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lundi 18 décembre 2023

Fremont. Babak Jalali.

Film en noir, blanc, gris et plans plans fixes, au format carré, simple et reposant.
Prix du Jury du Festival du Cinéma américain de Deauville.
Fremont est une ville de la banlieue de San Francisco où réside une forte colonie afghane.
Une jeune fille ancienne traductrice pour l’armée américaine avec des problèmes de sommeil rédige des messages à insérer dans des biscuits destinés aux restaurants chinois.
Le réalisateur d’origine iranienne vivant en Angleterre nous livre une histoire mélancolique et douce, sans méchant ni trompette moralisatrice.  
Nous partageons la recherche de l’ouvrière interprétée par une actrice non-professionnelle qui ne joue pas les victimes mais avance, sans qu’il soit besoin de faire appel aux mots « insertion » ou « diversité » s’éprouvant, se prouvant, plutôt que de se proclamer.
Elle veut tourner une page, un psy accro à Croc Blanc lui en livre quelques pages et permet d’apporter une note d’humour que je n’avais pas décelée.
Nous souhaitons à Donya, maintenant qu’elle nous est devenue familière, un avenir apaisé promis par un dernier plan crédible dans toute sa banalité.
Au guichet du cinéma chaque spectateur avait droit à son petit biscuit (« fortune cookies »), dans le mien j’ai trouvé la formule :  
« si  vous vous trompez vous existez ».

lundi 11 décembre 2023

Le testament. Denys Arcand.

La satire aurait mérité plus de rythme mais l’indolence du film de 1h 50 est à l’image du personnage principal pensionnaire dans « une maison des ainés ».
Il adoucit par sa rondeur l’ironie de l’auteur du « Déclin de l'empire américain » (1986).
Vieux mâle blanc, je comprends tellement ce vieux dans son incompréhension du monde actuel,  trop excusée par son âge.
J’ai eu envie de voir cette comédie tant la critique du « Monde » était méprisante, forcément l’intersectionalité des luttes y est ridiculisée, le wokisme moqué, et l’octogénaire ne fait pas de courbette à cancel culture installée sur la place laissée vide par notre culture défaillante dans la transmission.
Si le fil sentimental m’a paru artificiel, les coups de pattes envers les médias dramatisants, les politiques opportunistes m’ont réjoui. 
Les vieux qui s’appliquent à faire du sport ou des jeux électroniques ont droit aussi à de gentilles caricatures qui m’ont parues plus contestables quant à la dénonciation de la perte des libertés par les téléphones portables ou les incertitudes lors de la crise du COVID.
Mais que diable, quand il s’agit de voir son camp moqué, on ne va pas ajouter le manque d’humour, aux dérives inquiétantes de ce monde!

lundi 4 décembre 2023

Napoléon. Ridley Scott.

Nino 10 ans : J’ai bien aimé ce film car il y avait de la bataille. Des scènes sont choquantes comme à un moment quand Napoléon veut faire déguerpir les anglais de Toulon. Il charge et paf !  son cheval se prend un boulet de canon. A la fin de la bataille, Napoléon prend le petit boulet qui était dans le cœur de son cheval et dit : « pour ma mère !» 
Donc c’était un peu glauque et d’autres fois pareils. Mais j’ai adoré quand même. 
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Les commémorations discrètes autour du bicentenaire de la mort de Napoléon en 2021 ont suscité moins de commentaires, me semble-t-il, que le dernier film de l’auteur d’Alien et de Thelma et Louise.
Pourquoi un anglais ne serait-il pas légitime pour présenter sa version ? Quitte à aller voir ce qui est contestable, réviser ou apprendre. Par exemple, j’ignorais tout des relations du tsar Alexandre 1° et de Joséphine dont la personnalité n’est pas secondaire dans cette œuvre de 2h 30 trop courte pour faire valoir la dimension politique de la trajectoire qui a amené le général de la Révolution à devenir Empereur.
Certes on peut trouver contestable l’esthétisation de la violence guerrière mais les images d’actualité font naître encore plus sûrement des cauchemars chez les enfants, peu nombreux à cette séance de fin d’après midi, quand l’ignorance de l’histoire se cultiverait sous de lénifiantes intentions essayant de masquer la sauvagerie du monde. Ils ne sauront que mieux  en apprécier bonté et beauté.
A voir.

lundi 27 novembre 2023

Simple comme Sylvain. Monia Chokri.

