« Le chien qui louche » est le titre attribué à une toile
découverte dans un grenier qu’une famille du Maine et Loire verrait bien
accrochée au Louvre.
Les marchands de meubles en ont eu l’idée depuis que leur
sœur est l’amie d’un gardien du Louvre, ce qui permet de confronter les
artisans aux artistes et de poser la question irrésolue : qu’est ce qui justifie
la présence d’une œuvre plutôt qu’une autre dans un musée?
Davodeau, familier des sujets sociaux penche cette fois du
côté de la comédie, voire parfois de la caricature, sans en affecter toutefois
le plaisir de lecture.
Cet album entre dans la jolie galerie des éditions du Louvre
où la BD rend hommage au lieu prestigieux désormais en sa pyramide.
« Excusez-moi…
Vous pouvez m’indiquer « La Joconde » ? »
Plutôt que les dessins assez ordinaires à l’exception de
ceux croquant les statues, les dialogues révèlent efficacement les lourdeurs
des frangins, les complicités des amoureux, les passions d’amateurs d’art, les
touristes qui ne font que passer.
Un discours par un membre éminent de « la République
du Louvre » situe bien le sujet :
« Entre ici,
Gustave Benion... Avec ton misérable cortège ! Avec ceux qui, comme toi, ont
peint sans rencontrer la reconnaissance, et même - ce qui est plus consternant
- ... Avec ceux que la gloire et la fortune ont endormis! Entre ici, avec tous
les peintres du dimanche... Avec les approximatifs des bords de rivière !...
Avec les aquarellistes des galeries marchandes. Avec leurs couchers de soleil
trop colorés. Leurs natures mortes trop mortes. Leurs nus qu'on rhabillerait
volontiers. Et leurs portraits qui n'en sont pas. Entre ici avec les malhabiles
de la peinture à l'huile... Et ceux pour qui la peinture à l'eau, finalement,
c'est pas rigolo. Entre ici, Gustave Benion avec ton "chien qui
louche"! »
Bof. Je ne lirai pas. J'ai le souvenir de mes neuf ans quand la petite famille parvenue que nous étions a fait le voyage depuis la Philadelphie pour aller au National Gallery à Washington, et accéder à la Grande Culture. J'ai fait la queue pendant une heure pour défiler devant le seul Leonardo qui est sur le continent américain : le portrait de Ginevra da Benci, une belle jeune femme à l'allure mélancolique. C'est vrai qu'il y a quelque chose de presque... stalinien dans les monuments à Washington, certains, en tout cas. Un rappel de Rome (impériale ? républicaine ?) qui infuse l'idéal communiste ET américain. Mettre à la disposition du.. peuple, et gratuitement (oui, à l'époque l'entrée au musée était gratuite pour les citoyens américains) les grandeurs et les splendeurs du passé.
RépondreSupprimerPourquoi pas ? J'ai rêvé devant ces tableaux, et me suis sentie privilégiée de pouvoir les regarder. Pourquoi pas ?
Donc, non, non, et non pour le chien qui louche. Ça ne me fait pas rire du tout.