Mes petits enfants ayant réalisé avec leur papa un petit
film d’animation consacré à La préhistoire
https://www.youtube.com/watch?v=gQO8ljNJYjE,
il fallait aller voir sur place de quoi il retournait depuis ces temps reculés.
Une visite près de vallon Pont d’Arc, à
La Grotte Chauvet, du nom de son « inventeur » en 1994,
allait de soi avec ses dessins deux fois plus anciens que ceux de Lascaux.
La
réplique très récente de la grotte originale promettait toutes les séductions
de la muséographie contemporaine.
Le choix de miser sur les applications par
téléphone pour respecter les mesures sanitaires en individualisant les parcours
n’est pas allé sans gène vis-à-vis d’autres visiteurs qui avaient réservé à la
même heure que nous. Cependant la profusion des œuvres, la précision des
reproductions en font un site exceptionnel,
surtout quand la trace d’un doigt dans l’argile semble toute fraîche
alors qu’elle date de 34 000 ans.
A l’entrée
les peintures sont rouges, et noires de charbon de bois en fin de parcours.
Les
techniques varient pour représenter lions, panthères, mammouths, rhinocéros,
chevaux, bisons, rennes, ours et un hibou.
Les parois préparées sont décorées
d’empreintes de mains, les artistes ont utilisé les accidents de la roche,
jouant de l’estompe, évoquant le mouvement et la perspective, avec même un
couple mi-humain mi-animal très tendance en notre siècle anthropomorphe.
Les
hommes et les femmes n’ont pas résidé en ces lieux mais un crâne d’ours sur un
rocher entouré d’autres crânes alignés évoquerait des pratiques chamaniques.
Des
marques de griffes voisinent avec des gravures et des traces de pas d’un enfant
sont inscrites dans le sol pour l’éternité.Si l’interdiction de photographier libère du temps de
cerveau disponible pour suivre les explications, nous nous sommes dispensés de
visiter la galerie de l’Aurignacien ou le campement paléolithique et autre
pôles pédagogiques discrètement installés parmi les chênes verts.
Concrétions,
stalactites et draperies scintillantes sont reproduites dans Chauvet 2, mais
c’est dans les salles gigantesques de
l’Aven
d’Orgnac que les paysages souterrains font valoir toute leur majesté.
Un
siècle sera nécessaire pour que les belles gouttes qui tombent sur la
stalagmite l’augmentent de 1cm.
Nous sommes là dans les temps géologiques
remontant à 100 millions d’années pédagogiquement évoqués dans un petit film
introductif avant de descendre 700 marches à 121 m sous terre. Nous
remonterons en ascenseur. Dans ce royaume minéral subsistent des ossements
d’animaux tombés dans le gouffre, voire jetés par les hommes quand la maladie
ne les conduisait pas dans l’assiette.
La visite est guidée par une vraie
personne et les éclairages facilitent la lecture des panoramas où apparaissent,
stalagmites et colonnes, palmiers de calcite et Tour de Pise, piles d’assiettes
ou évocation de kébabs, tuyaux d’orgues...
La salle Joly du nom d’un des
découvreurs (1935) qui pourrait contenir un terrain de foot, est haute comme un
immeuble de 12 étages. Des spéléologues aperçus avec leurs échelles de corde
tout petits nous donnent l’échelle.
Un spectacle son et lumières conclut
agréablement l’heure et demie de visite où le gilet est de rigueur.
Et c’est dans la cité
de la préhistoire de ce site accueillant que nous révisons le passage du paléo
au néolithique avec des outils interactifs qui fonctionnent, des maquettes bien
faites, des objets authentiques bien choisis, des animaux naturalisés avenants.
De
somptueuses images projetées la nuit sur
le
pont du Gard évoquant les arts de différentes époques, de différentes
cultures, ont révisé les peintures pariétales de par ici, parmi les évocations
de Gaudi, de l’art aborigène et les prouesses d’Eiffel…
Un guide un peu lourd
avec ses blagues sur les belles mères et les touristes (qui le font vivre) nous
avait tout de même renseignés sur l’aqueduc.
Sur les 360 m initiaux subsistent 275 m qui ont échappé aux
prélèvements des riverains après l’interruption de l’alimentation en eau par
les
Francs qui comptaient assoiffer les
Wisigoths installés Nîmes.
Le canal de 50 km sur un dénivelé de seulement 12 m avait alimenté pendant
500 ans les termes et les fontaines de la
Colonia Augusta Nemausus (Nîmes) depuis Uzès.
La plus haute
construction de l’empire romain (49
m) au premier siècle de notre ère est une prouesse
technique réalisée en 5 ans avec des pierres pouvant atteindre 6 tonnes et
posées sans mortier. Un enduit rouge assurait l’étanchéité du troisième étage
et signalait ainsi la limite à ceux qui étaient chargés de gratter les dépôts
de calcaire qui aujourd’hui ont rendu le conduit très étroit. Au moyen âge des
échancrures furent opérées pour permettre
à des charrois de franchir la rivière mais le
trafic imposa au XVIII° siècle un passage adossé à la construction initiale qui
n’a pas bougé même sous les crues impressionnantes du Gardon.
Les cars et les
voitures y ont circulé jusqu’en 2000.