait pu faire sourire dans
son ingénuité, elle est devenue la ligne de fuite des petits marquis du défunt
ministère de l’instruction publique.
Ainsi chacun sera à sa tablette chaque jour, après tellement d'écrans solitaires, la nuit.
Les animateurs n’auront plus qu’à se préoccuper de la
dimension collective, réparatrice, après la réussite à leur examen de tous les jeunes - ne pas dire
« élèves » - même ceux qui n’en voulaient
pas.
Les réseaux de papa et maman pourvoiront aux carrières à
venir pour certains, alors que les abusés à Bac +3 ne voudront nettoyer ni nos
vieux, ni nos rues. Le « mérite » ayant été depuis longtemps passé
par les fenêtres, avec « transmission » qui fut reconnaissance, « travail »
qui était appropriation en vue d’un enrichissement personnel, avec
« République » et « laïcité » raptés par leurs ennemis.
Et ce n’est pas parce que l’autre voleur de valeurs avait
cité Jaurès que Micro doit donner comme perspective aux jeunes de devenir
milliardaire.
Les hommes politiques travaillent avec tellement
d’obstination à leur perte de légitimité que quelque soit le texte présenté ce
sera : « non ! ».
Un signe de plus de déprime dans une France dont les nuages
noirs qui la surplombent allumés par quelques anars en cagoule sont de la même
amère essence que d’autres héritiers aux chemises très sombres.
En salopant les distributeurs de billets, ils pensent faire
s’écrouler le capitalisme : ce qui me semble une illusion peu éloignée des
sensations procurées par quelque jeu virtuel.
La CGT
court planter ses drapeaux parmi un mouvement qui la dépasse en faisant jouer
les secteurs les plus protégés où elle est encore présente : SNCF, RATP, dockers,
livre… EDF qui a bradé ses savoir-faire à des sous traitants maltraités.
Avec des rapports ambigus aux casseurs. La radicalité est un
aveu d’impuissance comme les rodomontades de Vals. Faut-il ajouter qu’il suffit
à quelques indignés de voir les mots « loi » et « travail »
sur un projet pour qu’ils soient révulsés ?
De culture cédétiste du temps de Piaget, je ne sais de quel
côté me situer. Depuis cette réforme du collège qui procède des services qui
ont servi tous les ministres, où ceux-ci ne sont que des porte paroles, je ne
peux dire à ceux qui sont concernés par les réformes du code du travail d’y
consentir, alors que dans le domaine que je connais, les orientations en cours
me font bondir.
Je n’ai pas lu le livre « Dans la disruption », mais
je partage et m’inquiète à la suite de l’auteur Bernard Stiegler, dans une interview au
journal « Le Monde » qui use de ce mot que je viens de
découvrir :
« La disruption
est un phénomène d’accélération de l’innovation qui est à la base de la
stratégie développée dans la Silicon Valley : il s’agit d’aller plus vite
que les sociétés pour leur imposer des modèles qui
détruisent les structures sociales et rendent la puissance publique
impuissante. C’est une stratégie de tétanisation de l’adversaire. »
En reprenant aussi l’acronyme GAFA qui désigne Google,
Apple,
Facebook
et Amazon,
il accuse le trait en pensant que :
« la stratégie
des GAFA, ne peut qu’étendre leur écosystème et intensifier
la colonisation de l’Europe : faire exploser les transports,
l’immobilier, l’éducation, toutes les
filières, via de nouveaux modèles type Uber. Or cette pratique disruptive
détruit les équilibres sociaux, ce que Theodor W. Adorno anticipait en parlant
dès 1944 de « nouvelle forme de barbarie » à propos des industries
culturelles. »
Après quelques nuits de printemps à dormir debout, il
faudrait ouvrir les yeux et se mettre au travail : il y a des tas
d’urgence. Santé : le déficit de généralistes devient préoccupant,
fiscalité, écologie, éducation : depuis que tout le monde est prof, plus
personne ne veut le devenir ... Liberté, égalité, fraternité.
.................
Le dessin ci-dessous est du "Canard" de cette semaine:
Non, non, et non! on ne peut pas dire ça:
RépondreSupprimer"La formule : « à quoi bon apprendre, c’est sur Internet » avait pu faire sourire dans son ingénuité, elle est devenue la ligne de fuite des petits marquis du défunt ministère de l’instruction publique."
alors que l'enseignement (surtout dans le secondaire) est toujours le même et que des centaines de milliers de jeunes sont rejetés, non pas à cause "des réformes" mais à cause d'enseignants, souvent syndicalistes, qui continuent de tenir des positions élitistes qui découragent les "élèves" ayant la meilleure volonté...