mardi 4 avril 2023

La belle image. Cyril Bonin.

Depuis que monsieur Sérusier n’a pas reconnu son visage dans les reflets d’une vitrine, un riche scénario peut se déplier rendant bien la fantaisie de Marcel Aymé dont sont tirées ces 77 pages.
Le dessin aux couleurs ternes s’accorde à l’atmosphère d’il y a un siècle en évoquant des thèmes éternels quand les habitudes n’ont pas endormi les fantasmes, et que la vie se réinvente sans  toutefois tout chambouler.
Une pointe de fantastique révèle les délices du quotidien. Il a suffi qu’au guichet d’une administration les photographies d’identité demandées ne conviennent pas à l’employée consciencieuse pour que tout soit bousculé… pour que rien ne change. 
« Il semble qu’un visage ne soit pas seulement un miroir reflétant nos pensées et nos sentiments, mais qu’il interagisse avec eux. Nous vivons presque constamment avec une certaine vision de nous-mêmes. Pour moi, lorsqu’un cas de conscience me fait hésiter, mon visage m’apparaît et je ne prends une décision qu’après m’être assuré qu’elle lui va, un peu comme si je lui essayais un chapeau. »

1 commentaire:

  1. J'aime bien ça. Dans mes lointaines lectures maintenant, je me souviens de "Moi, suis-je le gardien de mon frère ?", une lecture rabbinique de livres de l'Ancien Testament, la fatale histoire de Caïn et d'Abel dans la Genèse. Une certaine tradition dit qu'au moment de la fatale bagarre... fraternelle et fratricide, Abel a eu le dessus sur Caïn, et au moment de le tuer a vu la vision du visage de son père en apprenant la mort. Cela l'a arrêté dans son geste. Caïn n'a pas eu une telle vision, il faut croire, ou s'il l'a eue, il est passé outre. Certes, c'était un coléreux. On n'est pas tous égaux devant la colère.
    Tout compte fait, je préfère l'idée de voir le visage... de son père, à l'idée de voir son propre visage. Je n'oublie pas Narcisse, ni son sort. Peu d'inventions ont eu autant d'impact sur nous que le miroir, grâce à sa... démocratisation.

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