samedi 18 janvier 2025

Le soleil des morts. Bernard Clavel.

Retour avec délice vers le passé dans un roman au plus près de trois guerres :
de 70 à la seconde, en passant par les bataillons d’Afrique et celle de 14, la préférée de Brassens. 
« - Tout de même, répliqua Charles, est-ce que ça ne fait pas le jeu d’Hitler ?
A nous la charrue et à l’Allemagne l’industrie. Les avions. Les chars. Les camions…
Bat’ d’Af’ ne put s’empêcher de lancer :  
- Moi, chef, j’dirais à nous la faucille et à eux le marteau pour river les blindés. »
En retrouvant l’auteur vedette des années 80, j’avais l’impression de lire à nouveau des morceaux choisis de nos livres de classes de la communale qui délivraient à chaque fois une leçon de morale, tout en vérifiant que j’étais bien de ces temps là. 
« Il allait le plus vite possible et les mots qui dansaient en lui comme la bille dans le grelot l’aidaient à surmonter sa peur. »
L’effroi devant l’absurdité de la guerre, les humiliations militaires et malgré tout le patriotisme, le courage de la grand-mère au lavoir, les joies du braconnage… composent un  riche panorama du siècle passé autour d’un homme d’une incontestable droiture à la présence très physique. 
« Comme toujours, Pauline le regarda de la fenêtre de la salle à manger et, comme toujours, quand il eut traversé la chaussée, il se retourna pour lui adresser un petit au revoir de la main. » 
L’amour et l’amitié ne s’affichent pas, ils se vivent intensément, les douleurs se surmontent. 
« Presque toutes les clientes qui venaient avaient un fils, un mari ou un frère à la guerre. Certains avaient trois ou quatre proches sur le front et on ne parlait guère que des tranchées, des rats, des poux, des blessés et des morts. »
La confortable nostalgie de ces années aux couleurs contrastées, lisibles, tenant en 600 pages, n’occulte pas quelques maladroites simplifications. 
« Que les destructeurs portent un casque en acier ou, comme c’était le cas, le chapeau d’un homme d’affaires devenu maire d’une ville, il s’agissait toujours de salopards et Charles Lambert n’avait jamais aimé les salopards. » 
Ce roman à l’héroïsme un peu compassé, inspiré de la vie de l’oncle de l’auteur, nous repose pourtant  d’ égobiographies contemporaines où le cynisme se fait passer pour de la sincérité.   

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