vendredi 20 mai 2022

Qui veut réécrire l’histoire ? Le «1».

Je fais assez confiance aux publications que dirige Eric Fottorino
pour penser que ce hors série de 90 pages irait au-delà de la dénonciation facile des manipulations de Zemmour : 
«  Les juifs étaient vus par l’Action Française comme trop facilement  intégrables dans le contexte d’une République « enjuivée » […]
Chez Zemmour, les musulmans sont vus comme non assimilables. » 
Quant aux références du polémiste au-delà d’un clip déjà oublié : 
«  Michelet avait une vision progressiste de l’histoire. Il pensait que la France était le pays de l’universel parce que sa personnalité, son intelligence collective marquée par la dialectique, la lutte des contraires, faisaient qu’elle était toujours en mouvement. »  
Les historiens s’exprimant dans ce numéro ont quelques divergences, que je trouve également justes : 
«  L’historien lutte contre l’arrogance du présent »
« … libérons-nous de l’illusion selon laquelle on pourrait puiser dans les exemples de l’histoire, plutôt que dans les urgences du présent, la matière de nos choix politiques. »
Pour être sur le déclin, les thèses déclinistes me touchent parfois, sans m’amener toutefois au messianisme. Un des rédacteurs relie ces deux pathologies constitutives de trumpisme, le « bullshiteur », stade avancé du menteur au « flatus vocis » (flatulence vocale)  de Cicéron». Pour avoir abusé de la photocopieuse en tant qu’instit’, piochant dans divers livres d’histoire  davantage pourvoyeurs de questions que d’informations, je souscris aux propos de Patrick Boucheron : 
« L’Histoire est un art de l’émancipation. 
La réduire aux manuels et aux programmes est un piège ».
Pourtant certains de ses confrères tout en dénonçant leur lourdeur auxquels ils reprochent de ne pas assez parler de la guerre d’Algérie ou des mutins de 1917, en appellent à sortir d’une vision trop hexagonale, de quoi ajouter quelques pages ou plutôt quelques sites à consulter.
J’ai appris de Pierre Nora, décrivant le passage de la sacralisation de la résistance au désenchantement, à propos de Guy Môquet que : 
« Lors de son arrestation, il portait des tracts expliquant que De Gaulle était le « fruit de la City judaïsante de Londres ».
Je garderai le souvenir de sa dernière lettre. 
« Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. » 

1 commentaire:

  1. J'ai arrêté d'écouter, de regarder ou de lire les informations avant l'arrivée de Trump au pouvoir. Mais j'avais déjà remarqué, comme je ne me lasse pas de le dire ici et ailleurs, que nous n'entendions qu'un seul son de cloche sur Trump en France, et jamais rien d'autre.
    A l'époque j'ai trouvé ça louche, et je continue de le trouver louche. C'était l'indication, à mes yeux, que nos médias ne servaient plus le peuple. Nos médias étaient déjà devenues ce qu'elles restent : des titilleurs, des torchons à scandale, à sensations, dans l'ensemble, en proie à une culture de la facilité pour des esprits qui ne veulent pas se fatiguer.
    Même les médias qui se targuaient, et continuent de se targuer de leur objectivité sont des acteurs dans un cadre, un contexte de recherche de sensations et d'émotions faciles sans nuance. On pourrait appeler ça l'hystérisation ? de l'espace publique. Echauffement des esprits, en tout cas. On n'a pas besoin des gros/grands mots pour savoir ce qui se passe.
    Je suis contente d'apprendre que quand tu étais instituteur, tu recourais à de multiples sources et ne te contentais pas des manuels. Je crois de toute façon que la vérité, si tant est qu'on peut la voir par ci et par là à travers les nuages, ne se trouvera jamais dans un seul livre, et certainement pas dans un manuel d'instruction publique. Cela... est trop évident à mes yeux.
    Sur Pierre Nora, je dirais ce qui me semble une évidence : quand on est en train de vivre les événements, il est beaucoup plus difficile d'identifier... le camp du bien. Dans l'après-coup, cela devient limpide... mais peut-on jamais être certain que la vision de l'après coup est juste, et jusqu'à quel point ? Et.. jusqu'à quand ?...
    C'est impressionnant à quel point nous nous sommes gargarisés de l'idée que nos vies devaient être exemptes d'incertitudes et de doutes.

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