mardi 26 juin 2018

Rimbaud l’indésirable. Xavier Coste.

Il fut un temps, lointain, où les relations homosexuelles de Rimbaud et Verlaine étaient tues et la fin de vie de l’auteur d’ « Une saison en enfer » vite évacuée par nos profs.
Avec ces 120 pages, le conformisme est parti excessivement à l’opposé et le génie poétique disparaît derrière le sale gosse, pourtant :   

« Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots ! »

Tout est dit. Rien que quelques lignes où chaque mot est un cadeau ou la scansion vous soulève, valent bien plus que des vignettes de beuveries, de grossièretés, de fausses audaces et d’une déclinaison figée des mines inexpressives de l’icône romantique qu’il n’était surtout pas, dupliquée à souhait.
Les anecdotes biographiques scient les barreaux qui pourraient nous élever au dessus de la tourbe. J’ai trop vanté la BD comme moyen adapté pour traduire bien des aspects de la connaissance, mais pour ce qui est de la poésie, sur ce coup, il vaut mieux s’en tenir aux textes originaux.
Pourquoi ne pas confier à des dessinateurs des illustrations de poèmes comme en composent les écoliers dans leurs cahiers de récitations, plutôt que quelques cartes postales anonymes où Charleville est en gris et Aden en jaune ?

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