Une professeure de philosophie confortablement installée dans sa vie de quadra s’éprend d’un artisan: de cette affaire banale d’amour réciproque, la réalisatrice qui apparaît dans le film a d’autant plus de mérite qu’elle nous livre une comédie bien enlevée, parsemée d’observations percutantes sur les différences de classe sociales et de réflexions à propos de l’amour de Platon à Spinoza. 
« La première fois qu'on partira sait-on jamais
Nous choisirons le seul endroit encore secret
Où nous pourrons dans l'eau profonde
D'un fleuve à découvrir encore
Nous aimer comme si notre amour c'était la mort » 
 Arthur Rimbaud, non Michel Sardou.
Les sous-titres en français de cette comédie romantique québécoise sont utiles pour savourer les expressions délicieuses des habitants de « La belle province ».
Et c’est bien le langage le sujet principal de ces deux heures douces amères. 
« Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue »
 
Robert Charlebois.

lundi 20 novembre 2023

Flo. Géraldine Danon.

Oui, encore un biopic et alors ? 
Le cuirassé Potemkine étant à la casse, quelques destins individuels peuvent être intéressants voire édifiants pour les amateurs de leçons à donner.
L’existence flamboyante et dramatique de Florence Arthaud, fille d’un libraire grenoblois par ailleurs éditeur de Tabarly, valait bien un film. 
Entre deux accidents sévères de voitures qui lui ont valu un retrait de permis, elle s’est permis avec une énergie extraordinaire de damer le pion à tous les coureurs mâles des mers. L’expression: « sacrée bonne femme ! » aurait des relents un peu popote à l’opposé de l’indomptable. Alors « Quelle femme ! » plus élémentaire, moins familier, rendrait mieux compte d’un engagement féministe déterminé qui n’oublie pas de séduire. 
Sa confiance en elle renverse les montagnes, sa ténacité la sauve.
Le format de plus de deux heures aurait pu être plus ramassé, sans sacrifier de belles scènes de mer, et la musique conventionnelle se montrer plus discrète mais l’actrice Stéphane Caillard est  charmante même si son personnage peut se montrer déplaisant, rançon de sa détermination. 
Je suis plus compréhensif envers un père inquiet que vis-à-vis de l’héroïne aux imprudences magnifiques mais suicidaires, pour une vie intense achevée à 58 ans.  

lundi 13 novembre 2023

Killers of the Flower Moon . Martin Scorsese.

Un grand film qui permet de vérifier que la notoriété n’est pas toujours illégitime quand on retrouve des acteurs familiers, De Niro, Di Caprio, à la hauteur et le réalisateur octogénaire au sommet de son art
Plus de trois heures de projection permettent de nous immerger dans la beauté de l’Oklahoma et d’apprendre ce qu’était, après la première guerre mondiale, la condition des indiens Osage rendus très riches avec le pétrole exploité sur leurs terres.
Comme avec les chasseurs de phoque du pôle Nord  
je complète les images colorées des westerns manichéens de jadis
où le blanc était le bon et l’indien le méchant, ou l’inverse ces dernières décennies. 
Cette fois les crimes des malfaisants longtemps impunis vont être enfin divulgués. 
Complexité et ambigüités sont abordées, manipulations et trahisons développés. 
On vérifie que la bêtise et le conformisme participent efficacement à la noirceur de l’âme humaine. 
Mais la lâcheté, la violence, le cynisme peuvent aussi croiser l'amour, la confiance, le respect.
Film ample, profond, fort sans être assommant, beau sans être esthétisant, donnant à réfléchir sans affirmer lourdement.

lundi 6 novembre 2023

Un coup de maître. Rémi Bezançon.

