jeudi 5 janvier 2023

Van Gogh. Maurice Pialat.

Après une séance de 2h 30, Jean Serroy habituel conférencier devant les Amis du musée de Grenoble lorsqu’il est question des peintres au cinéma, 
nous précise que le réalisateur avait commencé une carrière de peintre et que son premier court métrage était consacré à Auvers-sur-Oise.
L'ancien Grenoblois Serge Toubiana avait organisé à la Cinémathèque une exposition : « Pialat peintre et cinéaste », une proximité d’artiste déjà vue entre Schnabel et Basquiat.
Le caractère de l’auteur du film « L’enfance nue » est assez proche de ce qu’il montre de Van Gogh : toujours au bord de la crise, destructif, tendu, comme si c’était nécessaire à sa façon de créer, fâché sur ce tournage avec son chef opérateur et son producteur Daniel Toscan du Plantier.
Venu dans la profession sur le tard, il a méprisé « La Nouvelle Vague ». Daniel Auteuil avait suggéré au réalisateur de « Nous ne vieillirons pas ensemble » le livre de BHL : « Les derniers jours de Charles Baudelaire » et avait accepté de jouer les derniers jours de … Van Gogh, mais il n’était plus disponible quand le projet s’est finalisé.
Dutronc qui a reçu un César pour le rôle titre semble étranger à son destin dans ses rapports avec le docteur Gachet ou sa fille qui tient une place centrale qu’aucune biographie n’a révélée.
Pialat s'intéresse à la période de 70 jours en 1890, précédant la mort à l’âge de 37 ans d’un des maîtres de la peinture. 
Cette version romancée (1991), loin des biopics, évite de montrer les corbeaux attendus, alors que « La Vie passionnée de Vincent van Gogh » (1954) de Minelli avec Kirt Douglas remontait à sa période de prédication dans le Borinage.
L’auteur à son avant dernier film -« Le Garçu » viendra après celui-ci - s’investit totalement dans son œuvre autour d’un scénario de 400 pages qu’il ne respecte pas d’ailleurs, pariant plutôt sur le tournage comme générateur d’émotions.
Sa main tenant une brosse apparaît sur la première image avant l’arrivée en train à Auvers ou plutôt une gare avant Auvers, pour marquer un décalage où se rejouerait «  L’arrivée en gare de la Ciotat » des frères Lumière. Un autre écart est suggéré dans la compréhension d’un retard se comptant en saison par Gachet et non en heures.Théo, marchand de tableaux, le frère aimé et incompris, va mourir 6 mois après le suicide de son ainé qui n’avait vendu qu’une seule toile de son vivant.
Les scènes citant « Le plaisir » d’Ophüls, « La partie de campagne » de Renoir, sont pétillantes et s’oublient la mort et l’autodestruction.
Dans un bordel dont Lautrec est un habitué, la chanson «  La butte rouge » est anachronique, mais bien jolie Elsa
Zylberstein en robe rouge.
« Des touches, des touches, des touches », lui reproche un peintre voisin, pour lequel, à son avis, manquent glacis et aération. 
Les critiques y ont vu un parallèle avec le film lui-même qui n’entre pas dans l’imagerie du peintre maudit mais décrit un homme au travail, cent toiles en trois mois, dans son quotidien, sans pathos, sans flonflons. « Ils ne font rien », s’étonne la fille de l’aubergiste parlant des docteurs alors qu’il agonise, elle rejoint une réponse liminaire : « Rien. » quand on lui demande ce qu’il vient faire ici.

2 commentaires:

  1. Tu es bien calé en cinéma, je vois, depuis le temps que tu vas à Cannes. Je suis impressionnée par toutes les citations que tu vois. Van Gogh et Baudelaire, même combat ? Peut-être. Pour le travail... c'est sûr qu'il est sa propre récompense avant toute autre chose.

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  2. Toutes ces références sont celles du conférencier, les défaillances de ma mémoire ne me permettent pas de faire tous ces liens qui parfois même me semblent abusifs. Ce n'est pas parce qu'on filme l'arrivée d'un train que les frères Lumière doivent être forcément convoqués. Je ne sais s'il y a un lien entre Baudelaire et Van Gogh mais ce sont les détours qui amènent à une œuvre qui m'ont semblé intéressants.

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