Posé sur la table où nous échangeons des livres avec les
voisins, j’ai saisi celui-ci pour son titre et le bandeau Prix Interallié 2004
qui aurait pu m’éloigner des querelles d’aujourd’hui, loin des portables omniprésents :
« Nous sommes
entrés dans une période sans retour qui signe la fin de l’attente, c'est-à-dire
de la confiance et du silence »
Mais comme ces 150 pages à l’humour désabusé abordent une
critique d’une vigueur prémonitoire de l’Islam lors du voyage de deux écrivains en Egypte, nous ne
quittons pas le terrain d’un affrontement de civilisations, avant Charlie et le
Bataclan.
« Dans le mini
bar, il n’y avait pas d’alcool fort. Certains musulmans sont très
généreux : les lois qu’ils s’imposent à eux-mêmes, ils veulent aussi vous
les imposer. »
Certes l’explication par la frustration sexuelle des
violences perpétrées au nom de la religion, peut paraître sommaire,
surtout que les deux obsédés occidentaux à la recherche de putes ne sont guère
épanouis.
Ce voyage quelque peu dépressif fournit une occasion de mesurer
la distance entre littérature et réalité quand des images orientalistes de
jadis ne peuvent naître dans de sordides bouges du Caire :
« Je la vis en levant
les yeux ; ce fut comme une apparition. Debout, sous les derniers rayons
du soleil qui l’enveloppaient de lumière, vêtue d’une simple petite chemise en
gaze couleur brun de Madère… »
L’auteur du « Father » nous emmène où il veut,
nous manipulant, tout en montrant ses stratagèmes et c’est bon.
« Nous nous
sommes aimés, je le crois du moins » Flaubert
Intéressant. En contrepartie, je te fais part de ma lecture de Robert Graves dans "Claude le Dieu". J'arrive à la partie où Graves dans la peau de Claude raconte la déroute de Hérode Antipas, roi des Juifs. Selon Graves/Claude, Hérode Antipas, en excellent stratège, a tissé des alliances avec une bonne partie du Moyen Orient, et s'apprête à se déclarer le Messie afin de fédérer les populations/COLONIES de Juifs éparpillées jusqu'en Alexandrie. (Dans l'Antiquité, les Juifs se révèlent très évangélisateurs, et bien avant les Chrétiens.) Il sait qu'il peut compter sur l'appui de tout ce diaspora pour se fabriquer un empire juif qui fera face, et tiendra tête, à Rome...Heureusement ? pour Claude, Rome (et nous ?), ce projet n'a pas abouti.
RépondreSupprimerComme quoi, les Occidentaux que nous sommes ? restons particulièrement aveugles à la source du fanatisme ? monothéiste, ainsi qu'à ses enjeux. (Et je ne suis pas bien placée pour en parler, étant née dans un berceau monothéiste, et en étant profondément imprégnée.) Nous restons particulièrement aveugles à la différence entre un peuple rassemblé autour d'un "polis", et un peuple rassemblé autour de son Dieu... (oops, c'est vrai qu'il est difficile de dire autour de quoi le peuple juif est rassemblé aujourd'hui, mais ce n'est pas son Dieu, et il continue à se considérer comme un peuple, tout en étant dispersé sur la planète entière.) Ce n'est pas parce que nous sommes aveugles que les différences ne sont pas là.