jeudi 2 janvier 2025

Maîtres et élèves. Serge Legat.

Dans la continuité de la première conférence devant les amis du musée de Grenoble concernant les familles d’artistes,  
- Botticelli élève de Fillipo Lippi, le père, avant d’être le maitre de Filippino Lippi, le fils, était tout indiqué pour assurer la transition sur le thème des ateliers d’artistes. Sa mélancolique « Vierge à l’enfant et deux anges » a la même légèreté dans ses voiles
que « La Lippina » (1465) de Fillipo Lippi devenue prototype des vierges.
L’enseignement humaniste vient de prendre le pas sur l’université médiévale.
La «  Madone Campana » de Botticelli avait été attribuée un moment 
à son élève Fillipino Lippi.
Le peintre de « La naissance de Vénus » a assuré le portrait d’une vierge aimante avec un tendre enfant alors qu’un de ses disciples réalisait saint Jean dans « La Vierge et l'Enfant avec le jeune saint Jean-Baptiste »
Cet artiste, symbole de la Renaissance, était un indépendant, continuant à peindre à tempéra sans se soucier des lois de la perspective.
Il s’est représenté dans un « tableau de courtisan »
donnant le visage de
Cosme, Pierre, Jean, Laurent et Julien Médicis aux rois de « L'Adoration des mages » dont l’ordonnancement est proche
de celui de Filippino Lippi avec un souci du détail très flamand.
- En 1763, retour au « goût grec », à l’antique avec Joseph Marie Vien, père spirituel du néo-classicisme : «  La marchande d’amours » 
ttps://blog-de-guy.blogspot.com/2024/02/greuze-et-vien-fabrice-conan.html 
« Les adieux d’Hector et d’Andromaque »: le bon fils, bon mari, bon père, donne l’exemple de la vertu : « Infortuné, ton courage finira par te perdre ! »
Jacques-Louis David reconnaît sa dette envers Vien, son maître :  
« Le serment des Horaces » du temps de la lutte entre Rome et Albe. 
Devant trois arcs, trois groupes : les trois hommes volontaires, le père présentant trois épées et les trois femmes courbées sous le chagrin.
Elles sont plus dynamiques dans « Les Sabines arrêtant le combat entre les Romains et les Sabins ». L'atelier de David fut l’un des plus influents au tournant du XVIII°et XIX° siècle. Il a eu Ingres comme élève qui saura renouveler son esthétique et deviendra une référence pour Picasso et Matisse.
Son portrait de « La Princesse de Broglie » était préparé par une esquisse comme l’avait fait le Robespierriste auteur du sacre de Napoléon
 
pour « Le serment du jeu de paume ».
La forme en tondo convient aux formes arrondies du « Bain turc » où il fait ses gammes pendant dix ans.
- « Plus cruel que la guerre, le vice s’est abattu sur Rome »
la phrase de Juvénal figure à côté du tableau de Thomas Couture «  Les romains de la décadence » (1847) dont un critique dira :  
« Au fond, Couture, en bon élève d’Ingres, cherchait surtout à peindre des femmes nues ». Malgré des relations orageuses Edouard Manet suivit son enseignement pendant six ans.
Il copie Delacroix «  La barque de Dante »
et même dans le sulfureux
«  Déjeuner sur l’herbe », il est un héritier de Raphaël.
Le dernier des classiques a fait un bout de chemin avec les Impressionnistes.
Il est au centre dans « L’atelier des Batignoles » par  Henri Fantin Latour.
Sa seule élève Eva Gonzales le cite avec un bouquet dans « Une loge aux Italiens » où figure son mari.
Elle a pris pour modèle  sa sœur dans « La nounou avec enfant ». Celle - ci se mariera avec son beau frère après la mort de la plus jeune des femmes apparentées aux impressionnistes qui avait rendue jalouse Berthe Morisot.  
Quand les groupes font famille, certains en parlant de « tuyau de poêle » risqueraient de ne pas être compris.
 
« J'ouvrirai une école de vie intérieure, et j'écrirai sur la porte : école d'art. » 
Max Jacob.

1 commentaire:

  1. Miam, Guy, un très très bon cru, je savoure. TOUT, mais TOUT me plaît, là, et c'est vraiment très rare que tout me plaise...
    Précisions sur Botticelli, s'il te plaît : tu dis qu'il n'a jamais intégré l'étude de la perspective à ses tableaux, ce serait donc ça, où j'ai mal compris ?
    Merci pour tant de grâce(s) féminine(s) qui adoucit la laideur de notre monde. Une pensée émerveillée en voyant incarnées tendresse et beauté, forme humaine. Oui, le meilleur de l'humanisme réside peut-être dans cette manière de glorifier la femme, et ce n'est pas rien.
    Non pas glorifier la femme porteuse de baskets, jogging et jeans déchirés, clope au bec, mais... autre chose qui me fait rêver en tant que... femme. Je suppose qu'il faut de tout pour faire un monde, mais si "on" tenait vraiment à se faire respecter, peut-être s'interrogerait-on un peu plus sérieusement sur comment y arriver, sans chouiner, la main sur le coeur, en exigeant que c'est son droit... naturel ? d'être respectée.
    Cela me semble révélateur de la plus grande naïveté... mais je sais maintenant que la naïveté des un(e)s n'est pas forcément la naïveté des autres.
    Un regret pour le traitement académique de Homère qui en souffre. L'incident entre Hector et Andromaque dans "L'Iliade" est de la plus haute importance... POUR L'OCCIDENT, et un traitement académique gomme sa signification, ce qui est dommageable. Au contraire, dans Homère, cette petite vignette est fraîche, touchante, poignante, et donne un aperçu fugace des enjeux de la guerre de Troie pour ceux et celles qui sont derrière les murs et qui attendent le dénouement. D'une importance capitale. Il me semble que cet incident constitue une des premières occurrences du mot liberté ? "eleutheria" dans la mentalité grecque, et comme par hasard, elle surgit au moment où Hector imagine les conséquences de perdre la guerre dans la PERTE DE LIBERTE qui frapperait sa jeune femme et sa maisonnée. La liberté éclot comme valeur paroxystique au moment où sa perte se profile... NORMAL, je dis...

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