dimanche 24 juin 2018

Le porteur d’histoires. Alexis Michalik

Le titre de « Meilleur auteur et meilleure mise en scène aux Molières 2014 » laisse soupçonner le niveau des autres concurrents. Comme chez les artisans qui contestaient l’amoindrissement des exigences pour l’obtention des diplômes de Meilleur Ouvrier de France, si un tel spectacle, loin d’être indigne, obtient de telles récompenses, c’est que le niveau n’est pas très haut.
Je n’en profite pas pour parler du brevet ou du bac.
Il est question des glissements de la fiction vers la réalité, ce qui n’est pas vraiment nouveau surtout quand le meneur de jeu vous l’explique d’une façon un peu insistante, ainsi qu'il rappelait d’emblée que l’on enseignait aux petits algériens leurs ancêtres les gaulois ; leur dit-on aujourd’hui qu’ils étaient arabes ou pas ?
Eugène (Delacroix) est dans le paysage et Alexandre Dumas au centre de l’inventivité feuilletonesque, Marie Antoinette fait une apparition.
Nous passons d’un hôtel au bord du désert à un cimetière dans les Ardennes avec dans le décor des livres figurant toujours comme des trésors.
L’imbrication des histoires est plutôt judicieuse mais il eut mieux valu s’inspirer de la finesse et de la profondeur des pages évoquées plutôt que de les enterrer même métaphoriquement.
Le spectacle aurait pu convenir dans le festival des arts du récit où parfois un seul conteur peut nous embarquer plus efficacement vers les légendes qu’une ribambelle d’acteurs attirant l’attention sur leur capacité à enchaîner différents rôles, au détriment du récit.   

1 commentaire:

  1. Très bonne critique, Guy.
    Très constructive.
    En tant que personne pratiquant le théâtre en amateur, et soucieuse de me former, j'ai déjà constaté une grande tendance lourde à offrir aux acteurs des rôles qui sont... des performances (se souvenir que le mot "performance" en anglais veut simplement dire "représentation/spectacle", et rien de plus, pas d'exploit, pas d'héroïsme théâtral).
    Il me semble que des fois ce qui fait performance d'acteur peut emmerder le public. Un monde où tout le monde, y compris les artistes, est dopé aux corticoïdes n'est pas très... reposant, mettons, et n'invite pas à la réflexion.
    Tout le monde doit être musclé...
    Bon, contente de l'avoir loupé.

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