Si les ablutions
matinales et le rangement de la cabane nous prennent peu de temps, nous
profitons de
la table et des chaises pour écrire, lire nos téléphones avant de prendre la route
pour Alençon .
Notre logement ne
nous permettant pas de faire du thé ou du café, nous nous attablons en terrasse
dans un bar tabac à Onzain, proche
de Chaumont mais sur l’autre rive, tandis que les cloches convient les fidèles
à la messe. Beaucoup de cyclistes, sportifs ou randonneurs, sillonnent les
routes en ce dimanche matin, et les vacanciers les trimballent à l’arrière de
leur véhicule en prévision de balades dans des sites pour eux inconnus.
D’autres s’attardent devant leur café en racontant leurs exploits.Par l’autoroute,
nous parvenons à Alençon vers 12 h. Le centre-ville s’étend autour des jolies
halles à blé, dont la forme circulaire en pierre m’évoque le cirque Jules Verne
d’Amiens. La ville est déserte, hormis un bar fréquenté près des halles. C’est
dimanche, en août, nous nous heurtons aux rideaux baissés des magasins et des
restos. Sur la vitrine de la
boulangerie, les propriétaires s’excusent auprès de leurs clients de nous plus
ouvrir le dimanche, faute de trouver du personnel acceptant de travailler le
jour du Seigneur. La brasserie signalée comme ouverte est confrontée au même inconvénient et pas seulement le
dimanche, elle a dû mettre la clé sous la porte. Alors nous nous rabattons sur un restaurant marocain / tunisien ; "l’oriental" est le
seul établissement ouvert, avec un garçon qui ne craint pas sa peine. Nous
apprécions un couscous et un verre de Boulaouane consommés en terrasse qui se remplit vite. Heureusement la
fermeture le dimanche ne concerne pas les musées. Le musée des beaux- arts et de la dentelle loge dans un ancien
collège des Jésuites et ouvre ses portes gratuitement comme tous les 1ers
dimanches du mois.
Il présente deux
expositions temporaires :
- La 1ère porte sur l’Egypte, nous la survolons.- La 2ème
s’intitule « le dialogue de fibres ». Elle propose des œuvres de
Julien Feller. Cet artiste travaille le bois, le cisèle et arrive à imiter les
fines dentelles d’Alençon de façon très réaliste. Elle trouve donc pleinement
sa place dans ce lieu.
Parti travailler en Indochine dans l’administration française entre 1886 et 1911, il se passionne pour les traditions autochtones et collecte des statues de bouddha, des coiffes de danseuses ou actrices, des instruments de musique, des outils, des objets tels des flèches et des carquois. Il ramène des photographies, des témoignages d’ordre ethnologiques sur les rituels, les modes de vie, reconnus par les spécialistes.- Une grande partie du musée consacre bien évidemment une place importante à la dentelle qui fait la réputation de la ville. La dentelle à l’aiguille d’Alençon se distingue de la dentelle aux fuseaux. Une vidéo en explique les différentes étapes : le dessin et le piquetage sur le parchemin, la trace, le réseau, le rempli, les modes, le levage, l’éboutage, l’assemblage, le régalage et le luchage pour les finitions. Réaliser 1cm2 de dentelle nécessite 7 heures de travail ! De 8000 dentelières auxquelles on confiait seulement une ou deux étapes pour optimiser la production au début de la production (sous Colbert), il n’en reste plus qu’une demi-douzaine aujourd’hui, et leurs réalisations atteignent des prix très élevés.Les salles relatent l’histoire de ce savoir-faire inscrit au patrimoine culturel de l’Unesco, et exposent des dentelles précieuses et délicates dans des vitrines sous des lumières tamisées.- Qui dit musée des beaux-arts dit peintures. Beaucoup de celles qui occupent les galeries de ce musée proviennent des œuvres confisquées par les nazis, récupérées depuis, mais dont on ignore le nom des propriétaires et que l’état a confié à différents musées en attendant de pouvoir les restituer. Il s’y glisse un Fantin-Latour, un Courbet, ou encore un Eugène Boudin, mais rien qui nous retienne longtemps.Pour se dégourdir les pattes, nous nous lançons dans une promenade dans la ville, qui commence par la rue du collège puis celle du temple et se poursuit au hasard de nos pas.
Nous tombons sur un
beau bâtiment du XVIII° siècle protégé
par une grille et des volets bleu clair, en pierre blanche, sans destination
particulière, en tout cas indiquée. Plus loin, le château des ducs d’Alençon rappelle
l’histoire de la ville. Ancien château fort, il passe aux mains des anglais
avant d’être récupéré par Marguerite de Valois lors de son remariage avec Henri
II. Elle y entretient une cour cultivée et s’entoure de poètes dont Clément Marot. Henri IV le
détruit. Au XIX° siècle, il est reconverti en prison, tristement réputée au XX° sous la gestapo, et
en activité jusqu’en 2010. S’il ne se visite pas, la ville a aménagé les abords
en jardins et espaces verts, équipés de jeu pour enfants (toboggan en inox) .Nous étendons notre
balade jusqu’à la maison à l’étal.
Cette petite maison du XV°siècle est la survivance d'une ancienne boulangerie à
la façade recouverte d’ardoise, Elle doit son nom à l’étal de granit taillé
dans un seul morceau placé sous la fenêtre du bas. En déambulant vers les rues
piétonnes, nous observons la présence d’autres maisons anciennes à colombage. Notre journée de
visite prend ainsi fin et nous allons prendre possession de notre
Airb&b au rez-de-chaussée du 14
impasse des tisserands avec parking devant la porte. Un studio nous y attend,
il tranche avec notre cabane d’hier et nous donne l’impression d’espace. Il
comprend un salon confortable accueillant une immense TV, une petite cuisine
américaine cachant un frigo dans le
placard et une grande chambre occupée par un bon lit en 160, une salle de bain
attenante. Guy se tanque devant l’athlétisme pendant que je lessive rapidement
des petites choses et met à jour mon journal. Nous grignotons ce que nous
avions prévu pour hier : pain, saucisson, melon puis cakes et chocolat. Et
profitons de l’écran géant pour regarder les J.O.
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