Le temps de l’écriture joue avec le temps et suspend sa
plume pour caractériser l’humeur d’un instant, au risque de paraître hors de
propos à la relecture, ne serait-ce qu’une semaine après.
Cette position en retrait, en retraite, permet de jouer avec
les mots, espérant faire coller la juste expression à une réalité fuyante, sous
pression.
Quoique, à force de se regarder pédaler, de se saouler
d’informations, de couac en clash, la tentation est grande de se soustraire.
«Toutes les
vérités ne sont pas bonnes à dire ; tous les mensonges sont bons à
entendre. » Antoine de Rivarol
Les cris effraient et les accusations réciproques de ne pas
entendre, l'Europe d'un côté, Français en selfie de l'autre, met en évidence un enfermement de chacun dans sa tour où on
aime grimper au moindre bruit : bras d’honneur et insultes.
« Il
n’est pire sourd… »
Les manifestants scandent : « on lâche rien »
en exigeant que le gouvernement lâche plus.
Les débats s’éloignent du champ politique et économique pour jouer sur l'intimité des personnes et
juger des intentions en les traitant de pervers voire d’assassins.
La méprisante
Rousseau gémit de se sentir méprisée.
Mais persister dans ce registre, «du celui qui dit qui est», ce serait se complaire
dans la marmite déjà bien remplie des victimisés.
Je ne fais pas à Ruffin et Bardella le procès de
l’aveuglement, il s’agit d’une stratégie que je caractériserais de populiste,
bien que le terme ait disparu ou presque.Tout profiterait à l’extrême droite comme le disent certains
commentateurs se dispensant d’en analyser les causes. Ceux ci n’ont anticipé ni les
gilets jaunes ni la montée de la droite extrême observée dans le monde entier. Ils ne veulent pas voir que cette victoire annoncée comme fatale pointe son groin
quand par contraste les héritiers de Le Pen jouent le légalisme sans proposition aux côté d'une
concurrence éructante. Cravates le jour et nuits aux flambeaux.
La haine de l’autre
a commencé par la haine de soi quand par exemple, à la question Facebook : « qui
devrait disparaître de la surface de la planète ? » Certains qui se pensent humanistes ont
répondu : l’homme !
Ceux qui se dispensent de voter et jouissent devant les
caméras en mettant le feu à des palettes, de qui font-ils le jeu ? Ces
jeunes là, ne font que porter à l’incandescence le
mépris du bien commun, depuis les soupes éclaboussant Van Gogh jusqu’aux saccages de
mairies ou de permanences parlementaires.
Dans quelle société sommes- nous
quand les représentants du peuple doivent être sous protection policière ?
Dans la plupart des journaux médiapartisés que je m’obstine
à lire encore : face à dix sociologues pour qui la violence policière est
systémique, seul un entrefilet signalera
le nombre de membres des forces de l’ordre blessés.
Au moment où la poussière prend la place des flots dans le lit de la rivière, il est trop
tard : l’assèchement vient d’amont et d’avant, quand de surcroit le beau
temps de la pluie n’est pas venu. Des civilisations savaient-elles au moment où
elles s’écroulaient, qu’elles s’écroulaient ?
Pour ces poubelles mises en feu, on avait appris à trier
papiers et cartons. Et nos prêches civiques avaient pris du temps sur les
analyses grammaticales. Quand nous insistions sur les dangers du nazisme, nous
ne savions pas que déjà la parole de l’école n’était plus magistrale et que
même ça excitait quelque collectionneur de
croix. Alors que le récit des cocardes devant les moulins de Valmy, où se fit la nation, passaient
par-dessus bien des têtes, je veux croire encore qu’un parfum de la passion de
transmettre a pu effleurer quelques têtes qui savaient ce qu’étaient le
printemps et les promesses d’un bel avenir.
Au refrain : et maintenant plus
grand monde veut enseigner, prêcher, soigner, conduire, bâtir pour son
prochain.
N’y a-t-il plus que désert, épidémies, guerre, à déplorer chez les vieux pomponnés et les fragiles jeunes cocoonés?
« Lorsqu'on
commence à s'expliquer, c'est qu'on a fini de s'entendre. »
Berthe
Hamelin-Rousseau, une canadienne.
Je crois qu'il est peut-être salvateur de nous dire que nous voyons le monde à travers le prisme... des médias, et de ce qu'on veut bien nous montrer.
RépondreSupprimerPourquoi veut-on nous montrer ce qu'on nous montre, je me le demande ? Si ça fait vendre, pourquoi ça fait vendre ?
Quelques questions pour commencer une réflexion...