vendredi 21 mai 2021

Territoires.

Au cours de ces derniers mois, nous nous sommes tenus à proximité de chez nous et avons arpenté notre « territoire » mot devenu inévitable dans les débats autour des empilements administratifs, élément de rhétorique prétendant s’ancrer dans une glèbe laissée aux ronces. 
D’autres « territoires » sont venus se rappeler à nos mémoires autour de Jérusalem trois fois sainte, où les haines se déchainent. Les mâles de là bas, front contre front, échappent à l’écriture inclusive. 
Comme en photographie, je m’en tiens aux gros plans maintenant que les drones envisagent joliment les paysages de si haut et ne m’attarde pas en des lieux que je ne connais pas. 
Je ne connais pas plus le latin et le grec, mais  leur remise en cause par un prof de Princeton m’interpelle, car ces langues seraient à ses yeux, une « fabrique du suprématisme blanc » rejoignant avec un degré de noire bêtise de plus, les attaques contre ces enseignements de l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem. 
Sans illusion sur les bienfaits de « rosa rosam » auprès de tous, les impossibilités de travailler pour les ultimes Mohicans enrichis par ces options interroge chez moi la dernière notion  colorant ma nostalgie de la gauche : l’égalité. Déjà que la notion de liberté s’est réduite à un «  je fais ce que je veux », un nivellement par le bas serait-il le but de ceux qui ne savent voir du même œil, un charpentier et un chercheur du CNRS ? Khâgne et hypokhâgne ne seraient pour les maîtres à penser correctement que la seule antichambre ouvrant vers un pays de Cocagne avec teuf tous les soirs ?
Et dire que maintenant c’est de courage dont il faut faire preuve pour souhaiter l’excellence au bout d’un parcours où apparaitraient clairement les étapes sélectives à franchir, en se dispensant de promettre la lune à tous. Mais il est vrai comme dit Nassim Nicholas Taleb: « étudier le courage dans les manuels ne rend pas plus courageux que manger du bœuf ne transforme en bovin. » J'aurai même préféré « taureau» à la place de « bovin».
Les dénonciateurs de l’empire du fric indexent trop souvent la valeur d’un métier à sa valeur marchande. Par ailleurs pour me complaire dans les métaphores de ceux qui ont popularisé la notion de « Bullshit jobs », je considère mieux l’aide soignante auprès de pépé et ses couches que le brasseur d’or in the City.
Au moment de s’orienter, les sortis du bac choisissent option « décoration de façade » ou « plantation de tubercules »,  pourquoi d’autres ne préféreraient pas entretenir les racines de notre langue et rendre service à tous, en éloignant les malentendus ? Aucune dignité ne serait amputée, avec de surcroit des découvertes dans l’ADN de nos mots encore à divulguer. 
« Ma patrie, c'est la langue française » Albert Camus.
De bonnes âmes s’alarment de voir le Ramassis National au plus haut alors que sa cheffe ne dit mot, mais qui donc la ferait monter ?
L’individu se risquant à critiquer les excès de l’extrême gauche des amphis est vite catalogué à l’extrême droite et expulsé de ce côté. Il rejoint les étiquetés racistes parce qu'ils défendent le droit au blasphème quand des réserves sur l’écriture inclusive en amènent  d’autres aux abords d’Auschwitz : ça fait du monde à repousser depuis les réseaux sociaux et sur les murs de Sciences Polpot. Les dénonciateurs bruns du temps de Vichy ont fait des émules rouges : des affichettes style « Wanted » avaient été apposées au centre ville avec la tête de députés ayant voté contre les convictions des colleurs.
Ce climat de chasse à l’homme est partagé dans les deux camps d’une façon pour le moment plus métaphorique qu’au Moyen Orient, mais également virils. Les peintures aux entrées de Grenoble concernant le président de la République restent en vue plus volontiers que les tags insultant un autre candidat local aspirant à de plus hautes fonctions.
Nous avons laissé partir au fil de l’eau : nation, sécurité et laïcité.   
La Marine naufrageuse est venue piller les bateaux échoués.  
« Le sable de la mer, les gouttes de la pluie, les jours de l'éternité, qui peut les dénombrer ?La hauteur du ciel, l'étendue de la terre, la profondeur de l'abîme, qui peut les explorer ?Mais avant toute chose fut créée la Sagesse... »  La bible.

