mercredi 14 septembre 2011

Touristes en chine 2007. # J 24 et 25. Derniers marchés, Hong Kong et retour.


A nouveau un ciel plombé à Kunming, mais pas de pluie. Nous retournons dans les quartiers d’hier, à la recherche du marché aux oiseaux, où l’on vend aussi des hamsters, des écureuils, des lapins, des tortues de toutes tailles, des poissons de toutes sortes, colorés de tous les rouges, de la nourriture pour animaux : vers, coléoptères, petits crabes rouges et noirs. Un marchand d’instruments à vent, après démonstration, incite ma prof de musique à acheter une flûte, un hulusi composé d'une calebasse et de tubes de bambou. Les marchands de cuir font affaire aussi avec nous, au marché couvert où nous achetons encore quelques babioles. Yuizhou passe nous prendre à 12h30 et nous accompagne à l’aéroport. Nous nous apprêtons à attendre 4h avant d’enregistrer nos bagages sur le vol de 21h10. Petit somme pour certains dans le grand vide de l’aérogare après le départ du vol KA 761, où même les policiers désertent. 2h après, c’est un déferlement de voyageurs à destination de Bangkok. Une bonne occasion de réviser toute la diversité du peuple chinois. Dans l’avion, je discute avec mon voisin un américain d’origine chinoise étudiant en cinéma venu avec son « église qui est sa famille».
Arrivée à 23h30 à Hong Kong, nous prenons un petit métro pour rejoindre les guichets de la douane. Il faut changer nos euros en dollars de Hong-Kong ; dans la foulée, la caissière nous vend un billet aller-retour pour l’ Air Express Train. A nouveau, nous montons dans un compartiment pour nous rendre en centre ville où des taxis bien organisés attendent leur tour pour charger les clients dans une discipline qui nous était devenue inhabituelle. Ascenseur évidemment pour rejoindre notre chambre au Central Park hôtel, 283 Hollywood Street au milieu d’une forêt de buildings. Un peu de foot à la TV et dodo après avoir baissé la clim’ programmée sur 18°. Pour ce dernier jour en Asie, café et croissants dans un fast food chinois. Nous passons un long moment dans un magasin d’antiquités avec des statuettes en terre sans doute trouvées dans une tombe, représentant des chevaux, des coquettes en habit de cour, des meubles, des porcelaines. Petit marché dans les rues bien appétissant.Une passerelle au dessus des routes et traversant parmi les buildings de la ville qui compte plus de 6000 habitants au km2 nous conduit rapidement à l’Air express Train. Dernier coup d’œil sur une ville particulière que nous n’avons fait qu’effleurer avant notre retour en France.

mardi 13 septembre 2011

Pachyderme. Frederik Peeters.

L’image de couverture de cette bande dessinée représentant une femme en bottines suspendue dans sa chute juste avant de percuter le sol, peut résumer le propos des 80 planches.
Le temps est arrêté dans les années 50 en Suisse, l’élégance et le mystère se mêlent mais ne mènent nulle part. Le surréalisme est un peu suranné, et un certain onirisme décourage la lecture,
heureusement la conclusion recolle quelques morceaux d’un magasin de porcelaine qui aurait ouvert ses portes à l’animal anecdotique.

Mandala à la Casamaures. 
 Les premiers grains  ont été déposés ce lundi;
l’œuvre éphémère aux motifs décoratifs symboles de la Casamaures sera dispersée
samedi 17 septembre à 17h, début des journées du patrimoine.

lundi 12 septembre 2011

This must be the place. Paolo Sorrentino.

Sean Penn souffle sur une mèche de cheveux, dernière trace rebelle chez le vieil ado déprimé en son manoir. Il traine sa sciatique, sa petite valise à roulettes, tout au long d’un film surprenant, donc intéressant, où le sujet de l’holocauste est évoqué au bout d’une belle balade en pick up.
Le gothique cramé va arriver à secouer l’ennui qui le paralyse non avec un vélo d’appartement resté dans sa housse, mais en mettant ses semelles compensées dans les pas de son père qui vient de mourir.
Des séquences musicales sympathiques se mêlent à des formules drôles, à des sentences fortes. Le récit est parfois loufoque quand un vieil indien vient par exemple s’asseoir à côté du rocker arthritique qui a déposé sa guitare depuis quelques années, mais l’intérêt est maintenu dans un genre tellement parcouru : le road movie aux paysages magnifiques.

dimanche 11 septembre 2011

Benda Bilili : la musique.

