vendredi 7 avril 2023

Bassinent.

Le cynisme règne sur le monde. Et nous ne cessons de nous croire blanc comme neige localement ou globalement, pendant que fondent les glaciers et que tomberont des flocons en Arabie Saoudite sans que de verts rebelles les bassinent. 
Frenchement, notre propension à faire la morale urbi et orbi pourrait baisser d’un ton quand Russes, Chinois nous taillent des croupières auprès de chefs d’état auxquels les as de busines et des ventes d’armes ne peuvent demander d’être adeptes d’une démocratie qu’ils exècrent pour leur propre gouverne. Ces néo-coloniaux sans vergogne prennent la place des anciens colonisateurs que nous fûmes sous les applaudissements des autochtones, sans que les pointilleux décoloniaux de chez nous y voient quelque inconvénient. 
Nos bonnes âmes installées dans nos états de droit dont ils savent bien jouer, sont les idiots utiles des pires régimes. Sans rire, l’Iran, qui voile ses femmes, nous ferait la leçon pendant que les néo féministes de chez nous se voilent la face en estimant que la dissimulation des visages est une expression de leur liberté ! Les mêmes en appellent  à la laïcité pour attaquer un des fondements de notre République qui n’a pas à prêter serment sur quelque livre saint. L’hystérisation des dissensus amène à renforcer les irréductibles de chaque camp dans leurs certitudes les plus raides. 
La question des retenues d’eau est légitime mais les réactions d’intégristes violents obligent au rejet de leurs positions dans leur ensemble. Soumis à Gaïa déesse de la nature, ils ne sont guère à l’écoute de la nature humaine et en amis de la terre se situent sur le même terrain que ceux qui veulent la dominer. Ils économisent l’eau pour leur toilette et édictent chaque jour des directives, mais lors de choix de voies ferrées ou fluviales ou de portiques pour juguler le trafic des camions, ils se taisent, voire s’opposent.  
Les contradictions sont niées quand les contradicteurs sont ignorés, comme s’ils habitaient une terre inconnue. Une âme est prêtée aux arbres à étreindre mais ni intelligence ni sensibilité ne sont accordées aux autres hommes, coupables carnivores.
Les décisions prises en tenant compte d’intérêts divergents mécontentent les parties antagonistes oublieuses de l’intérêt général. Le bouc émissaire ne date pas d’aujourd’hui, mais la mise sur la sellette d’un seul, le renvoi de nos responsabilités sur le "Système" signe nos courtes vues, nos abdications. Notre dignité en est affectée et tout pouvoir sur notre destinée nié.
Les médias ne facilitent pas les accords quand à chaque décision prise par les responsables, ce sont surtout les opposants qu’on entend comme au temps de la vaccination contre la COVID où quelques rétifs ont fait plus de bruit que des millions de prudents citoyens. 
Ces face à face têtus sont tellement courants qu’il est difficile d’échapper à l’ « incommunicabilité », terme en voie de disparition après avoir tant fait florès. 
Il me semble que le temps des gentils soit passé, même si pour une fois, je me garderai de rabattre le général sur le particulier en constatant que l’indulgence viendrait aux boomers ramollis. 
Les paroles se disant bienveillantes, les mots visant au « pas de vague » n’ont jamais été autant proférés alors qu’explosent les violences et  que croassent les grandes gueules. Ceux qui ferment les yeux rejoignent ceux qui n’ont qu’une seule envie : se boucher les oreilles.
Que restera-t-il des gros ego bruyants maintenant que les écrits ne vivent pas au-delà d’un clic et que les stèles disparaissent sous les tags ?
Le cri de Mélenchon : « Je suis la République » fut tellement vilipendé que sur ce coup je me mis de son côté en essayant d’éviter les postillons : en effet chaque élu de la République est sacré comme chaque citoyen. Par contre cette évidence aurait gagné à être rappelée quand d’autres délégués du peuple sont insultés, attaqués alors que quelques collègues donnent de piteuses images de leurs fonctions. Lorsqu' un parlementaire va avec son écharpe à une manifestation interdite, il dévalorise la Loi et sa charge. 
« Ce sont les démocrates qui font les démocraties, c'est le citoyen qui fait la République. » Georges Bernanos.
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Dessin du journal "Le Monde"

1 commentaire:

  1. Je ne sais pas. Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas maintenant. Pour commencer, j'ai presque fini le livre de Robert Graves où l'auteur se glisse dans la peau de l'empereur Claude. Robert Graves, né au 19ème siècle encore, fut un immense érudit. Je lui fais bien plus confiance qu'à nos contemporains pour l'étendu de sa culture. Quand il fait dire à Claude que c'est le peuple lui-même qui ne se montre pas ?plus ? digne de son organisation politique que nous avons appelé "république" par la suite, que Claude n'aimerait rien tant que de restaurer la "république", mais que la veulerie de tous les acteurs, leur... cynisme, leur corruption ne permet pas de soutenir une aristocratie (ton ariston, les meilleurs) capable de susciter la foi et l'émulation, comment ne pas voir que c'est là où nous en sommes à l'heure actuelle ? Que gouvernants et peuple sont pris dans la même galère ?
    Que pesons-nous individuellement dans cette galère... collective ? Qu'y pouvons-nous ? Mon ambition se réduit à tenir les rares engagements que j'ai, tenir ma parole donnée. Point basta.
    C'est égoïste ? Peut-être. Mais on a pu dire "qui trop embrasse mal étreint", et à force de vouloir répandre nos idéaux sur la terre entière, peut-être nous trouvons-nous collectivement en banqueroute à l'heure actuelle. En tout cas, en mauvaise position pour donner des leçons, il me semble.
    S'agit-il de démission ? Je ne sais pas non plus. Comme toi, je vois beaucoup de démission autour de moi. Démission qui vient probablement beaucoup de la fatigue, du vieillissement, et de l'approche de la mort. Ce n'est pas facile de vieillir. Ce n'est pas facile de garder... espoir en face de la mort qui approche.
    C'est fou... il y a eu des générations et des générations avant nous pour nous... avertir de la condition humaine, mais ce n'est qu'avec le temps que sa réalité finit par avoir.. raison de nous.

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