jeudi 15 février 2024

Greuze et Vien. Fabrice Conan.

Comme les deux artistes avaient été déjà présentés devant les amis du musée
,
je m’attacherai à compléter ce premier compte-rendu.
Après la période rococo (Fragonard) et la peinture de charme (Boucher), à la fin du règne de Louis XV, le temps est à la morale, à l’exaltation des vertus. 
Les enfants occupent une place importante dans « Le gâteau des rois » de Greuze.  
«  Je sacrifierais volontiers le plaisir de voir de belles nudités, si je pouvais hâter le moment où la peinture et la sculpture plus décentes et plus morales songeront à concourir avec les autres beaux-arts à inspirer la vertu et à épurer les mœurs » Diderot
En cette fin du XVIII° siècle, Greuze est le plus connu du public, emblématique de la volonté de créer un art français distinct de l’école italienne ou hollandaise.
Né à Tournus, il est formé à Lyon par Charles Grandon :  
« Inauguration de la statue de Louis XIV » dont le tableau a échappé 
à l’épuration militante opérée récemment au musée Gadagne de Lyon.
« Un père de famille qui lit la Bible à ses enfants »
 
où chaque personnage réagit différemment, est au Louvre.
L’artiste met les sentiments en valeur, 
et le graveur  « Louis de Sylvestre » est bien vivant dans sa distraction.
«
 
Le Guitariste » est peint avec  la lumière du Sud et la précision du Nord, 
l’oiseleur porte un pantalon bigarré qui marquerait sa marginalité.
« Silence »
 : deux enfants dorment, 
la mère allaite comme la mode l’a recommandé un moment en cette époque Rousseauiste.
« La femme en colère »
témoigne d’une vie familiale difficile.
Il a connu 
en 1803,   
« Napoléon Bonaparte, Premier Consul, devant une vue de la ville d'Anvers »
et « Talleyrand »
Il meurt en 1805 à 80 ans.
Joseph-Marie Vien
fut l’artiste préféré de l’empereur. 
Son séjour en Italie l’influencera au point d’apparaître comme l’initiateur du néo classicisme marquant l’imaginaire de son élève David, peintre de la Révolution et de l’Empire, qui le fait figurer dans la cérémonie du sacre de Napoléon. 
Dans « Le Centurion à genoux aux pieds du Christ »
Diderot trouve à celui-ci « l'air benêt comme de coutume».
« Dédale attachant dans le labyrinthe des ailes à Icare » est son œuvre d’admission à l’Académie. De professeur reconnu, il deviendra directeur de la Villa Médicis. 
La reconnaissance ne vint pas tout de suite, avant de cumuler tous les honneurs et de supplanter Fragonard auprès de  Madame du Barry pour la décoration de son pavillon de Louveciennes.
« Amant couronnant sa maîtresse ».
Il avait peint l’
« Inauguration de la statue de Louis XV sur la place du même nom, par le corps de la Ville de Paris » alors que la chanson disait:
« Ah ! La belle statue, ah ! le beau piédestal,
Les vertus sont à pied et le vice à cheval. »
La commande de « Saint Denis prêchant la foi en France » devait redresser l’art en France.
Sur proposition de Diderot d’un tableau pour la paix, Vien a réalisé « Mars et Vénus » où les pigeons ont fait leur nid dans son casque. « Make love not war »
« Deux femmes au bain »
seraient « Callisto, nymphe de Diane, sortant du bain, accompagnée de sa suivante ».
L’encyclopédiste dira : « Les tableaux que Vien a exposés cette année sont tous du même genre, et comme ils ont presque tous le même mérite, il n'y a qu'un seul éloge à en faire : c'est l'élégance des formes, la grâce, l'ingénuité, l'innocence, la délicatesse, la simplicité, et tout cela joint à la pureté du dessin, à la belle couleur, à la mollesse et à la vérité des chairs. »
Sortant du style rocaille,  « les deux maîtres ont préparé le chemin de nouvelles générations »
« L’Enlèvement de Proserpine» Joseph-Marie Vien, 1767, musée de Grenoble.
Jean-Baptiste Greuze: « La simplicité»
Sur sa tombe, on peut lire : « Rival de la nature, orgueil de notre France, il garda toujours pur l’honneur de ses pinceaux. Il peignit la vertu, l’amitié, l’innocence, et son âme respire à travers ses tableaux. »
Vien est mort à 93 ans, il est le seul peintre à avoir été admis au Panthéon.

2 commentaires:

  1. C'est impressionnant de constater à quel point le monde sophistiqué croit que l'on est stupide si/quand on croit...
    Je suppose que c'est un autoportrait de Vien ? Il a l'air pétillant, et il est agréable à regarder. Merci.

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  2. doit y avoir quelque chose qui cloche... la mère qui allaite ou Talleyrand? :-)

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