jeudi 30 mars 2023

Peintres académiques au XIX° siècle. Eric Mathieu.

Qui redoute le catalogue de la saison des amis du musée de Grenoble quand «  La naissance de Vénus » d’Adolphe Bouguereau annonce une deuxième conférence à propos du triomphe de l’art académique alors que la guerre (des pinceaux) n’a pas eu lieu ?
Le conférencier, ayant été interrompu par une alerte incendie vers la fin de sa précédente intervention concernant les peintres « pompiers », a complété son propos avec deux tableaux de deux régionaux grands prix de Rome. 
« Thésée reconnu par son père »
d’Hyppolyte Flandrin, le lyonnais, où le père brise le sort lancé par Médée, accrochait le goût d’un public qui pouvait faire valoir sa culture de la même façon que de nos jours nous voyons les péplums faisant revivre d’antiques épopées.
« La coupe de Joseph retrouvée dans le sac de Benjamin »
  valut le prix de Rome au cousin de Stendhal, Ernest Hébert, le Tronchois, en 1839 avant son séjour de 5 ans à la villa Médicis à Rome dont Jean-Auguste-Dominique Ingres était le directeur.
Celui-ci était l’auteur de « Thétis suppliant Jupiter », la nymphe avait dépassé la frontière entre l’eau et le ciel sous l’œil de Vénus (Junon). Elle tente de résoudre le conflit entre son fils  Achille et Agamemnon. Elle a le bras long et  le cou étiré.
« Le Vœu de Louis XIII »
réunit la lumière italienne émanant de la Vierge et l’éclairage plus matérialiste réputé français au moment où le culte marial est remis au goût du jour. 
Représentant de l’école classique, il sera décoré tout comme son rival Eugène Delacroix, le romantique, auteur des « Scènes des massacres de Scio : familles grecques attendant la mort ou l'esclavage » avec des victimes épuisées loin de l’héroïsme antique.
« Aucun tableau ne révèle mieux à mon avis l’avenir d’un grand peintre, que celui de M. Delacroix, représentant le « Dante et Virgile aux enfers ». C’est là surtout qu’on peut remarquer ce jet de talent, cet élan de la supériorité naissante qui ranime les espérances un peu découragées par le mérite trop modéré de tout le reste. »
Adolphe Thiers était critique d’art.
« Le Christ sur la mer de Galilée » de Delacroix, protégé de Talleyrand, va vers le sublime dans la tradition anglo-germanique, quand la foi sauve l’homme affronté à la nature.
Édouard Dantan
 « Un coin du salon en 1880 »
Les salons d’exposition des peintures ont souvent déménagé tant les œuvres présentées passant de 324 à 7889 se multiplièrent entre 1785 et 1889, gardant la dénomination «  salon »  même après avoir quitté le Louvre 
pour le palais de l’Industrie, après celui des Tuileries et le palais Royal.
 
« Le Salon de 1787 au Louvre » Pietro Antonio Martini.
« Séance du Jury de peinture des artistes français »
Henri Gervex. Les soupçons de partialité, avec guerre ouverte entre professeurs, dans cette « grande maison close » d’après Baudelaire, prendront fin avec la III°République après que Napoléon III eut favorisé la tenue du fameux salon des refusés de 1863.
« Le Déjeuner sur l'herbe »
Edouard Manet : le scandale est plutôt recherché.
Alors que s’enrichit l’éducation populaire avec Jean Antoine Laurent « Gutenberg inventant l'imprimerie », au Musée de Grenoble, qui donne un visage empourpré d’émotion à l’inventeur assis au bord de sa chaise, au moment décisif.
« Cromwell regardant le cadavre de Charles Ier 
» par Paul Delaroche a appelé de fins commentaires politiques, mais pour la forme on aimera retenir :  
« Il ouvre le cercueil comme on ouvre une tabatière ». 
Son élève, Jean-Léon Gérôme et  ses « Jeunes Grecs faisant battre des coqs » revient en Grèce dans une scène familière aux références archéologiques et non plus mythologiques.
«
 Le Duel après le bal masqué »
entre un député et un futur préfet de police s’inspire de l’actualité d'alors.
Couvert d’honneurs de son vivant le minutieux Ernest Meissonier,  
« 1814, la Campagne de France », « peignait grandement en petit ».
Alexandre Cabanel est aussi puissant avec «  L'Ange déchu » que séduisant avec les chairs nacrées de « La Naissance de Vénus » dont Théophile Gautier, disait :
« 
Ce qu'on admire ici, c'est l'élégance des formes, la correction du dessin, la finesse et la fraîcheur du coloris.
C'est moins nature que « La Perle et la vague » de
Paul Baudry; mais c'est plus purement, plus poétiquement beau

2 commentaires:

  1. Je retiens surtout la vertigineuse explosion du nombre de peintures dans les salons entre 1787 et 1880 et quelques. En 100 ans... je suppose que je peux appeler ça la démocratisation du statut de l'artiste ?...
    De beaux tableaux, académiques et romantiques.

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  2. J'ai regardé attentivement le pastiche du "Déjeuner sur l'Herbe" de Manet, et je l'ai trouvé crade. A mille lieux de cette scène plutôt pastorale où on voit une nymphe d'une époque révolue en arrière plan comme une évocation d'un passé mythologique lointain, mais toujours présent dans les esprits. L'amoncèlement de la décharge n'a aucune poésie, mais... reste-t-il quelque chose de la poésie dans nos esprits, malgré le fait qu'"on" brandisse le mot parfois comme un slogan publicitaire ?

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