lundi 27 novembre 2023

Simple comme Sylvain. Monia Chokri.

Une professeure de philosophie confortablement installée dans sa vie de quadra s’éprend d’un artisan: de cette affaire banale d’amour réciproque, la réalisatrice qui apparaît dans le film a d’autant plus de mérite qu’elle nous livre une comédie bien enlevée, parsemée d’observations percutantes sur les différences de classe sociales et de réflexions à propos de l’amour de Platon à Spinoza. 
« La première fois qu'on partira sait-on jamais
Nous choisirons le seul endroit encore secret
Où nous pourrons dans l'eau profonde
D'un fleuve à découvrir encore
Nous aimer comme si notre amour c'était la mort » 
 Arthur Rimbaud, non Michel Sardou.
Les sous-titres en français de cette comédie romantique québécoise sont utiles pour savourer les expressions délicieuses des habitants de « La belle province ».
Et c’est bien le langage le sujet principal de ces deux heures douces amères. 
« Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue »
 
Robert Charlebois.

1 commentaire:

  1. Il y a quelques années, je suis allée voir "Pas son genre", et là encore... je me suis sentie bien seule dans les observations que le film a fait naître en moi. Un certain attachement pour le jeune prof de philo qui ressentait le besoin de s'éloigner de ses "amis", de son Paris empaillés, dans la nécessité de porter le flambeau de la Capitale, de la Grande Civilisation de la Capitale, etc etc. Son désir de s'aventurer en dehors de cette case, et voir comment d'autres pouvaient vivre. Vivre autrement, même. Oui, je peux comprendre à quel point on peut se sentir asphyxié dans un tel atmosphère. Guindé à souhait. Surtout chez les... parvenus ? à la culture. (Comme les parvenus à l'argent ?)
    La fin du film m'a profondément déçue, pourtant, avec cette rage de transformer la jeune femme en Victime Sacrificielle, afin de justifier son karaoké final de "I will survive". Affligeant à mes yeux, cette tendance à réduire la... liberté de la femme à des clichés comme nous le faisons, afin de mieux faire des hommes, des bourreaux, tous des bourreaux. Mais là, je me répète...
    Ce sujet est d'autant plus brulant pour moi que je ne sais pas du tout où on en est avec l'affaire des classes sociales, tellement le problème de la culture est devenu épineux, et tellement il est devenu un impératif de prendre ses distances envers ce qui "pourrait" être perçu comme une culture d'élite dans un monde où les pulsions démocratiques sont incandescentes. (Et je n'idéalise pas la démocratie, loin de là.)
    Peut-on être un artisan et lire Platon ? Peut-on être prof de philo et aimer la barbe à papa ? A-t-on.. LE DROIT ?? Et qui... se penche au dessus de notre épaule pour regarder ce que nous sommes en train de faire, je me le demande, au point de nous rendre si... coupables, si anxieux ?
    Je me souviens d'un voyage en Charentes il y a quelques années où j'ai passé plus d'une heure à parler avec un "paysan" du coin de Marx, de l'avenir de la République sous Hollande, et il était évident que ce paysan, très loin de la grande ville était très... cultivé. Beaucoup plus cultivé qu'un grand nombre de mes amis citadins qui... se croient cultivés ? en ce moment où l'inculture est une épidémie, et où même, il y a des personnes qui sont fières d'être incultes, gagnant beaucoup d'argent ou pas.
    Je ne suis pas très optimiste pour la culture en ce moment...
    Pour ceux qui sont intéressés, je recommande chaleureusement le livre de Jacqueline de Romilly, "Les grands sophistes à Athènes sous Périclès", qui est un livre de... vulgarisation intelligente pour des personnes qui pourraient s'intéresser à un sujet vital pour nous en ce moment, tellement l'Histoire a tendance à se répéter, même si elle ne se répète pas de manière identique, certes. Un livre pour spécialiste serait bel et bien autre chose...
    J'essaierai de voir le film, s'il ne passe pas trop vite. C'est un problème en ce moment, les films qui passent trop vite.

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