Que demander de plus à un divertissement puisque les acteurs sont adéquats pour jouer l’amitié entre un artiste peintre et son galeriste ?
L’humour vis en vis d’un milieu qui n’a pas besoin de caricatures pour se ridiculiser se garde d’exagérer. Avec la chronique pourtant classique d’une amitié entre hommes aux caractères différents, nous sont offerts de bons morceaux de rigolade quand le suicidaire se trouve des prétextes pour ne pas se suicider où lors d’inévitables provocations.
Une occasion de se complaire dans notre ignorance nous est donnée avec les NFT (Non Fungible Tokens, jetons non fongibles) dernières technologies exposées au centre Pompidou : « Poétiques de l'immatériel du certificat à la blockchain », le galeriste à l’affut des tendances a lui même décroché. 
On se contentera de sourire aux intransigeances d’ex soixante-huitards ne négligeant pas les parachutes complices.
Bouli Lanners 
et Vincent Macaigne complices sont délicieux. 

dimanche 5 novembre 2023

Nanouk l’Esquimau.

Un grand chasseur cherche de la nourriture pour la survie de sa famille. 
Il a la vue très développée : un jour il réussit à trouver un trou de 1cm, là où respire un phoque.
Chez nous, les français on utilise le cochon pour tout faire (les boyaux : la peau du saucisson, la chair : le saucisson …). 
Là bas, c’est le phoque on l’utilise pour confectionner les bottes, les couvertures, les kayaks, les vêtements, la lumière…
Il y avait de la musique en live. J’ai été étonné quand on a dit qu’il y avait de la batterie, de la harpe en plus des claviers. C’était très bien. 
Nino. C. 10 ans
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Le mot « esquimau » ne désigne plus qu’un ensemble de langues, les Inuits préférant être nommés du nom de leur tribu particulière, bien qu’une première traduction aujourd’hui remise en question signifiant « mangeur de viande crue » est attestée dans ce film de cent ans d’âge. 
Par contre le bâtonnet glacé de chez Gervais doit son nom au héros de l’histoire au succès planétaire, suscitant des émotions qui ont surmonté le temps.
L’expression «  retour vers la civilisation » après un premier tournage n’est plus de mise, alors que ces 70 minutes convoquent notre admiration en suivant la vie quotidienne de ces familles survivant dans des conditions extrêmes.
La musique lors de ce ciné concert aux accents contemporains participe à la dramatisation des enjeux et à l’universalité de nos étonnements, de nos sourires, de nos peurs.
A les voir sans gants la plupart du temps, nous frissonnons. Il ne faut pas que la température dans l’igloo dépasse zéro degré.
Nanouk qui signifie « ours » est mort de faim peu de temps après la rencontre avec Robert Flaherty qui s’était repris à deux fois pour réaliser ce premier documentaire de l’histoire du cinéma.     

lundi 30 octobre 2023

Linda veut du poulet par Chiara Malta et Sébastien Laudenbach

C’est l’histoire d’une petite fille. Son père est mort quand Linda était bébé, quant à sa mère elle doit se débrouiller seule dans une maison mal entretenue depuis la mort de son père.
Linda aime beaucoup la bague de sa mère offerte pour son mariage.
Un jour, elle demande à sa maman si elle peut emmener la bague à l’école, celle-ci bien évidemment dit : non. À la fin de l’école Linda rentre et sa mère ne trouve pas la bague. 
Elle lui demande si c’est elle qui l’a volée, elle dit « non ». Sa mère ne la croit pas donc elle emmène Linda chez sa tante Astrid (le préjugé de la tante méchante).
Sa mère rentre chez elle et découvre sa bague dans le vomi de son chat. Elle accourt chez sa sœur et elle dit à Linda : « dit moi ce que tu veux pour me faire pardonner »
Linda répond : « JE VEUX DU POULET AU POIVRON ! » 
J’ai beaucoup aimé ce film de mémoire et d’amitié car il y a beaucoup de retournements de situation.Nino Chassigneux 10 ans …………………………………………………………………………………
Film à la fois réaliste et poétique, abordant les sujets du deuil et de la mémoire, et traitant le monde de l’enfance avec une justesse rare.
Une petite fille a fait promettre à sa mère un poulet aux poivrons, mais tous les magasins sont fermés et une fois le promis à la casserole bien vivant trouvé, il va falloir le sacrifier d’où poursuites, dans un environnement peuplé de personnages drôles, sensibles, solidaires. 
Des blessés de la vie se débrouillent au pied des grands ensembles, dans un contexte de grèves. 
De petites filles joyeuses, insufflent une belle énergie à cette heure et quart dont il ne faut pas manquer le début pudique, subtil qui donne le ton avec profusion d’inventions graphiques, étonnantes, touchantes, lyriques dans les moments chantés.
Comme le titre énigmatique le laisse entendre, la fantaisie, l’originalité sont au rendez-vous.
Le prix du festival d’Annecy vaut bien certaines palmes cannoises.

