mardi 3 mai 2022

Mademoiselle Baudelaire. Yslaire.

La muse de l’auteur des Fleurs du mal apparaît au premier plan tout en nous rappelant le génial poète : la proposition est originale. 
Même son nom, Jeanne Duval, est incertain, c’est que le couple entre deux séparations devait échapper aux huissiers, alors peu importe l’exactitude.
Le propos et les images évoquent un dix-neuvième sombre et créatif, violent et sensuel, maladif et assoiffé, plein de souffle. 
Comme fil conducteur, une lettre imaginaire de l’amante à Madame Aupick, la mère, qui avait brulé toutes ses lettres, pose bien les enjeux de la production poétique qui tutoie l’absolu et se confronte à des conditions de vie misérables, la beauté et la fange, la passion et l’abandon… 
« J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève !
Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts ». 
Deux cents ans après la naissance du dandy maudit, ces 150 pages donnent envie de revenir à quelques mots d’alors: 
« Je te donne ces vers afin que, si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et, navire poussé par un grand aquilon,
Fait travailler un soir les cervelles humaines,
Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines »

1 commentaire:

  1. J'aime bien Baudelaire, même si je ne le lis pas souvent. Là, le graphisme me semble acceptable pour une fois... c'est rare, à mes yeux.

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