1 commentaire:

  1. C'est vrai que je ne cesse de me répéter mais...
    J'ai dans mes affaires un livre des années 1990, écrit par un journaliste américain pour Newsweek en poste à Paris, qui s'appelle "Une Amérique qui fait peur". Ce livre fut écrit en français d'abord, en guise d'avertissement contre les transformations profondes que subissait l'idéologie de gauche aux U.S., transformations qui se manifestent maintenant en colonisant notre sol.
    De même que j'ai vu arriver en France les voitures tanks obèses, équipées d'air conditionné, produits de l'exportation américaine, j'ai vu arriver ce dernier ersatz de l'idéologie de gauche sur notre sol. Ni les voitures, ni l'air conditionné, ni l'idéologie ne m'enchante, ça va de soi.
    Il me semble important de faire remarquer que derrière les attaques contre l'Européen blanc mâle se cache la poursuite de la guerre d'indépendance... des Etats-Unis pour se dégager de ses liens historiques, et idéologiques avec la vieille Europe. Pour se faire une virginité ? Pour se rendre... nouveau, tout nouveau, sans dette envers le passé ?
    Or, si ça a un certain sens ? que le pays américain poursuive sa fichue guerre d'indépendance de la vieille Europe avec les moyens du bord (qu'il s'implose comme il peut, parti sur ce trajectoire), je répète que ça n'a AUCUN SENS qu'en Europe, "on" fasse les bons élèves à copier en s'autodétruisant avec un pays qui veut tirer CONTRE nous, en Europe.

    Et nous qui poussons si allègrement Monsieur et Madame Tout le Monde à divorcer, nous ne pouvons même pas imaginer UN BON PETIT DIVORCE pour nous séparer à l'amiable (hé hé) de NOTRE colonie américaine ? (Et oui... je nous soupçonne de considérer en cachette que les U.S. est notre première et dernière grande colonie...)
    Nous avons fait un bon et beau chemin... ensemble, mais nous ne sommes PLUS ce que nous étions (et eux, surtout, ne sont plus ce qu'ils étaient, dans le bon vieux temps).
    J'ai déjà dû raconter ici cette vieille histoire familiale où, après avoir passé 4 ans à rendre visite aux bêtes dans le premier zoo moderne du monde, à San Diego, j'ai accompagné mes parents à Philadelphie, sur la côté est, où ils m'ont amené voir un vieux zoo urbain de type vieille Europe. Je leur ai dit que ce n'était pas un zoo.
    Après tout, ça RESTE une possibilité dont nous pouvons nous saisir, quand "on" essaie de nous dire que maintenant le mot "science" (par exemple) VEUT DIRE ça, (selon les aléas du moment), nous pouvons rétorquer que... ÇA n'est PAS "la science".
    Ce serait comme une forme de courage intellectuel, de refuser d'accepter les NOUVELLES définitions des anciens mots qu'"on" nous fourgue comme étant.. LA NOUVELLE VERITE.
    Il y a un symptôme de la modernité que je trouve très inquiétant : c'est cette tendance à penser que les mots ne sont QUE du vent, et qu'ils ne changent jamais de sens. Les personnes qui pensent ça sont... très naïves, de mon point de vue. Ce n'est pas parce qu'il ne coule pas de beau sang rouge dans ces combats qu'ils ne sont pas capitales à mener. Pour le salut de notre âme.
    Pour les mâles... c'est un sujet sensible pour moi. Maintenant, j'estime que tout ce qui contribue à avilir mon prochain homme NE PEUT PAS ÊTRE BON POUR MOI, en tant que femme. Cela me semble aller de soi. Ce qui avilit l'homme avilit la femme. Ailleurs, et autrement, mais nous avançons, et avancerons toujours main dans la main.

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