lundi 23 octobre 2023

Déserts. Faouzi Bensaïdi.

Ce film marocain ose le burlesque en milieu miséreux.
Deux compères en costard-cravate font le tour des familles qui n’ont pas remboursé leurs emprunts mais leurs conditions de vie ne sont guère différentes des pauvres malheureux qu‘ils sollicitent.
Le road-movie bifurque en cours de route vers la poésie. Les paysages magnifiques 
appellent le western parodique en voiture poussive avec passager perturbateur.
La dimension politique est très présente avec banque prédatrice et foule candidate à l’exil sans que soient assénés de leçons des insoumis de palace.

lundi 16 octobre 2023

Les Herbes sèches. Nuri Bilge Ceylan.

G
rand, très grand film, magnifique et profond, fouissant les ambigüités d’une adolescente, de deux hommes et d’une femme en manège à trois.
L’hiver anatolien est photogénique pour le personnage principal auquel le réalisateur n’a pas donné le beau rôle, mais ce prof de dessin au magistère amer nous interroge. Les rapports qu’il entretient avec son colocataire, ses élèves, le mépris qu’il porte au milieu dans lequel il s’estime relégué est racheté par son regard poétique sur une nature qui ne connaît que deux saisons où les herbes à peine délivrées de l’hiver sèchent très vite sous le soleil.
Il se pourrait bien que ce soit une métaphore de la vie examinée à travers de riches dialogues où il est question d’envies d’ailleurs, de conflits entre liberté et fraternité. 
La mélancolie adolescente peut sévir de part et d’autres du bureau du maître, les questions existentielles ont plus de sens dans un village glacé qu’au bord du bobo canal Saint Martin.
Une fulgurance cinématographique nous rappelle que nous sommes au cinéma et dans le même souffle nous offre un miroir pour nos humaines faiblesses. 
Il fait bon retrouver le réalisateur
dans une durée de 3h 20 convenant parfaitement pour compléter les obscurités non révélées sous une couche de neige crissante.

lundi 9 octobre 2023

Le livre des solutions. Michel Gondry.

Le film du bricoleur 
a prolongé agréablement notre déambulation dans une brocante que nous avons parcourue avant la séance.
«  Le livre des solutions » n’était qu’un gros cahier vierge, et au cours d’une mise au vert dans les Cévennes chez la tante du réalisateur foutraque, il va s’étoffer de trouvailles en pagaille du tyrannique héros à l’égo excentrique.
Il devra passer son temps en excuses, mais nous nous serons bien divertis pendant 1h 42 tant les inventions bonnes ou calamiteuses abondent. 
Légèreté, modestie, originalité composent le portrait d’une valeur sûre et fragile, accessible et ambitieuse, amusante tout en témoignant des méandres de la création et des contours de la production.

lundi 2 octobre 2023

Oppenheimer. Christopher Nolan.

Les productions précédentes du réalisateur ne m’avaient pas laissé de souvenirs impérissables
et je ne me sentais pas à priori intéressé par les états d’âme du père de la bombe atomique.
Eh bien, j’ai beaucoup aimé ce film à la rencontre d’un personnage passionnant, car ambigu face à un dilemme colossal à la mesure de la puissance des dieux avec la machine de mort qu’il a mis au point : 200 000 morts à Hiroshima et Nagasaki.
La reconstitution du puzzle narratif est stimulante mêlant excitation intellectuelle, luttes de pouvoirs et vie sentimentale,  identité juive face au régime nazi et fierté américaine.
Et surtout quelle responsabilité face à l’humanité : prométhéen !
La durée de trois heures permet de mesurer l’omniprésence et la virulence de l’anti-communisme, les aléas de la notoriété et l’aptitude d’une nation à mener un effort de guerre colossal.
La puissance financière, la mobilisation massive des scientifiques sur un site constitué de toute pièce au milieu du désert au Nouveau Mexique dans un contexte historique on ne peut plus brûlant sont parfaitement évoqués sur une musique efficace et des images séduisantes, un montage haletant qui permet de donner à réfléchir avec des dialogues approfondis où se risquent des enjeux cruciaux.