Pour prolonger le plaisir d’un des films les plus forts que j’ai pu voir depuis deux ans, le CD du groupe de Kinshasa nous accompagne de sa musique aigrelette qui mixte reggae et blues dans la tradition des « yéyés congolais ».
J’ai déjà écrit sur ce groupe musical kinois dont certains sont atteint de poliomyélite, avec son énergie communicative, quand du fin fond de la misère nous viennent des échos de résilience inoubliables.
A Kinshasa, surnommée « Kin la poubelle », un adulte sur cinq est séropositif et les deux tiers de la population souffrent de malnutrition. Des femmes en particulier ont essayé de survivre en reprenant des usages qui avaient lieu au village dans cette agglomération de huit millions d’habitants : le manioc pousse sur les terre- pleins d’autoroute. Mais les conflits armés ont encore accéléré l’exode rural et ce sont les enfants les plus pauvres qui souffrent le plus : les « enfants sorciers » vivent un calvaire.
En lingala, Benda bilili signifie « au-delà des apparences » et leur CD intitulé « trop trop fort » n’usurpe pas son nom avec ce qu’il faut d’humour :  
« Je dormais sur des cartons Bingo ! 
Je me paye un matelas 
Ça peut toujours t’arriver A toi, à lui, à eux 
Un homme n’est jamais fini 
La chance arrive sans prévenir 
Il n’est jamais trop tard dans la vie 
Un jour, c’est sûr on réussira »
Ils ont réussi.

samedi 10 septembre 2011

Le dépaysement. Voyages en France. Jean Christophe Bailly.

Il est question de chez nous. En introduction : « Si un pays, ce pays, est tellement lui-même, au fond nous ne le savons pas. Ce qui s’impose dès lors c’est d’aller y voir, c’est de comprendre quelle peut être la texture de ce qui lui donne une existence, c’est-à-dire des propriétés, des singularités, et de sonder ce qui l’a formé, informé, déformé. C’est justement parce que certains croient que cela existe comme une entité fixe ou une essence, et se permettent en conséquence de décerner des certificats ou d’exclure (dans le temps d’écriture de ce livre sera apparu un « ministère de l’Identité nationale », aberration qui entraînerait, on allait le voir, tout un train de mesures strictement xénophobes), qu’il est nécessaire d’aller par les chemins et de vérifier sur place ce qu’il en est »
J’ai tellement apprécié ce livre que j’en ai dégusté jusqu’aux remerciements qui illustrent les scrupules de l’auteur, sa minutie, pour continuer d’accompagner les mouvements d’une pensée dont l’honnêteté est à mes yeux le trait principal.
Malgré les multiples références qui appartiennent à l’histoire, à la littérature, à l’architecture, aux sciences de la terre, nous le suivons avec plaisir sur le bord des rivières, dans les rimes d’une comptine : « Beaugency, Notre dame de Cléry, Vendôme, Vendôme… », sur les escaliers de Fontainebleau, aux alentours de la gare de Culoz, comparant Tarascon et Beaucaire, sillonnant la France en tous sens. Les vaches dans le paysage, les publicités pour la Suze (anagramme de Zeus), les arbres ;
si bien qu’aucun lieu ne peut se réduire à « nulle part » dès qu’une main écarte un rideau, entrainant les réflexions de l’ancien collaborateur de Lavaudant dont l’écriture poétique n’est pas un ornement gratuit mais accoucheuse de sens, d’inventions.
Est-ce que des séquoias ont été plantés dans un quartier de Bourges comme le suggérait un ingénieur du paysage de ses élèves, pariant sur l’avenir en proposant la construction d’un lieu aussi remarquable que la cathédrale du centre de la ville ?
A l’heure où la gauche n’a pas le courage - c’est là son défaut premier- d’affronter l’idée d’identité nationale, cet ouvrage est une mine d’observations, de réflexions qui ne se résume pas seulement dans le joli mot qu’il invente : « bariol ». Il ne méprise pas les nostalgiques, sait reconnaître les énergies qui existent dans les banlieues, tout en se gardant de l’angélisme : la coexistence serait déjà un beau projet avant de tartiner de mots creux qui à force d’être mis en ondes n’articulent que du vent.
Au bout des 400 pages : « Ainsi d’un bord à l’autre du pays, les fils décousus d’une trame irrégulière où parfois les fils conducteurs s’interrompent tandis que de petites pelotes finissent par former des nœuds, réseau de synapses semblable à celui d’une carte que la mémoire parcourrait du doigt, comme un enfant suivant les lignes d’un livre ou un aveugle le fin grenage de l’écriture braille » Débats d’aujourd’hui et révisions avec nos yeux d’avant : quand l’histoire rejoint la géo s’envisagent des perspectives à long terme, du sentiment intime d’appartenance à une approche humaniste des autres en leurs lieux. Le paysage est éminemment politique.

vendredi 9 septembre 2011

Ecole primaire : la déprime.

