La muse de l’auteur des Fleurs du mal apparaît au premier
plan tout en nous rappelant le génial poète : la proposition est
originale.
Même son nom, Jeanne Duval, est incertain, c’est que le couple entre
deux séparations devait échapper aux huissiers, alors peu importe l’exactitude.
Le propos et les images évoquent un dix-neuvième sombre et
créatif, violent et sensuel, maladif et assoiffé, plein de souffle.
Comme fil
conducteur, une lettre imaginaire de l’amante à Madame Aupick, la mère, qui
avait brulé toutes ses lettres, pose bien les enjeux de la production poétique
qui tutoie l’absolu et se confronte à des
conditions de vie misérables, la beauté et la fange, la passion et l’abandon…
« J’irai là-bas
où l’arbre et l’homme, pleins de sève,
Se pâment longuement
sous l’ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez
la houle qui m’enlève !
Tu contiens, mer
d’ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs,
de flammes et de mâts ».
Deux cents ans après la naissance du dandy maudit, ces 150
pages donnent envie de revenir à quelques mots d’alors:
« Je te donne ces
vers afin que, si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et, navire poussé par un grand aquilon,
Fait travailler un soir les cervelles humaines,
Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines »
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et, navire poussé par un grand aquilon,
Fait travailler un soir les cervelles humaines,
Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines »
J'aime bien Baudelaire, même si je ne le lis pas souvent. Là, le graphisme me semble acceptable pour une fois... c'est rare, à mes yeux.
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