lundi 25 septembre 2023

Un métier sérieux. Thomas Lilti.

Film juste concernant les profs aux vies privées touchées par un métier exigeant.
Nous avons une idée de leur histoire personnelle et suivons leur chaleureuse existence en groupe dans un collège qui n’est pas réduit en machine à reproduction sociale devenu le B.A. BA du discours obligé contre l’Education Nationale.
Il s’agit d’un hommage à des consciences professionnelles ordinaires et non à d’exceptionnelles personnalités, pas plus qu’à de caricaturaux spécimens souvent sujets à railleries cinématographiques.
Vincent Lacoste, François Cluzet, Louise Bourgoin, Adèle Exarchopoulos, William Lebghil et quelques ados sont excellents sous les ordres d’un réalisateur humaniste qui a déjà ausculté le monde médical
Les fenêtres qui ferment mal, les alertes, le conseil de discipline, tant de notations fines évoquent sans s’appesantir le « pas de vague » ou comment placer les limites, mais aussi comment intéresser les élèves. 
Ce film sérieux non dépourvu d’humour peut accueillir au bout d’une heure quarante, 
les tendres paroles de Francis Lemarque sur une musique d'origine russe : 
« Le iemps du muguet ne dure jamais
Plus longtemps que le mois de mai
Quand tous ses bouquets déjà seront fanés
Pour nous deux, rien n'aura changé
Aussi belle qu'avant
Notre chanson d'amour
Chantera comme au premier jour »

lundi 18 septembre 2023

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. James Mangold.

Les cygnes désenchantés livrent d’ultimes images depuis l’usine à rêves hollywoodienne, 
et nos héros d’enfance so frenchies persistent.
Si des silhouettes s’effacent, 
ceux que nous avions tant aimés s’accrochent
et reviennent danser.
Bond lui même  a-t-il dit son dernier mot ?
En tous cas « Indy », Indiana Jones, parti à la recherche d’un cadran qui prévoit de « grandes perturbations » dans l'Histoire, a été rajeuni grâce à des effets spéciaux, alors que plusieurs temporalités s’emboitent, et ont même failli s’entrechoquer. 
Le film dure 2h et demie et cligne des deux yeux pour les fans de la saga en son cinquième épisode plein de rythme, d’humour.
Nous visitons des lieux ensoleillés dans des poursuites récurrentes en tok tok ou en petite Fiat. Notre nostalgie peut être fouettée par Harrisson Ford boosté à 80 ans par sa filleule, et s’accorder à notre mélancolie.

lundi 11 septembre 2023

Vers un avenir radieux. Nanni Moretti.

La dimension ironique d’un tel titre ne peut nous échapper, dans notre époque désenchantée, voire lors d'un retour vers les années 50 évoquées dans un film dans le film, quand les chars soviétiques entraient dans Budapest. 
Le cinéma est beau qui peut transformer les souvenirs, jouer avec les sentiments, se regarder jouer et ne pas être dupe. 
Il nous distrait : les débats à propos du positionnement du parti communiste italien sont lointains, l’extrême droite est au pouvoir au pays de Gramsci.
Mais je suivrai la recommandation de consommer ce cinéma citant Fellini, avec des projets de dégustation de glaces, voire de voyage à Rome pour une langue exceptionnellement bien articulée et les musiques du temps où Ramazzoti et Dassin étaient de la même patrie:
« Et si tu n'existais pas
J'essaierais d'inventer l'amour
Comme un peintre qui voit sous ses doigts
Naître les couleurs du jour »
 
C’est bien bon quand les cinéastes les plus fameux réinterrogent leur art
quand la dépression est proche d’un lyrisme enjoué dans un foisonnement fécond où le narcissisme omniprésent devient le nôtre et que les animaux tristes du cirque d’hier côtoient les commerciaux de Netflix.

lundi 4 septembre 2023

Àma Gloria. Marie Amachoukeli.