60 000 postes fermés dans l’éducation nationale depuis Sarko. 
Un élève sur 5 décroche. 
150 000 jeunes sortent du système sans qualification. 
La fracture fut dite « sociale », la dette elle, ne serait-elle pas éducative ? 
Elle se creuse salement, et ne se compte pas seulement en Euros.
Les valeurs de l’école se sont désagrégées, une pub anecdotique pour l’Oréal peut- elle assécher encore plus les mots ? L. Chatel était DRH de cette entreprise. 
La formule « quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ?» devient banale, 
la variante est plus riche : « quels enfants allons-nous laisser à la planète ? » 
Qui croit encore aux paroles d’un ministère qui considère l’éducation exclusivement comme un poste de dépense ?
Une profession est piétinée par une hiérarchie installant le conformisme mais qui proclame le contraire de ses actes : « davantage de liberté aux acteurs éducatifs !»  
Le temps d’un reportage, pour journaux télévisés aux ordres, il est question de « soutien » mais les postes de ceux qui sont compétents pour traiter finement des élèves les plus en difficulté sont réduits. 
L’école maternelle fut une fierté nationale, l’âge pour y accéder a reculé. La scolarisation des plus petits est déterminante pour l’avenir, c’est bien pour cela que ceux qui nous gouvernent sapent l’école pour que Betancourt, en mamie gaga, et Carla, maman gnangnan, continuent leur règne impunément. 
Quant aux suggestions de tous bords concernant le collège, beaucoup tournent autour d’une présence accrue des profs dans les murs. Pour ce que je sais, en vivant avec une prof absente de la maison, je me demande comment elle pourrait être plus au collège avec toutes les réunions entre midi et deux, des cours à 13h, des parents à voir et à revoir pendant des plombes pour des orientations qui prennent de plus en plus de temps, préparations et corrections et délivrez nous des livrets de compétences. 
Un article dans Libé évoquait « la bombe à retardement du 11 septembre » : « dix ans durant lesquels l’ethnique et le culturel ont primé sur l’économique et le social ; l’insécurité et la peur, pris le pas sur la liberté et l’égalité ».  
Qui tenait les commandes du gros porteur qui a écroulé les frontons de nos écoles ?

jeudi 8 septembre 2011

Paul Rebeyrolle à la fondation Salomon.

Le peintre originaire du Massif Central, disparu en 2005, est vraiment exposé au bon endroit dans le village d’Alex à proximité d’Annecy.
La fondation Salomon pour ses dix ans nous offre dans son château entouré d’un jardin, où des sculptures remarquables poussent sous les pruniers, un bel espace pour ce Bacon rural, évocateur d’un Soutine déchirant les grillages.
Le vieux sanglier mépriserait ces formules qui font leurs malignes, lui l’autodidacte s’étant abreuvé pourtant aux musées et galeries.
Pour m’être, jadis, approché furtivement des toiles avec un pinceau resté sec, je ressens vivement sa démarche où la peinture se mêle à la terre, aux poils, aux branches. Pour parler aux hommes il expose des animaux, et l’abstraction se confronte à l’impérieuse figuration.
Si j’ai apprécié la jeunesse de notre guide suivi d’une foule de curieux d’art contemporain, je lui conseillerais volontiers, en instit impénitent, de fouiller un peu du côté de la liste des synonymes d’ « énervé » pour mieux décrire l’indignation, la révolte du communiste aux pieds dans la glèbe, au poing toujours levé. Histoire de dépasser une contradiction dans l’exposé qui vise à rassurer le public en insistant sur la normalité du peintre alors que l’exposition crie, dégouline, dérange, arrache, éclate, insiste, nous poursuit.
J’aurai aimé par ailleurs reproduire plus fidèlement une de ses formules qui évoquait l’intervention du peintre dans une série sur les quatre saisons, « comme la trace d’un souffle de vent ».
L’exposition est visible jusqu’au début novembre 2011.