dimanche 15 janvier 2023

Cabaret de l'Exil. Bartabas.

J’ai vécu comme un privilège d’aller voir chez lui
au Fort d'Aubervilliers celui que je suis depuis si longtemps, plaisir redoublé, car je croyais qu’il allait dételer. 
Du haut de sa chaire, un truculent personnage nous accueille d’une telle façon que c’est bien dans une cathédrale que nous pénétrons, en bois avec au bord de la piste des tables éclairées de lampes tamisées. Nous sommes invités à utiliser notre intelligence naturelle donc à éteindre nos intelligences artificielles. 
Bartabas se devait, après tant de voyages divers, d’évoquer les « Irish travellers », nomades irlandais avec sa troupe nommée Zingaro (tzigane en italien).
« Une Irish idée » titre Libération dans un bel article.
Cavaliers et cavalières, nous prennent pendant une heure et demie dans les volutes harmonieuses de leurs vifs déplacements alternés avec des moments de paisible enchantement. 
« Tu lances ton visage à la pluie
Et chantes pour apprivoiser les gouttes
Là-bas sur la lande de bruyère pourpre
L’arc-en-ciel se prosterne devant toi…
Traveller, tes livres n’ont pas de pages
De Galway à Wicklow, de Cork à Donegal
Le son des routes est rempli de ta voix. » 
Des moutons magnifiques et des oies sont de la fête. Des prêtres hauts en couleur dont l’un est concurrencé par un bouc bien païen et hiératique Bartabas, participent à la célébration des splendides postures des chevaux. Leur liberté magnifiée est le résultat d’un dressage subtil d’autant plus contraignant en amont que le maître n’intervient que très discrètement pendant la représentation par des bruits de bouche que nous avons pu percevoir car le chef était près de nous.  
Costaud de foire, acrobate époustouflant, femme de petite taille sur un grand cheval et mari benêt montant un âne blanc, danseur de claquettes sortant d’un tonneau, nous enivrent, en une farandole de tableaux assaisonnés de musiques entrainantes de l’Eire. 
La scène finale se déroule autour d’un feu devenu un luxe pour les sédentaires dépaysés que nous sommes. La boucle est bouclée depuis qu’en début de spectacle nous avons appris que doit être brûlée la roulotte d’un défunt pour que son fantôme ne revienne pas.
Que reviennent des créatures nouvelles pour un troisième volet du « Cabaret de l’exil » commencé avec le Yiddishland. 

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