lundi 23 mars 2020

Choper la crève.

En ce moment, les chinois nous importent d’autant plus qu’ils exportent des masques.
La mondialisation, dont nous voudrions nous éloigner, nous renseigne sur leur faculté à surmonter une crise majeure qui nous oblige à leur égard, nous rapproche.
Dans la recension des paradoxes, il n’est pas hors sujet de se souvenir que l’universalisme masque du colonialisme a permis la fin de l’esclavage. Hồ Chí Minh, avait fait ses études en France. L’internationalisation avait permis à l’échelle mondiale de diminuer la pauvreté, et va ruiner nos économies.
Global et local sont au bal et échangent des baisers humides.
Bien des valeurs se rééchelonnent et se renverse l’idée des privilèges territoriaux : il fait meilleur à la campagne qu’à la ville.
Il y a peu, le gouvernement se réjouissait de la reprise du trafic des trains et du métro, ces jours il s’applique à mettre en place leur raréfaction.
Les éternels rêveurs de grève générale, « tous ensemble », se retrouvent avec un pays à l’arrêt, chacun chez soi. Les mots se manipulent aussi avec des pincettes, si « rêve général » pouvait encore se jouer sur les plateaux de théâtre, de substituer un « C » au « G » de grève je ne l’ose,  surtout accolé à général, tant nous sommes près de la mort et peu prêt.
Virus sans frontière : c’était affaire de Wuhan, maintenant de Mulhouse. Il fait si beau, les gosses jouent au ping-pong, le printemps est insolent (bis).
Mes bibelots, dont je viens de « faire la poussière » seront à qui les veut parmi mes héritiers. Pour avoir essayé dans mes recherches pédagogiques à poursuivre la notion de non-directivité : mon dernier acte estampillé « libertaire » évitera de charger tel masque baoulé d’une poussière paternelle et me dispensera de tout testament dont l’éventualité vient de me revenir à l’esprit. Pourtant parmi les conseils fournis au temps du confinement, rien n’a été dit à ce sujet entre un gag vidéo et une prophétie à postériori, c’est que la méditation pendant le ménage permet de mettre de l’ordre dans ses affaires.
Les français, dont je suis un spécimen dans le genre intermittent des leçons à donner, tiennent à leur étiquette de rétifs aux ordres, mais en demandent par ailleurs, des ordres. Ils chérissent la liberté mais appellent des directives.
Ils aiment débattre, réclament des décisions rapides et lorsqu’elles adviennent regimbent.
Il faut croire qu’ils aiment les chefs pour pouvoir leur couper le chef.
Nos machines nous consolent dans le même temps qu’elles nous ont tant isolés.
A présent, elles maintiennent ou favorisent le lien social. Vecteur de la tragédie que nous vivons, elles supportent nos romans, nos passions, nos inventions, et au royaume des fake-news, ces tablettes magiques que nous effleurons peuvent être au fond outil de vérité.
......
 Le dessin est de Pierre Kroll dans "Le Soir" de Bruxelles, mais je n'ai pu charger une version plus complète.

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