Cette compilation de 15 textes parus dans diverses revues occupe
136 pages vite lues grâce à la nervosité du style, à la verve de la lauréate du
Goncourt 2014
Pourtant ses colères me semblent surjouées et ses causes
plutôt consensuelles qui justifieraient parfois le bon mot de Philippe Muray concernant
« les mutins de Panurge ».
Je la préfère anti conformiste :
« … je me fous
des paysages, et des jardins, et des forêts, et des prairies et des champs
cultivés et des grands espaces et des
mers toujours recommencées et des banquises au bout du monde »
Bien qu'elle tienne à s’excuser :
« Je n’éprouve
rien devant la nature aucune émotion, aucune inspiration rien, ce qui ne
m’empêche pas, je tiens à le préciser, de la défendre contre toutes les menaces
qui la guettent. »
Les combattantes Kurdes sont des « guerrières »
mais l’appellation me semble quelque peu exagérée pour désigner les féministes
de chez nous qui tiennent le haut du pavé.
Je la préfère modeste :
« Je me méfie de
la pureté, des grands sentiments, des envolées sublimes. Je recule devant trop
de perfection, trop de bonté, de noblesse : j’ai le pénible sentiment
qu’on me ment. »
Ses chiens qu’elle aime « crottés » et
« calamiteux » me paraissent bien sages et conformes même si en
rapportant des écrits de Chloé Delaume, elle sait parler avec force des
« maboules », des « cinglés » et de leur souffrance.
Ses emportements sont salutaires, son écriture limpide,
mais
l’hésitante me convient davantage:
« Je viens de dire que je m’engageais,
corps et âme en quelque sorte, dans l’écriture.
Premier accroc à mon
emphase : qui est donc ce « Je » » dont je parle. ?
« Je ».
Qui ça ? »
écrit
Beckett dans l’Innommable. »
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