Les mots « merci » « pardon » ont toute leur importance dans ce film tourné à hauteur d’enfant. Histoire d’amour éperdu d’une petite fille envers sa nounou remplaçant sa maman morte d’un cancer. Cette seconde maman Capverdienne doit retourner dans son île d’origine pour l’enterrement de sa propre mère et la naissance d’un enfant de sa fille. 
La petite française la rejoindra le temps des grandes vacances.
Les deux actrices nous entrainent parmi leurs rires et leurs larmes, dans une proximité de tendresse qui redonne foi en l’humanité quand la subtilité rencontre la simplicité. 
Gentil mélo mais pas trop, juste comme il faut.

lundi 26 juin 2023

L'île rouge. Robin Campillo.

Comme ci comme ça, moite/moite pour ce film en milieu militaire où pendant la première partie le rouge de la latérite est le seul indice d’une localisation à Madagascar et devient en conclusion la coloration d’une décolonisation arrivant en 1972 dix ans après sa proclamation.
Loin de « Coup de torchon »  vraiment moite
nous pouvons regretter aussi la puissance subtile de Gaël Faye
cependant des séquences sous leur aspect anodin laissent percevoir une inquiétude; l’innocence va se perdre, fatalement.
Le tendre récit à hauteur d’un enfant amateur de Fantômette disparaît quand les autochtones fantomatiques s’émancipent au moment des prolongations qui nous ont menés à près de deux heures de projection, Napoléon d’Abel Gance on the beach, compris.
Décidément, touristes, fils de parachutistes, nous ne sommes plus les bienvenus à la descente de gros porteurs dans les îles aux plages magnifiques.

lundi 19 juin 2023

In flames. Zarrar Kahn.

Un père de famille pakistanais vient de mourir. Son épouse, sa fille et son fils doivent se débrouiller- surtout elles. 
La chronique des jours et de la relation entre générations est paisible jusqu’à ce qu’une brique soit lancée contre le pare-brise de la voiture que la jeune fille conduit. 
La belle cependant commence une gentille romance avec un doux jeune homme, en discordance avec une société où les comportements et les lois étouffent la liberté dans des proportions inimaginables au XXI° siècle. 
Un drame survient qui fait naitre de nouveaux fantômes. 
Les non-dits génèrent la folie alors que la réalité de « briques et de brocs » est soumise aux malhonnêtes. 
Dans la narration, le genre fantastique convoqué pour supporter une existence d’oppression, brouille les connaissances que nous aurions pu acquérir sur un pays brutal, trois fois plus peuplé que la France.  

lundi 12 juin 2023

Wahou! Bruno Podalydès.

Deux agents, pardon, conseillers immobiliers, essayent de vendre du neuf et de l'ancien. Acheteurs et vendeurs se croisent et des destins s'envisagent.
Ce serait exagérer de reprendre le titre « Wahou » pour donner son avis sur ce film qui respecte jusque dans sa durée d’une heure et demie, le genre film comique français et sa farandole d’acteurs d’expérience : Karin Viard, Sabine Azéma, Agnès Jaoui, Bruno Podalydès, Denis Podalydès, Nino Podalydès, Jean  Podalydès, Eddy Mitchell…
L'interjection devenue banale comme un émoticône marque l'enthousiasme en des nuances variées. Sa brièveté sommaire est attendue de la part des clients dans un milieu qui abuse d’une phraséologie à « fort potentiel » ridicule avec placard devenu « dressing parental » et jardin « piscinable » bien que le train passe au bord d’un « bien d’exception ».
Nous pouvons apprécier ce moment de nonchalance teinté de mélancolie quand est rappelée l’idée que nous sommes tous locataires, même les propriétaires provisoirement d'ici bas.
Qui a dit que « le triangle d'or de Bougival » n’existait pas ? 
La réponse charmante conclut une séquence rigolote.