Tel qu’en lui-même, le marqueur annuel du temps ne change
guère, sauf la rubrique des centenaires qui
tient de plus en plus de place avec de courts récits de vies heureuses :
« Je monte
toujours les escaliers sans difficulté - ah si, tout de même il faut que je me
tienne à la rampe maintenant. »
Elle s’était cassé le col du fémur, il y a deux ans.
Il y a toujours une colonne pour noter la date de l’arrivée
de la première hirondelle et autres
phénomènes naturels récurrents.
Les néo-ruraux suivront le conseil :
« En janvier, fumer le pied des
arbres »
mais avec le dérèglement climatique peut-on se fier aux
dictons ? :
« Noël herbeux,
Pâques teigneux »
Alors que bien de sentences restent vraies :
« même tordu, le bois fait le feu
droit. »
Les lunaisons sont précisément répertoriées en regard du
zodiaque où
« la présence de la lune dans les signes de terre -Taureau,
Vierge et Capricorne - agirait avec bénéfice sur les légumes poussant dans la
terre : carottes, céleris, asperges… »
Les nouvelles de l’Isère, de la Drôme et des Hautes Alpes
sont répertoriées du premier juillet 2023 au 30 juin 2024 avec
« des grêlons gros comme des balles de tennis le 12 juillet à Grenoble ».
Qui se rappelle des 100 000 personnes déplacées en
Azerbaïdjan en septembre ?
Et que Jacques Julliard et Robert Budzinski nous ont quittés
cette année.
Une météo qui a
soufflé le froid et le chaud est un sujet central. Le réchauffement planétaire
permet la prolifération des scolytes
qui ravagent les épicéas et ceux-ci en stress hydrique ne peuvent se défendre
alors que les insectes commençant plus tôt leur cycle de reproduction, apparaissent
trois fois dans l’année au lieu de deux.
Sont rappelées les vertus de « l’eau de vie » qui servait à guérir tous les maux des
bêtes et des gens avec un rappel en tout petits caractères qu’il ne faudrait
quand même pas abuser.
La gnôle n’est pas reconnue au patrimoine de l’UNESCO comme
la transhumance.
Les bouilleurs de cru
dont on aurait pu croire à l’extinction ont obtenu l’exonération de tout impôt
sur les 50 premiers litres tirés de l’alambic : le recouvrement de cette « accise »
revenait plus cher qu’elle ne rapportait à l’état.
Le bestiaire de cette année est consacré au coq de bruyère et au gypaète barbu
et l’herbier à l’onagre dite aussi « herbe aux
ânes, primevère du soir ou jambon du jardinier ».
La pomme transparente de Croncels est la variété locale mise en
évidence.
Le hameau du Saugey
de la commune de Brangues où se trouvait autrefois un pénitencier constitue une
enclave iséroise dans l’Ain suite aux déplacements anciens du cours du Rhône.
Mémé Alice indique comment beurrer une biscotte sans la
casser et autres astuces.
La poêlée de
coing fait partie des recettes proposées.
Les expressions dauphinoises sont toujours plaisantes :
« combien ça te fait ? », « embringuer »
voire le rare « margotter » en terrain boueux.
L’entreprise qui fabriquait à Sillans les skis Dynamic a connu son âge d’or dans les
années 60 avec les VR 7 (verre / résine, 7 pour les années de développement).
La
marque de doudounes Monclar doit son
nom à la ville d’origine de ses inventeurs, Monestier de Clermont.
La commune d’Abriès-Ristolas
dans le Queyras a les honneurs de la revue annuelle.
Les 380 habitants qui vivent toute l’année au pied du mont
Viso de l’autre côté de la frontière avec l’Italie voient leur nombre multiplié
par dix en été avec les touristes et les natifs attachés à leur beau pays. Il
n’y a plus qu’un éleveur de moutons.
La pastorale des santons à Crest fait revivre en version
provençale la nativité :
« Moi
je suis l’ange Boufaréou. Ils m’ont
appelé comme ça à cause des grosses joues que j’ai fini par attraper à force de
jouer de la trompette chaque fois que le bon Dieu est content. »
Les histoires de Fafois
font partie du patrimoine :
« - Comment je ne
suis pas dans le train qui va à Lyon ? s’exclame le passager assis en face
de Fafois.
- Non monsieur, Lyon
est derrière vous.
- Eh bien dans ce cas,
échangeons nos places. »
Une mule appelée Mourette n’est pas un personnage secondaire
dans le conte où Phrasie et Siffroy se
rencontrent.
« Tristan à
l’auberge dressa les accords, et gagna la
cravate qu’il est d’usage de donner à ceux par qui ont été manigancés les
mariages. »
Deux histoires traduites du patois ne manquent pas de pittoresque :
« Et moutron
dadolin qu’embétâve déjà
D’avei tan boligâ son
pronô din son crâno. »
« Et notre nigaud
qu’embêtait déjà
D’avoir tant remué son
discours dans son crâne. »
Mais d’un bout à l’autre de la province souvent langue
varie : une personne maladroite à Tullins était dite « in
gôche » et « un tébi » à la chapelle en Valgaudemar.
La tour Perret une
autre centenaire verra la fin de sa
restauration pour l’anniversaire de son édification à l’occasion de
l’exposition internationale de la houille blanche et du tourisme en 1925.
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