En passant après tant d’autres, je ne titrerai pas:
« De quoi Marine est-il le nom ? » pour ne pas recopier
indéfiniment une formule qui fut féconde concernant quelque « Déprimante
majesté » sur le retour. Le tourment FN vient de plus loin et dépasse les
Le Pen et leur Pétain de querelle.
Les discussions concernant la montée ou la stagnation de
l’extrême droite par rapport aux inscrits, aux votants me semblent vaines.
C’est tellement navrant de voir que la moindre chèvre, pourvu qu’elle porte une
casaque « bleu marine » ait pu obtenir tant de voix, qu’il conviendrait
de causer de la chose.
La formule de Gramsci selon laquelle: « la victoire culturelle précède la victoire politique», mise à toutes les sauces, participe
d’un requiem plutôt que d’un sursaut, de puissantes mâchoires se sont approprié
la formule et dégustent la prophétie.
Les peurs sont agitées : petite
moustache et grandes barbes.
Le moindre mot ferait le jeu du FN: par
exemple reconnaître qu’à gauche nous n’avons su voir la montée de la
religiosité alors que ces furieux l’avaient pressenti, certes d’une façon
étroite et obsessionnelle, mais anticipant sur des mouvements inquiétants. De
surcroit ils ont préempté une laïcité abandonnée et surfé sur les errances de
l’Europe.
Emettre de tels propos me placerait dans la cohorte des lecteurs fourvoyés
de Julliard, Michéa, Bouvet, mal vus par quelques policiers de l’entre soi, qui
ont immolé depuis longtemps Finkielkraut pour sorcellerie. Qui peut suivre ces
maîtres penseurs à de telles hauteurs éthiques, sinon d’étiques troupes ?
Toute pensée est stérilisée, les doigts
deviennent gourds sur les claviers.
« La route des
enfers est facile à suivre ; on y va les yeux fermés. » Bion de Boristhène
Par quels retournements sommes nous
passés ? Le prolétariat était le salut de l’humanité, il est devenu son
effroi, objet de mépris des camarades intellectuels désormais établis du côté
de sciences po, plutôt qu’aux alentours des abattoirs Doux, des ateliers de la Peug’ ou des parkings à
routiers.
« Comme je
descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. »
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. »
« Intello » est depuis si longtemps
une insulte dans les salles de classe, avec la complicité de ceux qui font
profession en principe d’élever les jeunes et non de les flatter, qu’il faut à
quelque jeune audacieux, si peu moderne, ruser pour continuer à vouloir apprendre.
La chasse à l’intellectuel, tellement
intériorisée par les profs eux-mêmes qui ne veulent surtout pas passer pour des
donneurs de leçon, est devenue banale. De surcroit, les coups de carabine, ne portant
plus très loin, sont réservés aux voisins.
La réduction de toute parole à 140 signes,
l’effondrement de la lecture, l’effacement de l’histoire, la disparition de la
rédaction patiente, élaborée, personnelle, ont préparé le terrain : la
dèche ou Daech !
Front contre front, « de gauche »
contre le « national », rejouant 14. En reprenant l’intitulé, ils s’amusent,
mais les verbes hauts ne sont pas à la hauteur. Le « F… de gauche » a
joué au « ni ni » aussi, il n’y avait pas que Sarko dans cette hystérisation du débat, cette
simplification suicidaire. Ah ! Ils pourront pleurer sans vergogne sur
les décisions prises par la droite qui
ose maintenant se proclamer telle, revenant en pire.
Appointé fonctionnaire, ayant demandé à de
cohortes d’élèves jadis globalement appliqués d’apprendre leurs leçons, je sais
bien le rejet de toute une population à l’égard des profs, des médias, des
politiques, des dirigeants qui à défaut de diriger l’économie, se donnent
l’illusion de commander les consciences. Le regroupement des nostalgiques d’un
passé réinventé et des frustrés d’aujourd’hui qui demandent à l’état de leur
assurer l’avenir vers lequel ils n’ont même pas l’idée de tendre les bras, est funeste.
« Fileur
éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! » Rimbaud
Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! » Rimbaud
La poésie comme un refuge pour éviter de tomber dans
« l’infobésité » suivant un mot qui m’a semblé heureux dans un spasme
récent de France Inter qui au moins pendant sa grève nous a dispensé de
Trapenard.
........
Hier, je n'ai pas publié, car un câble ayant été rompu suite à des
travaux dans le quartier, les ordinateurs n'étaient plus utilisables. L'incident passé, j'ai trouvé ce dessin sur la toile: