vendredi 27 mai 2022

Moderne.

« Le journal est la prière du matin de l’homme moderne » Hegel
Cette citation situe un peu plus l’obsolescence du « jeune homme moderne»  auquel s’adressait le défunt magazine « Actuel », mais je persiste.
Si j’ai changé de chapelle entre « Libé » et « Le Monde », je trouve un plaisir suranné à user encore de ma boîte aux lettres pour recevoir la version papier d’un quotidien que mon petit colibri trouvera bien préjudiciable aux arbres. Un porteur assure le service que la vénérable Poste ne rendait plus avec ponctualité.
Difficile d’épuiser le volumineux contenu des articles contrastant avec ce qui en apparaît sur les réseaux sociaux : titres attirant le cliqueur suivis de commentaires par des trolls se contentant d’une phrase pour afficher leur haine, masqués par leur pseudos.
Julie Zeh parle d’Internet comme d’un caniveau :  
« Cette lie de post démocrates mal lunés qui sont en train de brillamment sacrifier le plus grand acquis de l’histoire de l’humanité à leur complexe d’infériorité personnelle. »
Le temps nous est compté, le flot des phrases qui claquent éloigne de la nuance, de la complexité. Le grand remplacement, nous l’avons dans la poche : notre mémoire épaulée dans un premier temps par un appel à Google, s’ensommeille. Un voyage avec Jules Verne était virtuel, enchanteur, les métavers vont nous prendre la tête.
« Le Monde » fut jadis un label faisant autorité, désormais c’est « Médiapart » qui donne le ton en mettant en lumière uniquement le côté sombre de la société, grossissant les petites bêtes assidument recherchée. Leur démarche réussie d’une présence d’un journalisme militant par Internet participe d’un état d’esprit tellement français champion de l’auto dénigrement.Ce conformisme des anticonformistes rejoint les soumissions des Insoumis.
Pour des informations économiques, je dois avoir recours à des post-it pour ne pas oublier ce qui n’apparaît guère :  
« Les dépenses publiques représentaient 61% du PIB en 2020,
et les prélèvements obligatoires 45,5 % de ce PIB ». 
En ce qui concerne d’autres considérations, je m’en réfère à ce récit d’une amie qui connaît bien le milieu magrébin et déplore qu’une jeune femme qui avait fui l’Algérie au moment de la guerre civile en soit venue à se conformer à l’observance religieuse la plus stricte sous la pression de mamans à la porte des écoles de la capitale du Dauphiné. Elle a trouvé là des certitudes qui ne sont pas celles de notre société devenue si peu fière d’elle même et a abandonné aux plus ridiculement radicaux, l’amour de leur pays et le respect d‘eux-mêmes.
Le couscous n’abroge pourtant  pas le gratin des Allobroges.
Quand il me prend des pulsions positives, j’aurais préféré dans « Le Monde » : « La France a du mal avec ses populations issues de l’immigration » sous-titre  d’un entretien avec Sami Bouajila, la phrase qui suivait : « Notre identité est métissée. Mettre des mots est le début de la guérison… » 
L'excellente grande feuille le «1» trouve dans les plis du réel, des analyses originales: elles pointent les hésitations de la Chine, les ressentiments de l'Afrique, quand il n'est pas nécessaire d'« être allié pour gérer des séquences de la mondialisation».
Que pensent les décoloniaux du colonialisme russe? 
Je ne m'empêcherai pas de lever les yeux au ciel quand les populistes égrènent leurs billevesées sans vergogne puisque viennent à eux les avides de soupe...populaire.   
Rien n’est plus caduque que la mode, et il n’y a plus d’encre. 
« Le canon a tué la féodalité ; l'encre tuera la société moderne. » Napoléon.

1 commentaire:

  1. Je te rappelle que tu fais un blog quotidien sur Internet, Guy. Je te lis tous les jours, sauf quand je suis en vacances. Et sur Internet, j'ai su me trouver des lieux où je fais confiance, non pas à l'information, parce que je ne veux pas être in-formée, mais à des sites où je peux m'instruire, et réfléchir sur des sujets qui me tiennent à coeur.
    Pour le reste, j'ai renoncé à la prétention de savoir ce qui se passe partout dans le monde, par exemple. Cette prétention du journalisme moderne ne me convient pas. Elle conduit à un saupoudrage qui, tout en faisant l'impasse sur les énormes différences qui nous séparent dans le monde, nous pousse à imaginer que tout le monde est notre frère, et de préférence, les personnes qui sont loin (ambition bien chrétienne, voir la suite).
    Pour la religion, sujet qui me passionne, avec le temps j'ai développé un ressentiment pas du tout chrétien devant le sempiternel anticléricalisme qui est la pierre fondatrice de la République française. Cette attitude représente une conversion de ma part. Pas au Catholicisme, pas vraiment, encore que j'ai un immense respect pour l'institution de la grande romaine que je connais, tout en la connaissant très mal, bien mieux que beaucoup de baptisés de nos générations en France.
    Je pourrais aimer la République française... si elle ne continuait pas à me sommer de haïr l'Eglise pour la.. mériter.
    Fin de polémique (sans insultes...) pour aujourd'hui.

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