Quand on dit « Mon camarade », c’est souvent avec
une nuance badine, et si je prononce le mot « compagnon », je me
pousse un peu du col, bien que je prenne le plus souvent possible des nouvelles
de celui qui a bordé de livres mon parcours, donc « compagnon de
route ».
L’écrivain a perdu ses illusions mais se garde de décourager
ses lecteurs, ses mots me confortent et je n’ai pas mieux pour situer son
dernier livre, que de recopier la quatrième de couverture venant après 120
pages vibrantes d’un bel « esprit », mot un peu désuet lui convenant
mieux que le terme « humour » trop galvaudé.
« Se sentir
chaque jour un peu moins de son temps, un peu plus anachronique, n’a pas que
des inconvénients. Une personne déplacée peut revoir en souriant tout ce
qu’elle avait cru devoir prendre au sérieux, et qui l’était si peu en fin de
compte : déchirements intellectuels, bisbilles politiques, plans sur la comète,
bref, tout ce qui se fane inexorablement avec les ans. Pas de quoi se griffer
le visage tant il y a de bonheur, en contrepoint, à voir resurgir, en bout de
course, plus vivaces, plus entraînants que jamais, les héros de roman dont il
nous est arrivé d’usurper l’identité dans notre for intérieur, parce qu’en nous
prêtant leur vie, le temps d’un éclair, ils nous ont rendu la nôtre presque
digne d’avoir été vécue. »
Nous sommes au monde, quand le dernier républicain parle de
la France :
« On se
l’imaginait à l’ancienne, en République laïque, sans bon Dieu par-dessus, avec
ses deux pivots dans chaque bourgade, l’Ecole et la mairie. Et non la
Démocratie modèle anglo-saxon, avec ses deux piliers la church et le drugstore,
plus god en accolade. »
Nous ne quittons pas le fleuve de l’histoire :
« De quoi se
mêle-t-on à Paris en 1848 ? D’un 1789 en mieux. En 1871 ? D’un 1848
plus réussi. En 1968, des grèves de 1936. »
Mais dans ces grands espaces où pétaradent les paradoxes,
nous subsistons:
« D’autant qu’avec
« l’effet jogging », l’auto fait ressortir le vélo, pousser des
minarets entre deux sex-shops et des ruches d’apiculture au bas des usines
désaffectées. La tour appelle la fermette et l’avion gros porteur, la
trottinette. Le pollué veut de la verdure, l’asphyxié de l’air pur, et l’obèse
du bio à table. La post modernité a de ces espiègleries. »
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